Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/85

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enfin accepter son corps en paiement. Devant cet étrange résultat, je me suis demandé si ce n’était pas raillerie que de tenter de nouveau. J’avais voulu une Laurence réelle, & cette Laurence, où courait un souffle de vie, m’effrayait davantage peut-être que la morne créature de la veille. Mais la lutte promettait d’être si âpre que j’entendais, tout au fond de moi, mon audace de vingt ans se révolter de ma répugnance & de mon effroi.

Comme sonnaient six heures, bien que le bal ne s’ouvrît qu’à minuit, Laurence s’est mise à sa toilette. La chambre n’a bientôt plus été que désordre ; l’eau, rejaillissant de la cuvette & s’égouttant des linges mouillés, inondait le carreau ; la mousse du savon, tombée des mains, s’élargissait sur le sol en plaques blanchâtres ; le peigne était à terre, près de la brosse, & les vêtements, oubliés sur les chaises, sur la cheminée, dans les coins, trempaient au milieu des flaques. Laurence,