Page:Zola - Lettre à la France, 1898.djvu/19

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C’est à ceux-là, France, que je fais appel. Qu’ils se groupent, qu’ils écrivent, qu’ils parlent ! Qu’ils travaillent avec nous à éclairer l’opinion, les petits, les humbles, ceux qu’on empoisonne et qu’on fait délirer ! L’âme de la patrie, son énergie, son triomphe ne sont que dans l’équité et la générosité.

Ma seule inquiétude est que la lumière ne soit pas faite entière et tout de suite. Après une instruction secrète, un jugement à huis clos ne terminerait rien. Alors seulement l’affaire commencerait, car il faudrait bien parler, puisque se taire serait se rendre complice. Quelle folie de croire qu’on peut empêcher l’histoire d’être écrite ! Elle sera écrite, cette histoire, et il n’est pas une responsabilité, si mince soit-elle, qui ne se paiera.

Et ce sera pour ta gloire finale, France, car je suis sans crainte au fond, je sais qu’on aura beau attenter à ta raison et à ta santé, tu es quand même l’avenir, tu auras toujours des réveils triomphants de vérité et de justice !


ÉMILE ZOLA.