Page:Zola - Fécondité.djvu/180

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Le lendemain, lorsque Mathieu s’occupa de remplir la mission délicate dont il s’était chargé, il se souvint des deux sages-femmes dont il avait entendu prononcer les noms, au déjeuner des Séguin par Céleste, la femme de chambre. Il écarta d’abord Mme Bouche dont cette fille avait si singulièrement parlé, disant qu’avec elle « ça ne traînait pas », et qu’elle y mettait une « vraie complaisance ». Mais il voulut se renseigner sur Mme Bourdieu, la sage-femme qui occupant toute une petite maison de la rue de Miromesnil, y prenait des pensionnaires. Et il crut se rappeler que cette dernière avait autrefois, lorsqu’elle débutait, accouché Mme Morange de sa fille Reine, ce qui lui donna l’idée de questionner Morange, avant tout.

Celui-ci, au travail déjà, dans son bureau, parut se troubler, dès la première question.

— « Oui, c’est une amie qui avait indiqué Mme Bourdieu à ma femme… Mais pourquoi me demandez-vous cela ? »

Et il le regardait, angoissé, comme si ce nom de Mme Bourdieu tombait en coup de foudre dans ses préoccupations, ainsi qu’une brusque surprise de flagrant délit. Cela peut-être venait-il même de préciser en lui quelque hantise obscure, tout ce qu’il roulait de douloureux, sans pouvoir encore prendre un parti. Et il en resta un instant un peu pâle, les lèvres tremblantes.