Page:Zola - Fécondité.djvu/382

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Deux ans se passèrent. Et, pendant ces deux années, Mathieu et Marianne eurent un enfant encore, une fille. Et, cette fois, en même temps que s’augmentait la famille, le domaine de Chantebled s’accrut aussi, sur le plateau, de trente nouveaux hectares de bois, jusqu’aux champs de Mareuil, tandis que, sur les pentes, trente autres hectares de landes le prolongea, jusqu’au village de Monval, le long du chemin de fer. Mais, surtout, l’ancien rendez-vous de chasse, le pavillon délabré ne suffisant plus, il fallut bâtir, installer toute une ferme, des bâtiments, des granges et des hangars, des écuries et des étables, pour les récoltes, pour les serviteurs et les bêtes, dont le nombre se multipliait à chaque agrandissement comme dans une arche prospère. C’était la conquête invincible de la vie, la fécondité s’élargissant au soleil, le travail créant toujours, sans relâche, au travers des obstacles et de la douleur, compensant les pertes, mettant à chaque heure dans les veines du monde plus d’énergie, plus de santé et plus de joie.

Mathieu, trop souvent à son gré, venait à Paris pour des affaires en continuelles relations avec Séguin, appelé par des ventes, par des achats, par des commandes de toutes sortes. Un matin brûlant des premiers jours d’août, comme il était venu voir un nouveau modèle de moissonneuse, à l’usine, il n’y trouva ni Constance, ni Maurice, partis de la veille avec Beauchêne, qui, après les avoir