Page:Zola - Vérité.djvu/623

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quels ennuis, il a fait de son école le bon terrain où a pu pousser le nouveau Maillebois qui vous a élu.

— Oh ! s’écria Darras, vous avez été d’abord le grand ouvrier, je n’oublie pas les immenses services rendus par vous… Et soyez tranquille, Joulic et Mlle Mazeline seront désormais à l’abri de toute vexation, et je les aiderai même autant que je pourrai, pour hâter leur bonne œuvre, ce nouveau Maillebois, comme vous dites, de plus en plus intelligent et libéré… D’ailleurs, maintenant, c’est votre fille Louise, c’est Joseph, le fils du malheureux Simon, qui se dévouent à leur tour, qui continuent la besogne d’affranchissement. Vous êtes une famille de travailleurs héroïques et modestes à laquelle nous devrons tous beaucoup de reconnaissance un jour.

Un instant, ils causèrent de l’époque, lointaine déjà, où Marc avait pris l’école communale de Maillebois, dans des circonstances si désastreuses, après la première condamnation de Simon. Cela datait de plus de trente ans. Que d’événements depuis, et que d’écoliers avaient passé sur les bancs de l’école, apportant l’esprit nouveau ! Marc évoqua le souvenir de ses anciens, de ses premiers élèves. Fernand Bongard, le petit paysan à la tête si dure, qui avait épousé Lucile Doloir, une gamine intelligente, confite en Dieu par Mlle Rouzaire, était père d’une fille de onze ans, Claire, mieux douée et que Mlle Mazeline libérait un peu du servage clérical. Auguste Doloir, le fils du maçon, l’indiscipliné, travaillant peu, avait de sa femme, Angèle Bongard, têtue et d’ambition étroite, un fils de quinze ans, Adrien, sujet remarquable dont l’instituteur Joulic faisait un grand éloge. Son frère, le serrurier Charles Doloir, aussi mauvais élève que lui autrefois, un peu corrigé depuis son mariage avec la fille de son patron, Marthe Dupuis, avait aussi un fort garçon, âgé de treize ans, Marcel, qui venait de quitter