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des mains, en s’asseyant près de lui, sur l’herbe, conquise à son tour, très camarade, ne le quittant plus.

Paul, l’aîné de tous, dont les sept ans faisaient déjà un petit homme, eut cependant l’idée confuse qu’il devait chercher à savoir. Il avait avisé Antoinette, dont l’air aimable, la saine et jolie figure l’enhardissaient.

« Quel âge as-tu, toi ?

— Moi, j’ai quatre ans, mais papa dit que j’ai l’air d’en avoir six.

— Qui est donc ton papa ?

— Papa, c’est papa, tiens ! Es-tu bête de demander ça ! »

Elle riait si joliment, qu’il trouva la réponse décisive et ne l’interrogea pas davantage. Lui aussi s’était assis près d’elle, et ils furent tout de suite les meilleurs amis du monde. Sans doute s’apercevait-il pas qu’elle avait une simple petite robe de laine, pas belle, tellement elle était plaisante, avec sa bonne santé et son air de ne douter de rien.

« Et toi ton papa ? c’est à lui tous ces arbres ? Ah ! bien ! ce que tu as de la place, pour jouer !… Nous autres, nous avons passé par le trou de la haie, là-bas.

— C’est défendu… On me défend aussi de venir ici, parce qu’on a peur que je ne tombe dans l’eau. Et c’est si amusant !… Il ne faudra rien dire, on nous punirait tous. »

Mais, brusquement, il y eut un drame. Nanet, si blond et si ébouriffé s’était émerveillé devant Nise, qui était encore plus ébouriffée et plus blonde que lui. Ils ressemblaient à deux joujoux, ils allèrent tout de suite l’un à l’autre, comme si leur rencontre était une chose nécessaire, et qu’ils se fussent attendus. Déjà, ils se tenaient par les mains, ils se riaient dans la figure, jouant à se pousser. Et Nanet, qui faisait l’homme brave, cria :