Page:Zola - Fécondité.djvu/626

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Un dimanche matin, Norine et Cécile, qui, malgré le jour férié, travaillaient aux deux côtés de leur petite table commune, dans le coup de feu des cartonnages pour les étrennes prochaines, reçurent une visite, dont elles restèrent toutes pâles de stupeur et d’épouvante.

Jusque-là, leur vie ignorée, cachée, avait coulé paisible, sans autre combat que les deux bouts de la semaine à joindre et que l’argent du terme à mettre de côté, tous les trois mois. Depuis huit ans qu’elles habitaient ensemble, rue de la Fédération, près du Champ-de-Mars, la grande chambre aux fenêtres gaies, dont la propreté coquette les rendait fières, l’enfant de Norine avait gaillardement poussé, entre ses deux mères, également passionnées et tendres ; car il finissait par les confondre, il y avait maman Norine, et il y avait maman Cécile, sans qu’il sût au juste si l’une des deux était sa maman plus que l’autre. Elles ne travaillaient plus, elles ne vivaient plus que pour lui, l’une belle encore à quarante