Page:Zola - Travail.djvu/544

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«  C’est cela, chère amie, il ne manque plus que vous alliez chercher Maurice, votre rossignol, comme vous dites. Ils seraient cinq à me manger. Bon Dieu  ! que vais-je devenir, quand ils seront des douzaines  ?   »

Et, remettant par terre les jumelles et Mariette, cette délicieuse enfance aux chairs roses, aux yeux purs, il prit un instant Olivier, le lança en l’air, très haut, ce qui lui fit pousser des cris de ravissement. Puis, l’ayant replacé dans sa chaise  :

«  Allons, soyez raisonnables, on ne peut pas toujours jouer, il faut que je m’occupe des autres.  »

Alors, guidé par Sœurette, suivi de Josine et de Suzanne, il fit le tour des salles. C’était un charme exquis, ces maisons de la toute petite enfance, avec leurs murs blancs, leurs berceaux blancs, leur petit peuple blanc, toute cette blancheur, si gaie dans le plein soleil, dont les rayons entraient par les hautes fenêtres. Là aussi l’eau ruisselait, on en sentait la fraîcheur cristalline, on en entendait le murmure, comme si des ruisseaux clairs entretenaient partout l’excessive propreté qui éclatait dans les plus modestes ustensiles Cela sentait bon la candeur et la santé. Si des cris parfois sortaient des berceaux, on n’entendait le plus souvent que le joli babil les rires argentins des enfants marchant déjà, emplissant les salles de leurs continuelles envolées. Des jouets, autre petit peuple muet vivaient partout leur vie naïve et comique, des poupées, des pantins, des chevaux de bois, des voitures. Et ils étaient la propriété de tous, des garçons comme des filles, confondus les uns et les autres en une même famille, poussant ensemble dès les premiers langes, en sœurs et en frères, en maris et en femmes, qui devaient, jusqu’à la tombe, mener côte à côte une existence commune.

Souvent, Luc s’arrêtait, se récriait. Oh  ! la belle petite fille, oh  ! le beau petit garçon  ! Et il se trompait, et il