Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/203

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au ciel & dans la fange, plus écrasé après chaque nouvel élan, plus radieux après chaque nouvelle chute.

L’autre jour, dans l’air tiède, sous les grands arbres de Fontenay, ma chair s’était attendrie, mon cœur avait dominé. J’aimais, je me croyais aimé. La vérité m’échappait, je voyais Laurence vêtue de blanc, jeune & vierge ; son baiser me paraissait avoir tant de douceur qu’il me semblait venir de son âme. Aujourd’hui, Laurence est là, assise sur le bord du lit ; à la regarder, pâle & morne dans sa robe sale, ma chair frémit, mon cœur se soulève. Le printemps n’est plus, Laurence est vieille, elle ne m’aime pas. Oh ! le misérable enfant ! Je mérite de pleurer, moi qui fais mes larmes !

Que m’importent la laideur de Laurence, sa souillure, son affaissement ? Qu’elle soit plus laide, plus souillée, plus affaissée encore, mais qu’elle m’aime ! Je veux qu’elle m’aime.