Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/291

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la première crise qu’avait traversée Verhaeren lui avait révélé la stérilité de la négation : au sortir de cette crise il avait compris que nous ne pouvons vraiment prendre contact avec le monde extérieur, que si nous l’acceptons, que si nous en affirmons l’existence, que s’il nous inspire de l’amour ou de l’enthousiasme.

Pour vivre clair, ferme et juste,
Avec mon cœur, j’admire tout
Ce qui vibre, travaille et bout
Dans la tendresse humaine et sur la terre auguste.[1]

Nous n’avons vraiment d’action sur les choses qu’autant que nous en avons, à un point de vue très général, pénétré la beauté, l’impérieuse nécessité, la vie intime. L’univers réclame de nous une adhésion absolue. Aussi la loi de notre développement est-elle d’accroître notre pouvoir de compréhension et d’admiration, de nous sentir dans une communion de plus en plus étroite avec le monde extérieur. Il ne suffit pas d’observer, ni même de comprendre. Un phénomène n’entre à vrai dire dans le domaine de notre conception, que lorsqu’il est accepté par nous dans sa véritable signification, dans sa rigoureuse nécessité.

  1. « Autour de ma maison » (la Multiple Splendeur).