Page:Zola - Une farce, 1888.djvu/21

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Arrivés au bord de la source, ils trouvèrent le cadavre de Simplice. Le prince souriait dans le sommeil de la mort. Ses pieds s’abandonnaient au flot, sa tête reposait sur le gazon de la rive. Il pressait sur les lèvres, à jamais fermées, une petite fleur blanche et rose, d’une exquise délicatesse et d’un parfum pénétrant.

— Le pauvre fou ! dit l’homme d’esprit, il aura voulu cueillir un bouquet, et se sera noyé.

L’homme savant se souciait peu du cadavre. Il s’était emparé de la fleur, et sous prétexte de l’étudier, il en déchirait la corolle. Puis, lorsqu’il l’eut mise en pièce :

— Précieuse trouvaille ! s’écria t-il. Je veux, en souvenir de ce niais, nommer cette fleur Anthapheleia limnaia.

Ah ! Ninette. Ninette, mon idéale Fleur-des-eaux, le barbare la nommait Anthapheleia limnaia !


Émile Zola.







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