Page:Zola - Travail.djvu/267

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de la cour de ma belle-mère. Il faut que j’en sois, tonnerre de Dieu  !

— Mais, reprit Laboque, il y a d’abord Mme Mitaine, qui est dans les mêmes conditions que moi, et dont la maison souffre, comme la mienne, depuis que le ruisseau est tari… Vous assignerez, n’est-ce pas, Mme Mitaine  ?   »

Il l’avait invitée à venir, dans la sourde intention de la forcer s’engager formellement, car il la savait désireuse de sa propre paix et respectueuse de la paix des autres, en brave femme. Elle se mit d’abord à rire.

«  Oh  ! le tort fait à ma maison par la disparition du Clouque  ! Non, non, mon voisin, la vérité est que j’avais donné l’ordre de ne jamais employer une goutte de cette eau corrompue, dans la crainte de rendre malade ma clientèle… C’était si sale et ça sentait mauvais, qu’il faudrait absolument, le jour où l’eau nous serait rendue, dépenser l’argent nécessaire pour nous en débarrasser, la faisant passer sous terre, comme il en avait jadis été question.  »

Laboque feignit de ne pas entendre.

«  Mais enfin, madame Mitaine, vous êtes avec nous, vos intérêts sont les nôtres, et si je gagne mon procès, vous marcherez avec tous les propriétaires riverains, forts de la chose jugée  ?

— Nous verrons, nous verrons, répondit la belle boulangère, devenue sérieuse. Je veux bien être avec la justice, si elle est juste.  »

Et il fallut que Laboque se contentât de cette promesse conditionnelle. Du reste, l’exaltation de rancune où il était le jetait hors de toute sagesse, il croyait déjà tenir la victoire, l’écrasement de ces folies socialistes dont l’essai, en quatre ans, avait fait tomber sa vente de moitié. C’était toute la société qu’il vengeait, en donnant des coups de poing sur la table, avec Dacheux, tandis que le prudent Caffiaux, de diplomatie compliquée, attendait le