Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/331

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qu’une existence rustique puisse le satisfaire complètement. Il offre cette diversité de goûts que présente l’homme d’aujourd’hui, lequel se sent proche de la nature, mais ne peut cependant se priver de sa fleur suprême : la culture. Il passe l’hiver à Paris, la plus vivante des capitales : si le silence est pour lui une nécessité intérieure, il trouve une excitation précieuse dans l’agitation bruyante des grandes villes. Il s’abandonne avec joie au mouvement des rues, il s’enthousiasme pour les livres, les tableaux, les hommes. Il suit depuis de longues années, dans ses moindres détails, le développement artistique, sympathisant avec les talents qui se découvrent et s’affirment.

Il combine d’ailleurs fort heureusement ses goûts de solitude et ses instincts de sociabilité. Ce n’est pas à Paris même qu’il séjourne, mais à Saint-Cloud, dans une petite maison pleine de tableaux et de livres et que fréquentent assidûment de bons amis. L’amitié, une camaraderie cordiale et joyeuse, ont toujours été une condition de l’existence pour cet homme qui sait se donner avec une si aimable spontanéité. Aucun de nos poètes d’aujourd’hui n’a peut-être autant d’amis et de si bons amis. Rodin, Maeterlinck, Lemonnier,