Page:Zola - Travail.djvu/245

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serons tous d’accord, nous vivrons tous heureux. Puisque nous sommes voisins, que vos terres touchent notre usine, et que nous avons absolument besoin les uns des autres, le mieux n’est-il pas de vivre en frères, de nous associer tous pour le bien de chacun, de façon à ne plus faire qu’une même famille  ?   »

Cette bonhomie égaya Lenfant et Yvonnot. Jamais la réconciliation, l’entente nécessaire entre le paysan et l’ouvrier industriel, ne s’était posée si nettement. Depuis que la Crêcherie fonctionnait, se développait, Luc rêvait d’englober dans son association toutes les autres usines secondaires, toutes les industries diverses qui vivaient d’elle, autour d’elle. Il suffisait qu’il y eût là un foyer producteur d’une matière première, l’acier, pour qu’un pullulement de manufactures se produisît. Et c’étaient l’usine Chodorge qui fabriquait des clous, l’usine Hausser qui fabriquait des faux, l’usine Mirande qui fabriquait des machines agricoles  ; et c’était même un ancien étireur, Hordoir, dont les deux martinets, mus par un torrent, fonctionnaient encore dans une gorge des monts Bleuses. Tous ceux-là seraient bien forcés un jour, s’ils voulaient vivre, de venir se joindre à leurs frères de la Crêcherie, en dehors desquels ils ne pourraient exister. Même les ouvriers du bâtiment, les ouvriers du vêtement, comme par exemple la grande cordonnerie du maire Gourier, seraient entraînés, s’entendraient ensemble donneraient des maisons, des habits et des souliers, s’ils désiraient avoir en échange des outils et du pain. La Cité future ne se réaliserait que par cet accord universel la communion du travail.

«  Enfin, monsieur Luc, dit Lenfant avec sagesse, ce sont là de trop grosses affaires pour qu’on les décide d’un coup. Mais nous vous promettons d’y réfléchir et de faire notre possible pour que la bonne entente règne aux Combettes, comme elle règne chez vous.