Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/92

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par endroits, des teintes mates & terreuses, tandis que d’autres parties luisaient, frottées d’onguent mis pour fixer le fard. La peau tendue & irritée grimaçait ; la face entière, à la fois vermeille & flétrie, avait le sourire niais des poupées de carton. Les tons en étaient si criards & si faux qu’ils blessaient la vue.

Laurence, droite & immobile, le regard demi-tourné vers le miroir, s’est laissé complaisamment rajeunir. Elle effaçait de l’ongle les traits trop accusés. Sérieuse, se penchant, elle étudiait quelques secondes chacune des beautés que Pâquerette lui donnait.

L’œuvre terminée, celle-ci s’est reculée de quelques pas pour mieux juger. Puis, satisfaite, elle s’est écriée :

— Ah ! ma fille, tu n’as plus que quinze ans.

Laurence lui a souri. Toutes deux étaient de bonne foi ; elles admiraient franchement, ne doutant point du miracle