Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

& il y avait dans ma tête un grand murmure qui m’empêchait d’entendre. Des flammes passaient devant mes regards, un grondement sourd & grandissant emplissait le corridor. Le bois de la porte brûlait mon oreille ; il me semblait tout vibrant. Derrière cette porte, je pensais saisir par instants des soupirs étouffés ; puis la mort me paraissait avoir passé dans cette chambre silencieuse. Et je ne savais plus. Je ne pouvais rien arracher de précis à ce silence tumultueux, à cette nuit pleine d’éclairs. J’ignore combien de temps je suis resté courbé contre la porte ; je me souviens seulement que le froid du carreau me glaçait les pieds, & qu’un grand tremblement secouait mon corps couvert de sueur. L’angoisse & l’épouvante me tenaient cloué, ramassé sur moi-même, n’osant bouger, tordu par la jalousie, aussi frissonnant que si je venais de commettre un crime.

Je suis remonté en chancelant, me heur-