Page:Zola - Travail.djvu/605

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colliers, ses bracelets ses bagues, comme les gamins de jadis trouvaient des jouets. Cela n’avait plus de valeur, l’or devenait simplement de la beauté, de même que bientôt les fours électriques allaient produire les diamants et les pierres précieuses en une quantité incalculable, des sacs de rubis, d’émeraudes, de saphirs, de quoi en couvrir toutes les femmes. Déjà, les amoureuses qui passaient, au bras de leurs amoureux, avaient leur chevelure constellée d’étoiles vives. Et des couples défilaient sans cesse, des fiancés du libre amour, des époux de vingt ans qui s’étaient choisis et qui devaient ne se quitter jamais, des ménages vieillis dans leur tendresse, les mains unies plus étroitement par chaque année nouvelle.

«  Où vont-ils donc tous à cette heure  ? demanda Ragu.

— Ils vont les uns chez les autres, répondit Bonnaire, ils s’invitent pour le grand dîner de ce soir, auquel tu assisteras. Et du reste, ils ne vont nulle part, ils sortent au bon soleil, ils vivent au grand air leur jour de chômage, parce qu’ils sont gais et qu’ils sont comme chez eux dans leurs belles rues fraternelles. Puis, aujourd’hui il y a partout des divertissements et des jeux naturellement gratuits, car l’entrée de tous les établissements publics est libre. Ces bandes d’enfants que tu vois, on les mène dans des cirques, pendant qu’une autre partie de la foule se rend à des réunions, à des spectacles ou à des auditions de musique… Les théâtres sont destinés à faire partie de l’instruction et de l’éducation sociale.  »

Mais, brusquement, comme il passait devant une maison, dont les habitants étaient sur le point de sortir, il arrêta la voiturette.

«  Veux-tu visiter une de nos maisons nouvelles  ? … Justement, nous voici chez mon petit-fils Félicien, et puisqu’il est encore là, il va nous recevoir.  »

Félicien était fils de Séverin Bonnaire, qui avait épousé