Page:Zola - Vérité.djvu/701

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Et il criait :

— Dès que le pécheur avoue et fait pénitence, il n’est plus coupable, il rentre en grâce auprès de son souverain Maître !… Quel est donc l’homme qui ne pèche pas ? Toute chair est faillible, le religieux que la bête fait tomber au crime, a la seule obligation de s’en confesser, comme un simple laïque ; et, s’il reçoit l’absolution, s’il expie avec un ferme repentir, il se rachète, il est tout blanc, digne d’entrer au ciel, parmi les roses et les lis de Marie… J’avais confessé mon crime au père Théodose, qui m’avait absous, et je ne devais plus rien à personne, puisque Dieu, voulant tout, sachant tout, venait de me pardonner, par le sacrement d’un de ses ministres. Et, de même, à partir de ce jour-là, chaque fois que j’ai menti, chaque fois que mes chefs m’ont forcé à mentir, je suis retourné au confessionnal, j’ai lavé mon âme de toutes les impuretés dont la fragilité humaine la salissait… Hélas ! j’ai beaucoup, j’ai souvent péché, car Dieu, pour m’éprouver sans doute, a laissé le diable me brûler de tous les feux de son enfer. Mais j’ai usé ma poitrine à la battre de mes deux poings, j’ai fait saigner mes genoux sur les dalles des chapelles. J’ai payé, je répète que je ne dois rien, un vol d’archanges m’emporterait au paradis, si je mourais tout à l’heure, avant d’avoir eu le temps de succomber de nouveau à la boue première dont je viens… Et, surtout, je ne dois rien aux hommes, je ne leur ai jamais rien dû, mon crime ne peut être qu’entre moi et Dieu, dont je suis le serviteur. Il m’a pardonné, et si je parle aujourd’hui, c’est que je le veux bien, c’est que je veux joindre à la miséricorde divine le martyre d’une humiliation dernière, afin d’entrer au paradis en triomphateur, céleste joie que je goûterai, malgré mon abjection, grâce à la pénitence, et que vous ne connaîtrez jamais, race d’incroyants et de blasphémateurs, destinés tous à l’enfer.