Page:Zola - Vérité.djvu/485

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d’aimer, ou si elle n’aimait ailleurs. Seulement, le père Théodose, mauvais analyste, se trompant sur cette pénitente passionnée et loyale, devait y avoir mis quelque brutalité. Et il avait ainsi précipité la crise, la répugnance et la révolte éperdue de cette douloureuse créature, qui, sans revenir encore à la saine raison, voyait s’effondrer autour d’elle le glorieux décor mystique du Dieu de son enfance.

Heureux du nouveau symptôme qu’il croyait découvrir, Marc y mit quelque malice.

— Alors, demanda-t-il, tu n’as plus le père Théodose pour directeur ?

Elle le regarda de son regard clair, elle répondit avec netteté :

— Non, le père Théodose ne me convient pas, et je suis retournée à l’abbé Quandieu, que grand-mère a raison d’accuser de tiédeur, mais qui parfois me calme, tant il est bon.

Un instant, elle parut rêver. Puis, à demi-voix, elle laissa de nouveau échapper un aveu.

— Ah ! le cher homme, il ne sait pourtant pas combien il a augmenté le tourment où je vis avec une confidence qu’il m’a faite sur cette abominable affaire…

Elle s’interrompit, et lui, devinant, se passionnant à la voir aborder ce sujet, dut continuer.

— L’affaire Simon… L’abbé Quandieu croit Simon innocent, n’est-ce pas ?

Lentement, elle avait baissé les yeux à terre, elle se taisait.

Puis, très bas :

— Oui, il croit à son innocence, il me l’a dit en grand mystère, dans le cœur de son église, au pied de la croix, devant Notre-Seigneur qui l’écoutait.

— Et toi, Geneviève, dis-moi, crois-tu maintenant à l’innocence de Simon ?

— Non, je n’y crois pas, je ne peux pas y croire. Tu