Page:Zola - Travail.djvu/236

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hommes et de petites femmes, jusqu’à trois et quatre ans  ; et ceux-ci étaient lâchés en liberté, les plus fragiles dans des chaises roulantes, les autres au bon hasard de leurs courtes jambes, sans trop de chutes. La salle ouvrait sur une véranda fleurie, que prolongeait un jardin. Tout le cher troupeau s’ébattait au soleil, dans l’air tiède. Des jouets, des pantins pendaient à des ficelles, pour égayer les plus petits  ; tandis que les plus grands avaient des poupées, des chevaux, des chars, qu’ils traînaient avec fracas, en héros chez lesquels s’éveillait le besoin de l’action. Et c’était un délicieux réconfort, ce petit monde qui poussait de la sorte, si gaiement, dans un tel bien-être, pour les besognes de demain.

«  Pas de malades  ? demanda Luc, qui s’attardait avec ravissement dans cette blancheur d’aurore.

— Oh  ! non, tous sont gaillards ce matin, répondit Sœurette. Nous avons eu deux enfants atteints de rougeole avant-hier, et je ne les ai plus reçus, il a fallu les isoler.  »

Tous deux étaient sortis sous la véranda, qu’ils suivirent, pour continuer la visite par l’école voisine. Les portes-fenêtres des cinq classes s’y succédaient, donnant ainsi sur les verdures du jardin  ; et, comme le temps était chaud, elles se trouvaient grandes ouvertes, de sorte que, sans entrer dans les salles, ils purent, du seuils, jeter un coup d’œil dans chacune.

Les maîtres, depuis qu’elles étaient créées, y élaboraient un programme nouveau. De la première, où ils prenaient l’enfant ne sachant même pas lire, à la cinquième, où ils se séparaient de lui, après lui avoir donné les éléments des connaissances générales, nécessaires à la vie, ils s’efforçaient surtout de le mettre en présence des choses et des faits, pour qu’il tînt son savoir des réalités de ce monde. Leur effort tendait aussi à éveiller en lui le besoin de l’ordre, à le