Page:Zola - Travail.djvu/594

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le capital et le salariat doivent complètement disparaître, le pacte social se libérera de toutes les formes de l’autorité, l’individu libre dans l’humanité libre. Et nous faisons simplement en sorte que les enfants de nos petits-enfants réalisent cette Cité de toute justice et de toute liberté.  »

Il finit alors en expliquant les méthodes d’instruction et d’éducation nouvelles, les crèches, les écoles, les ateliers d’apprentissage l’éveil de l’homme chez l’enfant toutes les énergies passionnelles acceptées, cultivées, le garçon et la fille poussant ensemble, nouant plus étroitement le lien du couple d’amour, dont la force de la Cité doit dépendre. L’avenir de plus en plus libérateur était là dans ces couples de demain, qui grandissaient pour lui, avec la volonté et l’intelligence des besognes décisives. Chaque génération, plus libérée, plus capable d’équité et de bonté apporterait sa pierre à l’œuvre finale. Et en attendant, la richesse incalculable de la Cité irait en augmentant toujours, maintenant que la suppression de l’héritage, presque entièrement accomplie, ne permettant plus les grandes fortunes individuelles, scandaleuses et empoisonneuses, faisait peu à peu que le produit prodigieux du travail de tous appartenait désormais à tous. Les rentes, les grands-livres tombaient eux aussi en morceaux, et les rentiers, les oisifs vivant du travail des autres ou d’eux-mêmes, amassé, thésaurisé égoïstement, étaient une espèce en train de disparaître. Tous les citoyens se trouvaient également riches, puisque la Cité, qui débordait du travail commun, affranchi d’entraves, préservé du gaspillage et du vol, entassait des richesses immenses, dont il faudrait sûrement un jour modérer la production. Les jouissances réservées jadis aux rares privilégiés, les mets délicats, les fleurs, les parures d’éclat et de charme embellissant la vie, étaient aujourd’hui le luxe de tous. Si, au foyer des familles, régnait une