Page:Zola - Fécondité.djvu/257

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Le lendemain, après une matinée de gros travail, à son bureau de l’usine, Mathieu, dont la besogne courante se trouvait fort avancée, eut l’idée d’aller voir ce qu’il advenait de Norine, chez Mme Bourdieu. Il la savait accouchée depuis quinze jours déjà et il désirait constater par lui-même comment se portaient là mère et l’enfant, pour remplir jusqu’au bout la mission dont l’avait chargé Beauchêne. D’ailleurs, celui-ci ne lui ayant plus ouvert la bouche de ces choses, il le prévint seulement qu’il s’absenterait l’après-midi, sans lui dire le motif de cette absence. Mais il n’ignorait pas quel secret soulagement le patron éprouverait, lorsqu’il saurait enfin l’aventure terminée, l’enfant disparu, la mère aux bras d’un autre amant.

Rue de Miromesnil, chez la sage-femme, il dut monter à la chambre de Norine, car elle était couchée encore, à peu près remise, devant quitter la maison le jeudi suivant. Et il eut la surprise d’apercevoir, au pied du lit, endormi dans son berceau, l’enfant, dont il croyait qu’elle s’était débarrassée déjà.

« Enfin, c’est vous ! cria joyeusement l’accouchée. J’allais vous écrire, pour vous voir au moins, avant de m’en aller. Et ma petite sœur vous aurait porté ma lettre. »

Cécile était là, en effet, avec l’autre sœur, la plus jeune, Irma. La mère Moineaud, ne pouvant lâcher son ménage,