Aller au contenu

Page:Zola - Vérité.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

J’annonçais simplement à Geneviève une nouvelle qui devait lui faire plaisir.

— Mais elle ne lui fait pas plaisir, votre nouvelle, cria Mme Duparque. Regardez-la.

Surpris, Marc se tourna vers sa femme, debout dans le jour pâlissant de la fenêtre. Et, en effet, il la vit grave, avec ses beaux yeux assombris, comme emplis de ténèbres par la lente nuit qui tombait.

— Est-ce vrai, Geneviève, une œuvre de justice ne serait-elle plus une joie pour toi ?

Elle ne répondit pas immédiatement, devenue pâle et gênée, l’air envahi d’une hésitation douloureuse. Et, comme il répétait sa question, pris lui-même de malaise, elle fut sauvée du tourment de répondre par la brusque entrée de Mme Alexandre, qui accourait. Très bravement, Sébastien avait tout dit à sa mère, sa confession, son aveu de l’existence du modèle. Elle n’avait pas eu la force de le gronder de sa belle action. Mais, saisie de crainte en pensant que l’instituteur allait venir s’expliquer avec elle, la questionner, lui demander le document, devant sa terrible belle-sœur, Mme Édouard, toujours attentive à la prospérité de leur petit commerce de papeterie, elle avait préféré se rendre à l’école et enterrer l’affaire tout de suite.

Cependant, lorsqu’elle fut là, Mme Alexandre acheva de se troubler. Elle était partie en coup de vent, sans trop savoir ce qu’elle dirait ; et, maintenant, elle restait balbutiante, gênée surtout de trouver Geneviève et Mme Duparque avec Marc, qu’elle espérait entretenir secrètement, seule à seul.

— Monsieur Froment, Sébastien vient de m’avertir.. Oui, cet aveu qu’il a cru devoir vous faire… Alors, j’ai pensé à vous donner les raisons de ma conduite. Vous comprenez, n’est-ce pas ? tout l’ennui d’une pareille histoire, pour nous dont le commerce est si difficile… Enfin,