Page:Zola - Vérité.djvu/203

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ayant peine à sortir de l’effacement morose où elle vivait d’habitude. Puis, se décidant :

— Ta grand-mère a raison, ma fille, ton devoir est de ne pas permettre des actes où tu aurais, devant Dieu, une part de responsabilité. Si ton mari t’aime, il t’écoutera, et tu es même la seule qui puisse parler à son cœur. Jamais ton père n’est allé contre mon désir, dans les questions de conscience.

Très émue, Geneviève se tourna vers Marc, en serrant contre elle la petit Louise, qui ne la quittait pas. Elle était remuée jusqu’au fond de son être : tout son passé de pensionnaire à la Visitation, toute son éducation dévote s’éveillait, la troublait d’un vertige, et, pourtant, elle répéta ce qu’elle avait déjà dit à son mari.

— Marc est le seul bon juge, il fera ce qu’il croira être son devoir.

Terrible, Mme Duparque avait trouvé la force de se mettre debout, malgré sa jambe malade.

— C’est ta réponse ! Toi que nous avons élevée chrétiennement, toi qui as été une enfant aimée de Dieu, tu en es déjà à le renier, à vivre sans religion, comme les bêtes ! Et c’est Satan que tu choisis, au lieu de faire un effort pour le terrasser ! Et bien ! ton mari n’en est que plus coupable, oui ! il sera puni aussi de cela, vous serez punis tous les deux ; et la malédiction atteindra jusqu’à votre enfant !

Elle étendait les bras, elle se dressait si redoutable, que la petite Louise, saisie d’épouvante, se mit à sangloter. Vivement, Marc la souleva, la serra contre son cœur, tandis que la fillette, comme pour se réfugier en lui, lui jetait au cou ses petits bras. Et Geneviève s’était rapprochée, elle aussi, s’appuyant à l’épaule de l’homme auquel elle avait donné sa vie.

— Allez-vous-en, allez-vous-en tous les trois ! cria Mme Duparque. Allez à votre folie et à votre orgueil,