Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris/Pichegru

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CIMETIÈRE SAINTE-CATHERINE,
FAUBOURG SAINT-MARCEL.

Planche 56.

TOMBEAU DU GÉNÉRAL EN CHEF PICHEGRU.

Le monument où reposent les restes de ce grand capitaine, se voit en entrant, en face de la porte du cimetière. Il a la forme d’un sépulcre antique, dont le couvercle forme, à sa partie supérieure, un amortissement sur lequel est posé une sphéroïde ou ovale de ronde bosse, où l’on a gravé deux petits sabres en sautoir, et qui est surmonté d’un casque ; une couronne de laurier orne le devant du tombeau.

Ce monument et l’estrade sur laquelle il est posé, sont construits en pierre, et ombragés par un gros saule pleureur et un laurier. Les arbres du voisinage forment un paysage mélancolique, au fond duquel on voit le mur du cimetière, et les regards s’élèvent jusqu’au dôme de Ste-Geneviève.

Cette gravure de tombeau, ainsi que toutes les autres, est d’une exacte proportion. La première pierre a été posée par Mlle Élisabeth Pichegru.

C’est donc là que reposent les restes du vainqueur de la Hollande, de ce général en chef, dont un seul exploit aurait immortalisé plusieurs capitaines ! Que le monument qui s’élève en son honneur, par l’amitié de ses anciens compagnons d’armes, et par l’admiration d’un grand nombre de ses compatriotes, soit bientôt terminé pour l’honneur de sa mémoire, pour l’ornement de son pays, et pour l’encouragement des guerriers qui se sentiraient capables de l’imiter !




FRAGMENT.


Extrait de l’Épître au peuple, par Thomas.

. . . . . . . . . . . . . . .

Peuple, les passions ne brûlent pas ton cœur,
Le travail entretient la robuste vigueur.
Hélas ! sans la santé que m’importe un royaume.
On veille dans les cours, et tu dors sous le chaume ;
Tu conserves des sens : chez-toi le doux plaisir
S’aiguise par la peine, et vit par le désir ;
Le souris d’une épouse, un fils qui te caresse,
Des fêtes d’un hameau la rustique allégresse,
Les rayons d’un beau jour, la fraîcheur d’un matin,
Te font bénir le ciel et charment ton destin.
Tes plaisirs sont puisés dans une source pure
Ce n’est plus que pour toi qu’existe la nature.
Qui vécut sans remords, doit mourir sans tourment,
Tu ne regrettes rien dans cet affreux moment,
Plus on fut élevé, plus la mort est terrible,
Et du trône au cercueil le passage est horrible ;
Sur l’univers entier la mort étend ses droits :
Tout périt, les héros, les ministres, les rois.
Rien ne surnagera sur l’abyme des âges.
Ce globe est une mer, couverte de naufrages,
Qu’importe, lorsqu’on dort dans la nuit du tombeau,
D’avoir porté le spectre, ou traîné le râteau ?
L’on n’y distingue point l’orgueil du diadème ;
De l’esclave et du roi la poussière est la même.
Peuple, d’un œil serein envisage ton sort.
N’accuse point la vie, et méprise la mort.
La vie est un éclair ; la mort est un asile ;
Ton sort est d’être heureux ; ta gloire est d’être utile ;
Le vice seul est bas ; la vertu fait le rang ;
Et l’homme le plus juste est aussi le plus grand.