Page:Zola - Travail.djvu/660

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droite, à gauche, c’est de l’amour battant des ailes, dans le soleil levant.  »

Toutes les trois, elles riaient aussi, elles plaisantaient d’un air tendre, pour lui plaire.

«  Certainement, disait Josine, il y a de ce côté au-dessus de cette maison, aux tuiles bleues, semées d’étoiles blanches, un grand frisson de soleil qui en annonce la grande allégresse intérieure. Des amoureux doivent y avoir célébré leur nuit de noces.

— Et regardez, en face, disait Sœurette sur la façade éclatante de cette autre maison, aux faïences décorées de roses, comme les vitres flamboient, d’un éclat d’astre à son aurore  ! Sûrement, un enfant vient d’y naître.

— Et partout, sur tous les logis, sur la ville entière, disait Suzanne, les rayons pleuvent, se redressent en épis d’or, en un champ fraternel de prodigieuse fertilité. N’est-ce pas la paix de tous, l’amour de tous, qui chaque jour pousse et se moissonne là  ?   »

Luc les écoutait, avec ravissement. Et quelle adorable récompense, quel cadeau délicieux l’amour lui donnait, en l’entourant dans son grand âge, de ces floraisons d’amour sublime, de ces trois femmes dont la présence embaumait et faisait resplendir ses derniers jours  ! Nulle part, l’amour n’avait poussé en une aussi magnifique moisson, et c’était encore chez lui, autour de lui, que la récolte en était la plus ample et la plus exquise. Trois femmes l’adoraient, l’enveloppaient à chaque heure de leur sollicitude, d’un culte d’affection et de dévotion, sans cesse aux petits soins. Et elles étaient infiniment bonnes, infiniment tendres, avec des yeux de sérénité qui lui donnaient la continuelle joie de vivre, avec des mains de douceur dont elles le soutenaient jusqu’au seuil de la tombe. Et elles étaient infiniment vieilles, toutes blanches, toutes légères comme des âmes, devenues augustes, pareilles à des flammes pures, actives et gaies, brûlant de