Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/112

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Ils mirent leur intelligence en commun, et écrivirent plusieurs mémoires sur leurs recherches, qui firent grand bruit. Daniel consentit à partager les bénéfices, mais il ne voulut jamais signée de son nom. Il considérait toute cette époque de sa vie comme temps perdu, il se réservait pour sa véritable œuvre, qui devait être le bonheur de Jeanne. Il grandissait en science et en mérite sans le vouloir, uniquement pour ne pas rester oisif.

Georges, connu, presque célèbre, était allé habiter tout un appartement, rue Soufflot. Daniel n’avait pas voulu quitter la maison de l’impasse Saint-Dominique-d’Enfer. Il se trouvait bien là, dans ce coin perdu, n’entendant pas les bruits de la ville. Son cœur s’épanouissait, dès qu’il montait les marches rompues du large escalier. Sa chambre, étroite et haute, avait un air de tombe qui lui plaisait ; il s’y enfermait et s’y oubliait, il aurait voulu n’en sortir que pour courir près de Jeanne. Il aimait le ciel et les arbres qu’on apercevait de