Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/170

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jour où je l’avais trouvée sur le canapé, blanche & languissante. Alors, on pouvait la prendre pour une jeune fille se mourant de virginité. Maintenant, ses cheveux blonds dénoués, la tête en feu, d’un violet pâle aux joues, elle agitait ses bras nus avec la fièvre d’une enfant ignorante qui marche à sa première volupté. Je me perdais dans le flamboiement de ce jeune front.

Je ne sais quoi de poignant s’échappait de cette créature qui s’éveillait de son agonie pour rire & boire, pour essayer de goûter les angoisses voluptueuses de cette vie qu’elle avait vécue sans le savoir, dans son innocence de petite fille. À la voir, échevelée & frémissante, les yeux brûlants, les lèvres humides, il me semblait, dans l’effarement de mon ivresse, apercevoir une moribonde qui, sur son lit de mort, entend tout à coup la voix de ses sens & de son cœur, & qui, hésitante, ne sachant que faire en ce moment suprême, ne veut