Page:Zola - Vérité.djvu/481

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sans même s’apercevoir qu’elle se confessait, tellement elle était dans une de ces heures navrées où le cœur s’ouvre et s’épanche. Elle conta comment elle s’était échappée une après-midi de Maillebois, pour venir, à l’insu de Mme Duparque, se faire entendre d’un missionnaire célèbre, le père Athanase, dont les conseils de haute pitié révolutionnaient alors les dévotes de Beaumont. Il n’était que de passage, il avait fait, assurait-on, des cures merveilleuses, des âmes de femmes inapaisées, suppliciées par le désir de Jésus, auxquelles il avait rendu d’une bénédiction, d’une prière, le calme souriant des saints Anges. Et elle sortait de la cathédrale voisine, elle y avait prié pendant deux heures, après avoir dit en confession toute sa soif insatiable du bonheur divin au saint religieux, qui s’était contenté de l’absoudre de ce qu’il nommait trop d’orgueil et trop de passion humaine, en lui imposant la pénitence d’occuper son esprit à d’humbles pratiques, par exemple le souci des pauvres et des malades. Et elle avait eu beau s’anéantir, s’humilier au fond de la chapelle la plus noire, la plus déserte de Saint-Maxence, elle n’était point calmée, elle n’était point rassasiée, elle brûlait toujours du même besoin de satisfaction, dans le don total qu’elle avait voulu faire à Dieu de son être, sans que jamais encore elle eût trouvé en lui la paix heureuse de sa chair et de son cœur.

Alors, Marc soupçonna la vérité, et il en eut un grand frémissement d’espérance dans sa tristesse à voir sa pauvre Geneviève si misérable évidemment, ni l’abbé Quandieu, ni même le père Théodose n’avaient satisfait en elle l’éperdu besoin d’aimer. Elle avait connu l’amour, elle devait toujours aimer l’homme, le mari dont elle s’était séparée, et qui l’adorait. Le pâle Jésus, aux dilections mystiques, la laissait inapaisée, irritée. Elle n’était désormais que l’orgueilleuse, l’entêtée catholique, elle