Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/205

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pérances ; je me suis enfermé avec elle dans la souffrance & l’abjection ; j’ai tout oublié au fond de nos ténèbres, la foule & ses jugements. Je puis bien, il me semble, demander en échange à cette femme de s’unir à moi, de nous confondre au fond du désert de misère & d’abandon où nous vivons tous deux.

Le printemps est mort, vous dis-je. J’ai rêvé que le jeune feuillage verdissait au soleil, que Laurence riait follement parmi les herbes hautes. Je me trouve dans l’ombre humide de ma chambre, en face de Laurence qui sommeille ; je n’ai pas quitté le bouge, je n’ai vu s’ouvrir ni les yeux ni les lèvres de cette fille. Tout est mensonge. Dans cet écroulement du vrai & du faux, dans ce bruit confus que la vie fait en moi, je ne sens qu’un besoin, un besoin cuisant & cruel : aimer, être aimé, n’importe où, n’importe comment, pour m’abîmer en un néant d’amour.

Oh ! frères, plus tard, si jamais je sors