Page:Zola - Travail.djvu/432

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Et il se trouva dans le jardin seul encore, l’alarme n’ayant pas été donnée. C’était bien la maison qui brûlait, qui s’allumait du rez-de-chaussée à la toiture ainsi qu’un énorme bûcher, sans que personne à l’intérieur remuât. Les fenêtres restaient closes, la porte ne s’ouvrait pas, incendiée déjà, ne permettant plus de sortir ni d’entrer. Nanet crut seulement entendre de grands cris, toute une lutte d’abominable agonie. Enfin les persiennes d’une des fenêtres du second étage furent rabattues violemment, et Nise parut dans la fumée, toute blanche, vêtue de sa chemise et d’un simple jupon. Elle appelait au secours, elle se penchait, terrifiée.

«  Aie pas peur  ! Aie pas peur  ! cria Nanet éperdument. Je monte  !   »

Il avait aperçu une grande échelle, couchée le long d’un hangar. Mais, quand il voulut la prendre, il s’aperçut qu’elle était enchaînée. Ce fut une minute d’angoisse terrible. Il avait saisi une grosse pierre, il tapait de toutes ses forces sur le cadenas, pour le briser. Les flammes ronflaient, le premier étage entier prenait feu, avec un tel redoublement d’étincelles et de fumée, que Nise, par moments, disparaissait là-haut. Il entendait toujours ses cris qui s’affolaient, et il tapait, et il tapait, criant lui aussi  :

«  Attends, attends  ! Je monte  !   »

Le cadenas s’écrasa, il put tirer l’échelle. Plus tard, jamais il ne comprit comment il était parvenu à la mettre debout. Il y eut du prodige, il la dressa sous la fenêtre. Alors, il vit qu’elle était trop courte, et son désespoir fut tel, que lui-même, un instant chancela dans sa bravoure de héros de seize ans, résolu à sauver cette fillette de treize, son amie. Il perdait la tête, il ne savait plus.

«  Attends, attends  ! Ça ne fait rien, je monte  !   »

Justement, l’une des deux servantes, dont la mansarde ouvrait sur le toit, venait de sortir par sa fenêtre, cramponnée