Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/234

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tage. Mes doutes se faisaient chair, je savais & je voyais enfin, je trouvais dans mon imagination des certitudes pleines de douloureuses délices.

Laurence est entrée & a refermé la porte brutalement. Elle apportait du dehors un parfum indéfinissable de tabac & de liqueur. Je n’ai pas ouvert les paupières, écoutant ses pas & le froissement des étoffes, tandis qu’elle se déshabillait. Je regardais la lueur rose ; &, au delà, il me semblait voir cette femme, lorsqu’elle passait devant moi, rire de pitié, se moquer du geste, croyant que je dormais.

Elle s’est couchée, poussant un soupir léger, & a pris ses aises pour s’endormir. Alors toute la douleur de la soirée m’a monté à la gorge ; une rage indicible m’a pris, à la sensation de cette chair froide qui touchait la mienne. J’ai pensé que Laurence me revenait lasse de volupté, molle & humide de trahison & de débauche.