Page:Zola - Vérité.djvu/689

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Marc, de retour chez sa fille Louise, à l’école, où sa femme Geneviève l’avait attendu, et où tous deux devaient dîner avec leur fils Clément, Charlotte et Lucienne, eut la joie d’y trouver Sébastien et Sarah, arrivés à l’instant de Beaumont, pour dîner aussi. Toute la famille était donc là, et il fallut mettre les rallonges à la table. Il y avait Marc et Geneviève, puis Clément et Charlotte, avec leur fillette Lucienne, âgée de sept ans déjà, puis Joseph Simon et Louise, puis Sébastien Milhomme et Sarah, puis François Simon et Thérèse Milhomme, le cousin et la cousine, par Joseph et par Sarah, qui s’étaient épousés et qui avaient déjà une petite personne de deux ans bientôt, Rose : en tous douze convives, pleins de santé et d’appétit.

Dès le potage, lorsque Marc raconta son après-midi, le projet d’Adrien et la certitude où il était de le voir réussir, il y eut des acclamations. Et, comme Joseph émettait un doute, peu convaincu des bonnes dispositions du maire, Charlotte intervint :

— Vous vous trompez, mon oncle Léon est complètement avec nous. Il est le seul qui se soit montré bon pour moi, dans la famille.

Lorsque sa mère Hortense avait disparu, emmenée par un amant, elle était restée à la charge de son grand-père Savin, son père ayant dû être interné dans un asile, pour alcoolisme furieux. Et elle avait alors beaucoup souffert, rudoyée, ne mangeant pas toujours à sa faim. Savin, qui ne semblait pas se souvenir du résultat déplorable des leçons de pieuse hypocrisie données par Mlle Rouzaire à sa fille Hortense, accusait sa petite-fille Charlotte d’être une athée, une révoltée, qui devait à l’enseignement de Mlle Mazeline les plus fâcheuses allures. Elle était délicieuse, cette Charlotte, libérée des pruderies mensongères, mais d’une honnêteté saine et forte, toute à la raison et à la tendresse. Et Clément