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Page:Zola - Vérité.djvu/557

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être. La vie est là, et la vérité, et le bonheur.. Je t’en prie, ma fille, promets-moi de te rendre à mon dernier désir !

Puis, comme Geneviève, bouleversée, étouffée par les sanglots, ne répondait pas, elle se tourna vers Louise, éperdue elle aussi qui était venue s’agenouiller de l’autre côté de la chaise longue.

— Aide-moi donc alors, ma bonne petite-fille. Je sais tes idées, à toi. J’ai bien vu ton travail, ton effort, ici, pour ramener ta mère chez elle. Tu es une petite fée, une petite personne très sage, qui a beaucoup fait, dans le désir de nous donner un peu de tranquillité, à toutes les quatre… Et il faut que ta mère me promette, n’est-ce pas ? Dis-lui donc de me faire une grande joie, en me promettant d’être heureuse !

Louise avait saisi les mains de la triste femme, et elle les baisait, elle bégayait :

— Oh grand-mère, grand-mère, que tu es bonne et que je t’aime… Mère se rappellera ta volonté dernière. Elle réfléchira, elle agira selon son cœur, sois-en certaine.

Rigide, Mme Duparque n’avait pas bougé. Les yeux seuls vivaient, dans son visage glacé, coupé de grands plis. Et toute une furieuse colère s’y était rallumée, à mesure qu’elle se violentait pour ne pas brutaliser la mourante. Elle finit par gronder sourdement :

— Taisez-vous toutes les trois ! Vous êtes de malheureuses impies, en révolte contre Dieu, et que les flammes de l’enfer puniront… Taisez-vous, je ne veux plus entendre un seul mot ! Ne suis-je donc plus la maîtresse ici, l’aïeule ? Toi, ma fille, c’est la maladie qui t’égare, je veux le croire ; et toi, ma petite-fille, tu as Satan en toi, je t’excuse de n’avoir pu l’en chasser complètement encore, malgré ta pénitence ; et toi, mon arrière-petite-fille, j’espère toujours t’empêcher d’aller à ta damnation,