Revue des Romans/Samuel-Henri Berthoud

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Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839


BERTHOUD (S. Henri).


LA SŒUR DE LAIT DU VICAIRE, histoire de province, in-8, 1832. — Le roman de M. Henri Berthoud devait d’abord s’intituler Bah !… et il eût à merveille justifié son titre ; car c’est l’exclamation des froids égoïstes, des âmes desséchées, en présence d’une souffrance morale et d’une lente agonie. M. Berthoud offre une scène d’intérieur, une scène en Flandre, un mari trompé. Ici on voit une femme sacrifiée comme tant d’autres, une femme délaissée pour l’estaminet, une femme non comprise par l’intelligence étroite qu’un prêtre a mise en rapport avec la sienne… Un peintre se présente : Caroline l’a connu ; Dieu sait la résistance qu’oppose Mme Fremont ; enfin Léopold triomphe, et tout à coup, lorsque l’amour de sa maîtresse n’a fait qu’augmenter, il la laisse là pour une brillante actrice. Il s’abandonne à une vie toute de dissipation, de débauche enivrante ; et quand sa victime, qui a perdu pour lui son enfant, sa mère, son honneur, l’estime de son mari, quand la désolée Caroline se traîne jusque chez le peintre pour implorer de lui un dernier regard, un adieu, un pressement de main… il la voit de sang-froid agonisante, et dit : Bah !… Caroline se brise et meure. — Cette production, tracée sous l’inspiration de la mélancolie, offre une fable toute palpitante d’intérêt. Il y a cependant quelques chapitres oiseux : l’action est trop simple, et se ressent trop de l’habitude qu’a l’auteur de publier, dans les journaux, des contes délicieux, mais courts.

L’HONNÊTE HOMME, un vol. in-8, 1837. — Dans cet ouvrage, écrit pour être utile, pour instruire, et non pas seulement pour amuser, chaque chapitre est une leçon, chaque page est un bon exemple. Dans le récit d’une histoire bien simple, qui se passe entre quelques personnages bourgeois, il règne une émotion à laquelle il est difficile de ne pas se laisser aller. Il y a surtout l’aventure de deux sœurs, Sara et Nelly, deux jeunes Anglaises jetées par la tempête dans une île abandonnée, qui rappelle les meilleures pages de Daniel de Foë, et les plus touchantes aventures de Robinson.

Nous avons encore de M. Berthoud : Chroniques et Traditions surnaturelles de la Flandre, 3 vol. in-8, 1831-34. — Contes misanthropiques, in-8, 1831. — Asraël et Nepta, in-8, 1832. — Le Régent de rhétorique, in-8, 1833. — Le Cheveu du Diable, 2 vol. in-8, 1833. — Mater Dolorosa, 2 vol. in-8, 1834.