Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/96

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a changé ma colère en une inexprimable tristesse. J’ai haussé la glace & j’ai appuyé mon front contre cette vitre humide, laissant Laurence à son triste plaisir. J’étais comme bercé par les cris de la foule & par le roulement sourd de la voiture ; je voyais, de cette vue indécise du rêve, les passants fuir derrière moi, ombres bizarres qui grandissaient & s’évanouissaient sans présenter aucun sens à mon esprit. Et, dans ce bruit, dans cette brusque succession d’ombres & de clartés, je me souviens d’avoir tout oublié, un instant, à regarder, entre les pavés, les flaques d’eau & de boue, où les lampes des boutiques jetaient de rapides reflets.

C’est ainsi que nous sommes arrivés à la salle de bal.

À demain, frères. Je ne puis tout dire en un jour.