Pour cause de fin de bail/Utilisation militaro-véhiculaire du mouvement oscillatoire du bras gauche chez les troupes en marche

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UTILISATION MILITARO-VÉHICULAIRE DU MOUVEMENT OSCILLATOIRE DU BRAS GAUCHE CHEZ LES TROUPES EN MARCHE.

Ce titre seul, à la rigueur, me dispenserait d’en dire plus long, si mon contrat avec mon éditeur ne stipulait point, de ma part, un nombre minimum de lignes, et si, d’ailleurs et surtout, ma conscience exigeuse ne m’incitait à pousser davantage une aussi pâle ébauche.

La vérité, c’est que j’arrive de Montargis, bourgade dont le nom seul nous dispense d’en dire plus long sur le sublime dévouement de sa race canine.

Pour ce qui est de la Fidélité poussée jusqu’au Sacrifice, le chien de Montargis tient, sur l’échelle de l’estime générale, le même rang que l’oie du Capitole dans le domaine de la Vigilance.

(Et même — pourquoi ne le dirait-on pas puisque voici justement une parenthèse ? — quels admirables résultats ne donnerait-il pas, le croisement de ces deux sortes de bestiaux pour la création d’une race spécialement applicable à la garde et à la défense des habitations isolées !)

Mais toutes ces considérations nous entraînent loin de notre sentier. Ainsi que l’a dit notre digne maître Franc-Nohain :

Revenons
À nos moutons.

Or donc, pour employer la forte expression de Chincholle, j’assistai récemment, comme par une sorte de hasard prémédité, à une expérience des plus intéressantes accomplie au 89e d’infanterie sous les ordres et d’après l’inspiration du bien connu lieutenant Th. Machin.

… Les personnes qui habitent une ville de garnison ne sont point sans avoir remarqué le mouvement oscillatoire et même pendulaire, dirait l’ami Serpollet, qu’imprime la marche au bras gauche du vaillant petit pioupiou français.

Il va sans dire que si ces messieurs portaient l’arme sur l’épaule gauche, ce serait le bras droit qui profiterait de ce balancement.

Après une dizaine d’années d’un labeur opiniâtre, le lieutenant Th. Machin est arrivé à utiliser ce phénomène, et cela le plus ingénieusement du monde.

Des cordes tendues que les hommes tiennent de la main gauche, cordes qui correspondent à un treuil placé sur une voiture, lequel treuil met en mouvement des bielles, lesquelles bielles, finalement, actionnent les roues de la dite voiture.

C’est désormais la suppression des chevaux et mulets attelés aux voitures régimentaires : et voilà, du coup, une énorme économie réalisée sans que les hommes en aient le moins du monde à pâtir, car il est démontré qu’ainsi employé, le travail d’une trentaine d’hommes correspond, sans trace de fatigue pour ces derniers, à l’effort d’un cheval.

Pour plus de détails, consulter le numéro de l’Illustration de la semaine prochaine qui publiera, sur ce sujet, d’intéressants croquis et dessins avec le portrait du lieutenant Th. Machin.