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Page:Zola - Vérité.djvu/116

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directe, ni avec le préfet, ni avec les députés et les sénateurs, bien qu’il refusât de céder, tant que sa volonté n’était pas faite. C’était grâce à lui que Salvan, attaqué violemment par la faction cléricale, pouvait continuer avec une tranquillité relative, à l’École normale, son œuvre de régénération, le renouvellement du personnel des instituteurs primaires ; et lui seul allait être sans doute de quelque utilité pour défendre Simon contre son subordonné, l’inspecteur primaire Mauraisin. Car il y avait encore le beau Mauraisin, et celui-ci menaçait d’être féroce, traître à l’Université, acquis à la congrégation, après avoir flairé le vent, dans la certitude que l’Église serait victorieuse et payerait mieux les services rendus.

— Vous a-t-on parlé de son témoignage ? continua Salvan. Devant le juge Daix, il aurait chargé terriblement Simon. Et l’on confie l’inspection de nos écoles à de pareils jésuites !… C’est comme ce Depinvilliers, le proviseur du lycée de Beaumont, qu’on voit tous les dimanches à la messe, à Saint-Maxence, avec sa femme et ses deux laiderons de filles. Sans doute, les opinions sont libres. Mais si Depinvilliers est libre d’aller à la messe, il ne devrait pas l’être de livrer aux jésuites un de nos établissements d’enseignement secondaire. Le père Crabot règne dans notre lycée, comme il règne au collège de Valmarie ; et n’est-ce pas la chose la plus ironique du monde, ce lycée laïque, ce lycée républicain, que j’entends parfois opposer au collège congréganiste, son rival, et qui au fond en est simplement la succursale honteuse ?… Ah ! notre République fait de la belle besogne, elle se confie en des mains sûres et loyales, et je comprends que Mauraisin travaille pour l’autre camp, celui qui agit sans relâche et qui paye bien !

Puis, comme Marc allait enfin prendre congé :

— Je verrai donc Le Barazer.. Ne le voyez pas vous-même, il vaut mieux que la démarche vienne de moi,