Page:Zola - Vérité.djvu/716

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ne restait qu’un squelette tordu et noirci sous toute cette cendre. Et, comme si les deux ministres du Seigneur n’avaient pas suffi, cinq dévotes encore furent tuées, tandis que les autres s’enfuyaient, en hurlant, pour ne pas être écrasées sous la voûte, qui craquait, et qui s’effondra, amas énorme de débris, où rien ne restait du culte.

Il y eut, dans tout Maillebois, une stupeur. Comment le Dieu des catholiques pouvait-il se tromper ainsi ? C’était la question troublante, qui, jadis, revenait chaque fois qu’une église était foudroyée, le clocher s’abîmant sur le prêtre et sur les fidèles à genoux. Dieu voulait-il donc la fin de sa religion ? Ou bien était-ce, plus raisonnablement, qu’il n’y avait pas de main divine conduisant la foudre, force naturelle qui sera la source du bonheur, lorsque l’homme l’aura domestiquée ? Mais le frère Gorgias reparut à cette occasion, on le vit parcourir la rue de Maillebois en criant que Dieu, cette fois, ne s’était pas trompé. Dieu l’avait écouté, s’était décidé à foudroyer ses supérieurs imbéciles et lâches, pour donner une leçon à toute son Église, qui ne pouvait refleurir que par le fer et par le feu. Et, un mois plus tard, Gorgias lui-même fut trouvé, la tête fendue, le corps souillé de traces immondes, devant la maison louche, où l’on avait déjà ramassé Victor Milhomme.