Page:Zola - Fécondité.djvu/492

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La vie, lentement, reprit à l’usine, dans le grand deuil. Sous le coup terrible qui l’écrasait, Beauchêne ne sortit plus, resta les premières semaines au foyer, comme anéanti sans désir. Il paraissait corrigé, ne mentant plus, ne prétextant plus de continuels voyages d’affaires pour assouvir au-dehors les brusques fringales de femmes dont l’âge exaspérait chez lui le besoin. Et il s’était remis au travail, il s’occupait de sa maison, descendait de nouveau chaque matin dans les ateliers, aidé de Blaise, un lieutenant dévoué, actif, sur lequel il se déchargeait chaque jour davantage des besognes trop lourdes. Mais, surtout, ce qui frappait les intimes, c’était le rapprochement du ménage, Constance aux petits soins pour son mari, Beauchêne ne quittant plus sa femme, tous les deux très d’accord, vivant à l’écart dans leur hôtel fermé, comme drapé de noir, où n’étaient reçus que les parents.

Chez Constance, au lendemain de l’horrible douleur, de cette perte soudaine de Maurice qui la laissait amputée et saignante, il y avait eu la sensation affreuse d’une