Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/224

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Alors, elle se vit aux mains de Lorin, liée à jamais. Elle eut des peurs et des colères. Elle avait voulu ce désespoir, elle était le cœur léger qui avait préparé ses propres souffrances. Et l’horizon se trouvait fermé devant elle : maintenant qu’elle avait l’impérieux besoin d’aimer elle ne pouvait aimer, car elle méprisait le seul homme auquel il lui fût permis de donner ses tendresses. À ces pensées, un accablement la prit, elle sanglota et désespéra du bonheur.

Puis, vint la lâcheté. Elle se dit qu’elle n’aurait jamais la force de vivre ainsi. La solitude lui fit peur. Alors, une lutte s’établit en elle. Ses devoirs d’épouse parlaient haut, ses fiertés se révoltaient, lorsque son cœur criait d’angoisse et la poussait à l’amour d’un homme autre que son mari.

Certains jours, elle se prouvait qu’après tout l’amour est libre et que les lois humaines ne pouvaient la rendre à ses dédains ignorants de jeune fille. Et le lendemain, le devoir élevait sa voix grave, elle reculait devant la faute, elle acceptait