Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/148

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Laissez-moi me rappeler aussi le monde qui nous entourait, ces professeurs, braves gens qui auraient pu être meilleurs, s’ils avaient eu plus de jeunesse & plus d’amour, ces camarades, les méchants & les bons, qui étaient sans pitié, sans âme, comme tous les enfants. Je dois être une créature étrange, bonne seulement à aimer & à pleurer, car je me suis attendri, j’ai souffert dès mes premiers pas. Mes années de collège ont été des années de larmes. J’avais en moi les fiertés des natures aimantes. On ne m’aimait point, car on m’ignorait, & je refusais de me faire connaître. Aujourd’hui, je n’ai plus de haine, je vois clairement que je suis né pour me déchirer moi-même. J’ai pardonné à mes anciens camarades qui m’ont froissé, blessé dans mon orgueil & dans ma tendresse ; les premiers, ils m’ont donné les rudes leçons du monde, & je les remercie presque de leur dureté. Il y avait parmi eux de tristes garçons, des sots & des envieux, qui doivent