Page:Zola - Vérité.djvu/526

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compte rendu, complet du nouveau procès. Grand-mère voulait tout brûler, et maman s’enfermait, passait les journées chez elle… Moi aussi, j’ai tout lu, maman m’a permis de lire. Oh ! papa, quelle effrayante histoire, ce pauvre homme, cet innocent que tant d’abominables gens accablent ! et, si je pouvais, ah ! que je t’aimerais davantage encore, de l’avoir aimé et défendu !

Elle le reprit dans ses bras, elle l’embrassa de nouveau, d’un cœur exalté. Lui, malgré sa souffrance, s’était mis à sourire, comme si un baume délicieux eût calmé un peu la cuisson de ses plaies vives. C’était à l’image de sa femme et de sa fille lisant, sachant enfin, lui revenant, qu’il souriait.

— Sa lettre, sa chère lettre, reprit-il à demi-voix, quelle consolation, quelle espérance elle m’a donnée ! Une telle joie me viendrait-elle enfin de tant de malheurs ?

Puis, anxieux, il questionna Louise.

— Alors, ta mère t’a parlé de moi ? Comprend-elle, regrette-t-elle nos tourments ? Je l’ai toujours pensé, le jour où elle saura, elle me reviendra.

Mais la jeune fille avait posé gentiment un doigt sur ses lèvres. Elle souriait à son tour.

— Oh ! mon papa, ne me fais pas dire ce que je ne puis dire encore. Je mentirais, si je t’apportais de trop bonnes nouvelles. Nos affaires vont bien, voilà tout… Sois patient encore, aie confiance dans ta fille, qui s’efforce d’être aussi raisonnable et aussi tendre que toi.

Ensuite, elle donna des nouvelles peu rassurantes de la santé de Mme Berthereau. Depuis des années, cette dernière souffrait d’une maladie de cœur, que les derniers événements semblaient avoir aggravée tout d’un coup. Les colères de Mme Duparque, presque continues, à présent, les brusques tempêtes dont elle secouait la petite maison obscure et morne, faisaient sursauter la