Poésies (Desbordes-Valmore, 1822)/À la Seine

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Poésies
Théophile Grandin (p. 169-170).

À LA SEINE.

Rive enchantée,
Berceau de mes amours ;
Onde argentée,
Image des beaux jours ;
Que ton cours est limpide !
Que ta fuite est rapide !
Ah ! pour mon cœur,
C’est l’adieu du bonheur.

Déjà ma lyre
Gémit dans les roseaux ;
Et mon délire
A fait frémir tes eaux.
La naïade plaintive
Se penche sur la rive
Pour m’écouter,
Me plaindre, et m’arrêter.

Cette eau si belle
T’abandonne en courant ;
Moi, plus fidèle,
Je m’éloigne en pleurant.

Demain celui que j’aime
M’appellera lui-même :
Vœux superflus !
Je ne l’entendrai plus.

Ah ! dans ta course,
Emporté mes tourments.
Mais, à ta couse,
Retiens tous mes serments.
Si l’objet que j’adore
Vient m’y chercher encore,
Dis-lui qu’Amour
T’a promis mon retour.