Page:Zola - Vérité.djvu/185

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relique, établissant que les tarifs ne seraient cependant pas augmentés, réglementant le bon fonctionnement des opérations, pour qu’il n’y eût pas ensuite de récrimination entre les clients et le saint. Et ce qui frappa d’abord Marc douloureusement, ce fut la présence de Mlle Rouzaire, qui amenait les fillettes de l’école communale à la cérémonie, tranquillement, comme si cela rentrait dans le programme des exercices scolaires. Il resta stupéfait de voir une des fillettes, la plus grande, en tête, porter une bannière de soie blanche, où étaient brodés en or ces mots : « Gloire à Jésus et à Marie ». D’ailleurs, Mlle Rouzaire ne se cachait pas, lorsqu’une de ses élèves concourait pour son certificat d’étude, de la faire communier et de lui faire mettre deux francs dans le tronc de saint Antoine, afin que Dieu s’occupât de son examen ; et, quand l’élève était tout à fait stupide, elle lui conseillait de mettre cinq francs, parce que le saint allait avoir sûrement plus de peine. Elle faisait aussi tenir aux élèves des « carnets de péchés », elle leur distribuait des bons points de prière et d’assistance à la messe. Une singulière école laïque, que l’école communale, tenue par Mlle Rouzaire ! Les fillettes vinrent se ranger à gauche de la nef, en pendant avec les petits garçons de l’école des frères, qui occupaient la droite, sous la conduite du frère Fulgence, affairé et excessif, comme à l’ordinaire. Le père Crabot et le père Philibin se trouvaient déjà dans le chœur, ayant voulu honorer la cérémonie de leur victoire sur Mgr Bergerot, car personne n’ignorait la part que le recteur de Valmarie avait prise dans l’exaltation du culte de saint Antoine de Padoue, et il triomphait d’obliger l’évêque à venir là faire amende honorable, après s’être montré sévère aux basses superstitions. Et, quand Mgr Bergerot entra, suivi du curé de la paroisse, l’abbé Quandieu, ce fut pour Marc