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puissance. Et c’est merveille que l’humanité ait pu vivre sous ces religions de mort qui, depuis si longtemps, s’acharnent à tuer l’homme dans l’homme, en voulant l’amener à un Dieu de cruauté et de mensonge, dont le règne ne s’établirait que sur de la poussière humaine.

Dans les écoles, dans les ateliers d’apprentissage, et même dès les premiers pas, dès les jeux puérils des crèches, on utilisait donc les passions naissantes des enfants, au lieu de les réprimer. Si les paresseux étaient soignés comme des malades, dont on cherchait à éveiller l’émulation et la volonté, en les faisant s’appliquer aux études librement choisies par eux, comprises et aimées, on usait la force des violents à des travaux plus durs, on tirait des avares tout un bénéfice de logique et de méthode, on obtenait des envieux, des orgueilleux, d’admirables profits d’intelligence vaste triomphant dans les besognes les plus malaisées. Ce qu’une morale de restriction hypocrite a nommé les plus bas instincts de l’homme devenait ainsi l’ardent foyer où la vie puisait son inextinguible flamme. Toutes les forces vivantes se remettaient en leur place toute la création se réglait en son ordre souverain, et elle roulait à pleins bords le flot des êtres, et elle emmenait l’humanité à la Cité heureuse. Au lieu de l’imbécile imagination du péché originel de l’homme mauvais qu’un Dieu d’illogisme punit et doit sauver à chaque pas, entre la menace d’un enfer enfantin et la promesse d’un paradis menteur, il n’y avait plus que l’évolution naturelle d’une espèce d’êtres supérieurs, simplement en lutte contre les forces de la nature, et qui les vaincront, qui les soumettront pour leur bonheur, le jour où, cessant leur guerre fratricide, ils vivront en frères tout-puissants, après avoir douloureusement conquis la vérité la justice et la paix.

«  C’est très bien, finit par dire Luc, lorsqu’il eut