Page:Zola - Vérité.djvu/752

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le meilleur de son cœur et de son intelligence. Tous étaient là ses élèves, enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants, et tous l’entourèrent comme un patriarche très vénérable, très puissant, de qui était né l’heureux avenir. Il avait gardé sur ses genoux la petite Rose, la quatrième génération en fleur, qui lui avait passé les bras autour du cou et qui le baisait à pleine bouche. Sa petite-fille Lucienne, par derrière lui faisait aussi un collier de ses bras frais de jeune fille. Sa fille Louise, son fils Clément s’étaient mis à ses côtés, avec Joseph et Charlotte. Sébastien et Sarah lui souriaient, lui tendaient leurs mains unies, tandis que Thérèse et François, comme rapprochés par leur mutuelle tendresse pour l’aïeul auguste, se trouvaient assis à ses pieds. Et Marc, très attendri, étouffé sous les caresses, voulut plaisanter, avec un joli rire.

— Mes enfants, mes enfants, il ne faut pas faire de moi un dieu. Vous savez qu’on ferme les églises… Je ne suis qu’un ouvrier laborieux qui a fait sa journée. Et puis, je ne veux pas triompher sans ma bonne Geneviève.

Il l’attira, la prit à son bras, et tous l’embrassèrent, elle aussi, pour que ce fût le couple réconcilié, maître désormais du bonheur possible, qui fût de la sorte glorifié, dans cette salle de l’instruction primaire, parmi ces humbles bancs où devaient s’asseoir encore les enfants des enfants, les générations en marche vers la Cité heureuse.

Et ce fut la récompense de Marc, de tant d’années de courage et de lutte. Il voyait son œuvre. Rome avait perdu la bataille, la France était sauvée du grand danger de mort, la poussière de ruine où disparaissent les unes après les autres les nations catholiques. On l’avait débarrassée de la faction cléricale qui se battait chez elle, ravageait ses champs, empoisonnait son peuple, tâchait de refaire les ténèbres pour s’assurer de nouveau la domination