Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/292

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dévouait-il pour me sauver, allant jusqu’à des caresses mensongères ? Singulier dévouement qui pouvait me frapper dans ma chair, dans mon cœur, & me guérir d’un mal par un mal plus terrible encore !

Peu à peu mes pensées se sont troublées, je n’ai plus eu le calme du premier moment.

Je ne comprenais pas ce baiser, & je finissais par craindre que ce ne fût là une misérable comédie.

La lutte entre le doute & la certitude s’est, pendant un instant, établie en moi, plus âpre, plus cuisante. Je ne pouvais m’imaginer que Jacques aimât Laurence, je croyais plus en lui que je ne croyais en Pâquerette. Puis je me disais que les baisers ont leur ivresse, & qu’il allait aimer cette femme, s’il ne l’aimait déjà, à appuyer de la sorte ses lèvres sur les siennes.

C’est ainsi que j’ai souffert de nouveau. Ma jalousie s’est réveillée, mon angoisse m’a repris à la gorge.