Rutebeuf - Oeuvres complètes, 1839/Notes et éclaircissements Vol 2/Note B

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Rutebeuf - Oeuvres complètes, 1839/Notes et éclaircissements Vol 2
Rutebeuf - Œuvres complètesChez Édouard Pannier2 (p. 260-357).
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NOTE B.

(Voyez page 79, note 1.)


Théophile, dont la pénitence fait le sujet du Miracle composé par Rutebeuf, vécut, d’après Bollandus (tome I, page 480, 4 février), vers l’an 538. Il fut, à ce qu’il paraît, vidame (vice dominus ; Paul diacre dit œconomus) de l’église d’Adana en Cilicie. Ces fonctions étaient sans doute alors fort révérées, et celui qui en était revêtu n’avait de supérieur immédiat que l’évêque. Voici comment les canons du concile de Chalcédoine définissent le mot œconomus : « Quia in quibusdam ecclesiis episcopi sine œconomo res ecclesiasticas tractant, placuit omnes ecclesias habentes episcopos etiam œconomum habere de proprio clero, qui gubernet ecclesiæ res cum arbitrio sui episcopi. »

Théophile acquit une telle considération dans sa charge qu’après la mort de son évêque on voulut l’élire à sa place ; mais, soit humilité, soit défiance de lui-même, il refusa, et un autre fut nommé. À peine ce nouveau supérieur fut-il promu à l’épiscopat que Théophile tomba en disgrâce auprès de lui et se vit retirer ses fonctions. Réduit par ce fait à la misère, irrité d’ailleurs de l’injustice qu’il éprouvait, l’ex-vidame se laissa aller à de mauvaises pensées. Par l’entremise d’un Juif qui avait des relations avec Satan il renia Jésus-Christ, et fit un pacte avec le mauvais esprit à condition que celui-ci l’enrichirait et lui ferait rendre ses honneurs ; mais, à peine eut-il signé cette convention qu’il eut horreur de son crime. Il se mit alors à implorer la sainte Vierge, pour qui il avait toujours eu une grande dévotion, et la pria de lui faire rendre le contrat. Marie, la douce mère Dieu, comme disent nos anciens poètes, se souvint de son serviteur ; elle consentit à ce qu’il lui demandait si humblement avec tant de repentir, et força le démon à rendre à Théophile le pacte qu’ils avaient conclu ensemble.

Telle est la légende que Rutebeuf a rimée et dramatisée, en ajoutant toutefois des circonstances plaisantes ainsi que quelques développements propres à une œuvre scénique. À dater de son origine jusqu’à la fin du 15e siècle, l’histoire de Théophile a joui d’une grande célébrité. Écrite d’abord en grec par Eutychien (Eutychianus, qu’il ne faut pas confondre avec son disciple Eutychius), puis d’après lui, à ce qu’il paraît, par Siméon le Métaphraste, elle fut traduite en latin par Paul diacre, de Naples, mise en vers au 10e siècle par la fameuse abbesse de Gandersheim, Rhossvittha, et sur la fin du 11e par Marbode, évêque de Rennes.

Saint Damien, dans un sermon sur la Vierge, saint Bernard, dans un autre sur les paroles de l’Apocalypse, saint Bonaventure, Albert-le-Grand, Tritthême, Vossius, Lipélous, Vincent de Beauvais, Canisius, Brendebachius, Albéric de Trois-Fontaines, Martin Polonus, Sigebert et quelques autres en font mention.

Les deux recensions grecques, qui offrent entre elles cette différence que la première semble rapporter les actes dans le sens de l’Église romaine, la seconde dans celui de l’Église grecque, n’avaient jamais été imprimées : on les trouvera plus loin. J’en ai dû la communication au savant éditeur de saint Chrysostôme et de saint Basile, M. Louis de Sinner, qui a bien voulu y ajouter des corrections philologiques.

L’histoire de Théophile se trouve aussi conservée dans un grand nombre de manuscrits latins qui sont aujourd’hui dispersés dans différentes bibliothèques. Ceux dont l’indication exacte, est venue à ma connaissance sont le Ms. 3020 (x. centur.) de la bibliothèque harléienne ; un autre de la bibliothèque ecclésiastique de Glascow (Johannes glastoniensis, volumen secundum, page 436) ; les Mss. 2167 de la bibliothèque du roi, à Paris, in-4o, 13e siècle ; 2353, idem, in-folio, 13e siècle ; 5075, idem, in-folio, 13e siècle, ancien Ms. de Tellier ; 5353, idem, 11e siècle, ancien Ms. de Colbert, in-folio ; 5572, 11e siècle, in-4o, ancien Ms. de Faure. Tous ces manuscrits, du moins ceux de la bibliothèque du roi, sont en prose, et l’histoire de Théophile, qui n’est que la paraphrase d’Eutychien faite par Paul diacre, y commence ainsi : « Factum est priusquam incursio fieret, etc. » Il en est de même pour un Ms. de la bibliothèque du Mans (12e siècle) cité par Hænel dans son Catalogue des diverses bibliothèques d’Europe, t. I, col. 200, sous le no 120. Je puis affirmer ceci positivement, M. Richelet, bibliothécaire au Mans, connu par plusieurs publications intéressantes, ayant bien voulu m’envoyer, sur ma demande, une analyse de cette recension, qui est intitulée dans le manuscrit Miraculum de Theophilo.

La bibliothèque du roi contient encore un Ms. du 11e siècle (no 2333 A) qui nous offre, au folio 116, une pièce de vers De Theophilo.

Comme ce ne sont ni les vers de Rhossvitha ni ceux de Marbode, il pourrait être curieux d’examiner cette production de plus près que je ne l’ai fait. Toutefois je ne devais point agir autrement, car mon intention était de donner ici seulement une notion générale sur la légende dont nous parlons, mais sans épuiser ce sujet : peut-être y reviendrai-je plus tard.

Nos trouvères ne restèrent point en arrière des poëtes latins, et ils célébrèrent en langue d’oïl l’histoire de Théophile.

On lit dans le Miserere du Reclus de Moliens (Ms. du fonds N.-D., no 2, fol 129, vo) :

Cil qui parmi sa bouche dist
Ke il renoioist Jhésu-Crist
Et sa mère, Théophilus,
Et au diable hommaige en féist,
Et cyrographe l’en escrit,
Refu puis si bien esmolus
En repentir ke retolus
Fu au déiable et absolus ;
Car la Dame en sa main le prist
Ki de tout le monde est salus,
Qui relie les dissolus
Et les cuers amers radoucit.

Qui cuidast de ce renoié
Ke déiable avoient loié
En despoir d’orrible menière
Et de la loy Dieu desloié
Ke Dieu li éust otroié
Jamais ne pardon ne lumière.
N’estoit pas sa courpe legière,
Mais il ot bonne messagière,
Car puis k’ele a son Fil proié
Tantost est faite sa proière.
Doucement sont d’amor entière
Li filz et la mère aloié.

Gauthier de Coinsy fit du Miracle de Théophile un poëme assez considérable qui est resté inédit jusqu’à nous, et qu’on trouvera plus loin.

Deux autres petits poëmes du 13e siècle intitulés, l’un Les Vins d’Ouan (Ms. 7218, folio 217, vo), l’autre De Enguerrand, qui vesque de Kambrai fu, publiés par M. Édouard Leglay, font encore allusion à Théophile. On lit dans ce dernier les vers suivants :

Douche mère Diu, ki sauvas
Theophylus et confortas,
Œvre li l’uis de paradys.

Le premier contient ceux-ci :

Virge qui sanz pechié fus née,
Qui le cors Jhésu-Crist portas
Et Théophilus confortas, etc.

Le Ms. 7218, fol. 174, contient une pièce anonyme adressée à Notre-Dame, dans laquelle l’histoire de Théophile est rappelée à deux reprises en ces termes :

Dame par qui fu ravoiez
Théophilus li desvoiez, etc. ;

et

Encor proia Théophilus,
Virge Dame des ciex lassus, etc.

Enfin Bollandus, t. I, collect. 1, page 483, dit : « In palatio Bruxellensi, extat gallico idiomate præclarum opus de variis miraculis per intercessionem sanctissimæ Dei paræ patratis, in quo primum eminet beneficium huic Theophilo pænitenti præstitum, et historia late refertur. »

Le même, fol. 2, même page, dit encore : « In auctario Ms. carthusiæ Bruxellensis, ad usuardum, xiv octobris hæc leguntur. — Item B. Theophili confessoris in una civitate Ciliciæ vicedomini, mire pænitentis ob negationem, quam fecerat Dei ; sed per beatam Virginem veniam impetrantis ac salvati ; quia per ipsam chirographum, qua diabolo homagium fecerat, recepit, et in signum gratitudinis sequentiam edidit — Ave Maria, gratiâ plena, Dominus tecum, Virgo serena, etc. »

Il m’a été impossible, malgré les recherches que j’ai fait exécuter en Belgique, de savoir ce que sont devenus ces deux manuscrits[1].

Enfin l’auteur des Repues franches, Villon, cet aïeul de Marot et de Rabelais, a écrit dans une ballade faite à la requête de sa mère, pour prier Notre-Dame :

A vostre Filz dictes que je suis sienne :
De luy soient mes péchez absoluz ;
Qu’il me pardonne comme à l’Egyptienne,
Ou comme il fit au clerc Théophilus,
Lequel par vous fut quitte et absoluz,
Combien qu’il eût au diable fait promesse.

Les arts s’emparèrent aussi au moyen âge de la légende de Théophile. Nous la retrouvons sculptée au flanc gauche de Notre-Dame de Paris en deux endroits différents, savoir : au-dessus de la porte d’entrée extérieure, dans l’angle de l’ogive formée par le portail, et, plus loin, vers le chevet de l’église, dans le dernier médaillon sculpté extérieurement autour de l’abside. Ayant eu l’idée de faire mouler en plâtre la première de ces sculptures, idée à laquelle la dimension réelle des personnages, dont on ne peut juger d’en bas, me força de renoncer lorsque je les vis de près, je profitai néanmoins de la permission que j’avais obtenue de faire dresser un échafaudage pour examiner attentivement de près l’œuvre due au ciseau de nos aïeux. Chacune des figures destinées à perpétuer la mémoire de l’histoire de Théophile me parut sculptée avec soin jusque dans ses plus minces détails ; les têtes présentent une grande expression, et l’ensemble est convenablement agencé. Toutes ces sculptures ont été peintes autrefois ; on remarque encore dans leurs interstices où la pluie n’a point pénétré des traces de couleurs qui ont résisté au temps. J’ai lu aussi très-distinctement, tracés en noir sur la pierre à l’endroit où Théophile tend sa charte au démon, ces mots : Theophilus ; et à celui où la Vierge lui fait rendre son chirographe : Theophili carta. Je ferai observer que dans cette sculpture la Vierge n’est point, comme dans le Miracle de Rutebeuf, armée d’une lance : elle tient à la main une épée, dont elle menace Satan.

Dans le médaillon de l’abside, qui est placé à hauteur d’homme, presque toutes les figures sont endommagées, et avant peu d’années il deviendra probablement difficile d’y rien reconnaître. Sans s’exagérer le mérite de cette sculpture et de celles qui l’environnent, n’est-ce point ici le lieu de protester contre la déplorable insouciance qui livre sans défense aux atteintes des Vandales ou aux caprices des enfants les sculptures et les vitraux de nos cathédrales ? Pourquoi ne pas établir un gardien chargé de veiller sur chacun de nos temples ? ou plutôt pourquoi ne pas les entourer d’une grille comme on fait pour des monuments profanes ? Songeons-y : avec le régime social dans lequel nous sommes entrés, et qui, en tendant à la diffusion des lumières, tend également à celle des forces et de la fortune de l’état, élever de grands monuments devient chaque jour, même pour les grandes nations, une chose fort difficile. Sauvons donc au moins ceux qui nous restent encore, et parmi eux surtout nos anciennes églises gothiques, ne fût-ce qu’à titre de souvenir pour la foi ardente qui fit ériger par nos aïeux leurs merveilleuses tours, d’admiration pour le système d’ornements et d’architecture dans lequel sont construites leurs nefs, de respect pour le Dieu qu’elles renferment.

Je reviens au Miracle de Théophile. Il est probable que cette légende fut ciselée sur d’autres cathédrales que Notre-Dame de Paris : les imagiers la taillèrent sans doute dans le bois ou sur l’ivoire des dyptiques ; les fabricants de tapis historiés la traduisirent vraisemblablement en laine, et les peintres durent la reproduire, bien que je ne sache pas qu’elle nous soit ainsi parvenue parmi les miniatures nombreuses des manuscrits. Ce qui est certain, c’est qu’au 16e siècle un des grands artistes de cette époque favorisée ne dédaigna pas de rajeunir sous son pinceau le Miracle de Théophile[2]. On lit dans l’histoire de Nancy, par l’abbé Lionnois, tome I, page 234 :

« Dans la chapelle de la Conception de la paroisse de Saint-Epvre on aperçoit un tableau de 15 pieds de hauteur sur 12 de largeur, peint à l’huile sur un mur de pierres de taille : il contient six traits singuliers de dévotion envers la sainte Vierge, sans aucune confusion dans l’ensemble, quoique les sujets soient des plus disparates. Outre l’avantage qu’il a d’être un des plus anciens tableaux de quelque mérite qui se soient conservés dans la province, il a encore celui de faire connaître, avec le goût du temps, la protection que nos anciens ducs ont toujours accordée aux artistes étrangers, qu’ils ont eu soin d’attirer à grands frais dans leurs états. L’auteur de cet ouvrage est Léonard de Vinci, italien, qui a fait aussi la cène du réfectoire du couvent des Cordeliers. On y a attaché des pattes et des lattes pour orner le mur de tapisseries les jours de solennités. On a fait pis : on l’a couvert en entier d’un blanc de chaux pour en cacher la peinture. J’ai fait enlever cette chaux, et j’ai vu avec plaisir que, malgré tous ces efforts pour anéantir ce bel ouvrage, il conserve encore un air de fraîcheur. Les couleurs se sont maintenues, le dessin en est régulier, et la plupart des figures sont achevées. Il a été fait au commencement du règne du duc Antoine, contemporain de François Ier, restaurateur, en France, des sciences et des arts.

« Au haut et dans le milieu de ce tableau on aperçoit une Vierge portée sur les nues, ayant une couronne sur la tête, tenant de la main droite sur ses genoux l’enfant Jésus, qui paraît tendre les bras à tous ceux qui implorent la protection de sa mère. Au côté droit on lit ces vers en lettres gothiques :

« Je suis Marie, reine des cieulx,
Que de Dieu mon Filz feray don,
Qui sera accordé à tous ceulx
Qui feront ma conception ;

au côté gauche, ces autres :

« Tous ceulx et celles qui en mon nom
Feront du bien de bon couraige
Paradis auront pour lequel don,
Et au monde auront grant aaige.

« Cette Vierge tient de la main gauche un grand papier, qu’elle rend à un homme peu éloigné et qui fait le sujet du premier tableau. Cet homme, nommé Théophilus, dans un moment de désespoir avait promis, selon l’inscription, de se donner au diable. Pour sûreté de sa promesse il lui en avait fait un billet, ou, comme on disait dans ce siècle d’ignorance, un pacte. Touché de repentir, il a recours à Marie, qui, au moment que le diable exige l’exécution du traité, enlève au démon la cédule qui contenait l’obligation et la rend à Théophilus. C’est au moment qu’il exprime toute la vivacité de sa reconnaissance que le peintre l’a représenté, tandis que son ennemi se livre aux transports de sa fureur de voir sa proie lui échapper. Les vers suivants indiquent ce que nous venons de rapporter :

« Theophilus donna son âme
Au diable, et lettre lui bailla ;
Puis il retourna à Notre-Dame,
Laquelle la lettre lui livra. »

Je ne sais si les vers qu’on vient de lire ont été copiés par l’abbé Lionnois aussi inexactement que les légendes qu’il rapporte plus loin de la tapisserie de Nancy prise sur Charles-le-Téméraire, mais mon ami et collaborateur, M. Victor de Sansonetti, qui a vu la fresque dont parle l’abbé Lionnois, et qui se propose de la donner, m’a affirmé qu’elle n’est pas de Léonard de Vinci, mais qu’elle remonte beaucoup plus loin, étant composée à peu près dans la manière d’Albert Durer.

Quoi qu’il en soit, la légende de Théophile, avec son fantastique et son merveilleux, se mariait trop bien à l’esprit du moyen âge pour que le théâtre ne cherchât pas à en tirer parti, surtout après la célébrité que dut lui donner la pièce de Rutebeuf. Il est donc probable qu’on broda plus tard sur le même sujet. Du moins, D. Carpentier, dans son dictionnaire, au mot Ludus Christi, rapporte-t-il, d’après un acte qu’il cite (Litter. remiss. ann. 1384), que « les habitans de la ville d’Aunay et du pays d’environ eussent entrepris que le dimenche après la Nativité saint Jehan Baptiste, ilz feroient uns jeux ou commémoration du miracle qui à la requeste de la virge Marie fust fait à Théophile, ouquel jeu avoit un personnage de un qui devoit getter d’un canon. »

Enfin M. Richelet, dans la lettre qu’il voulut bien m’écrire au sujet du Ms. de la bibliothèque du Mans cité par Hænel, m’apprend, mais sans me citer son autorité, qu’un Miracle de Théophile fut joué au Mans, sur la place des Jacobins, en l’année 1539.

Voici maintenant le poëme de Gauthier de Coinsy d’après le Ms. 2710 de la bibliothèque du roi, mais précédé d’un prologue qui se trouve au Ms. 6987 de la même bibliothèque.


LI SESSIME EST DE THÉOPHILUS.


Vous, qu’el livre lire vaurés.
En la septime branque orrés
Parler d’un clerc de grant renon ;
Théofilus avoit à non.

Riches fu d’or et de pecune,
Et tost le desmonta Fortune.
Fortune, qui le roe torne
En pau d’eure, si le destorne
Que de Diu l’a tot destorné ;
Tant l’a Fortune tost torné
Que il fist au déable oumage.
Certes, il n’ot pas le cuer sage.
Or escoutés com grant meskief,
Del sanc méisme de sen kief
Escrist le carte et le sael,
Et dounée au mavais kael,
En si grant povreté kaï
Que Diu et ses sains en haï.
Si fu kaüs en despéranche
Que Diu maudist et sa créanche ;
En ort peciet si se noia
Que le cors Diu en renoia ;
Mais ainc sa Mère renoier
Ne vaut, ainçois s’alast noier,
La très douce Virge pucele,
Qui de Dieu est mère et ancele ;
Car ançois que li anemis
L’éust en cele dolor mis
L’avoit sur tote riens amée
Et Dame et amie clamée.
En grant hautèce fu remis
Cil qui de Diu se fu demis.
Sa vie a éu si lonc tans,
De çou ne sui-jou pas mentans.
Devant une bele capele
C’om de la mère Diu apele
Theophilus .i. jor passa,
Qui mult fort en son cuer pensa ;
Li capelete fist al kans.
Theophilus oï les kans
Canter de la mère Diu douce :
Teus repentance au cuer li toce
Et tés pités qu’il se pasma.
Au relever las se clama :
« Elas ! que sui-jou devenus ! »
Devant l’image en est venus :
Allé fu tant à orissons,
A genillons, si com lissons,

Que la Dame, qui tot racorde
Par sa douce miséricorde,
Sa carte iluec li raporta.
En li servir grant déport a,
Et le racorda à son Fil,
Et si le délivra d’escil.
S’orés comment li veske sot
Le miracle ; n’eut pas cuer sot :
Theophilus o soi enmaine,
Theophilus grant joie en maine
Li veskes, cui li cors Diu saint
Préecha le miracle saint.
S’orés comment Theophilus,
Qui de péchié fu asolus,
I. peu après çou rendi âme.
Diex l’enporta et Nostre Dame.
Après la mort Dius nous enport
Ès cieus, où tant a de déport !

Ce fist Peros de Neèle,
Qui en trover tos s’escervele.


COMMENT THÉOPHILUS VINT A PÉNITANCE.
Ms. 2710 du fonds La Vallière.


Pour chaus esbatre et déporter
Qui se déportent au porter[3]
Honor celi qui Dieu porta[4],
Miracles, où grant déport a,
Rimoier vueil par grant déport ;
Car en trover molt me déport
De cele qui fist la portée
Qui toute joie a aportée.
En li loer est mes déporz ;
Car c’est la rive et li drois porz
Qui toz les doz déporz aporte
Et qui dou ciel est ponz et porte.

Il m’est avis que truis el livre
Qui matère me done et livre[5],
Qu’ainz que Persant par lor pooir
Rome venissent asséoir,
Un evesques eut douz et propice
En la contrée de Celice[6].
Cil évesques ot .i. vidame
Qui molt honoroit Nostre Dame
Et par paroles et par faiz[7].
Si bons hons ert et si parfaiz
Que molt estoit de grant renom.
Théophilus avoit à non ;
Tant estoit douz et tant humains
Qu’il ne pooit tenir as mains
Tost ne donast à povre gent.
N’estoit pas sers à son argent,
Car ses argens si le servoit
Que l’amor Dieu li deservoit[8].
Ses évesques tant com veschie
Garde le fist de s’éveschie[9],
Car sanz doutance bien savoit
Que tant de bien en lui avoit
Et tant estoit de sainte[10] vie,
Ne fesist nulle vilenie
Por promesse ne por avoir.
Sages hons iert, de grant savoir
Et plains de grant discrétion ;
Tant iert de grant religion
Et plains de grant humilité
Qu’il n’avoit clerc en la cité
N’en l’éveschié de tel renon.
La sade Virge al très doc non[11]
Qui nomée est sainte Marie
Honora molt toute sa vie[12] ;

Buer la servi et buer l’ama ;
S’à son besoing la réclama
Ne cuit que pas la trovast sorde ;
Quar n’est douceurs en lui ne sorde.

Que qu’il estoit en si haut pris,
A son évesque est uns maus pris
Dont ne pot estre respassez.
Quant fu du siècle trespassez,
Tuit s’asemblèrent clerc et lai :
S’ont esléu[13] sanz nul délai,
En l’onor Dieu et Nostre-Dame,
Théophilum lor bon vidame ;
Communalment prennent à dire
C’on ne porroit millor eslire,
Ne plus discrez[14] ne plus ydoine.
Théophilus est en angoine
Et esfréez trop durement,
Car il set bien certainement,
Se tel honor prant et embrace,
Vainne gloire, qui maint mal brace[15],
Tost le porra si embracier
Que maint mal li fera bracier.
Ainz tant ne l’en sorent prier,
Dire lor volsist n’otroier[16]
Lor sires fust ne lor évesques.
Lors firent tant que l’arcevesques[17]
Par ses lettres tost le manda
Et durement li commanda[18]
Qu’alast à lui, ne lessast mie,
Et recéust la seingnorie
Que Dieus li avoit envoiée.
N’i ala pas cele foiée,
Mès plus qu’il pot s’en délaia,
Com cil qui moult s’en esmaia.

Quant li puples vit le délai

Tuit s’aliièrent clerc et lai,
Et à grant force l’i menèrent ;
L’arcevesque[19] le présentèrent.
L’arcevesque, qui bien savoit
Le bien que Dieus mis i avoit,
De sa venue fist grant feste ;
Assez le prie et amoneste
Que s’onor prangne isnelement[20].
Théophilus molt humblement
As pîez li chet sanz demorée,
Face moillie et esplorée ;
A jointes mains merci li crie,
Et doucement por Dieu li prie
Qu’en tel point com il est le laist
Et de ceste honor le relaist ;
Car n’est pas dignes de tel chose.
L’arcevesques forment l’enchose[21]
De ce que tel honor refuse ;
Mès Théophilus si s’escuse
Et si forment plore et sospire,
L’arcevesques n’en set que dire.
Por savoir et por esprover
S’il le porroit en point trover
Que ceste honor volsist avoir,
Doné li a par grant savoir
Trois jors de respit[22] et d’espace.
Ne set l’arcevesques qu’il face,
Car au tierc jor en est plus froiz
Que ne fu la première foiz ;
Ainz pour nului rien n’en volt faire.
Quant li pueples vit cest afaire
Et l’arcevesques ensement,
Un autre ont pris isnelement.

Maintenant li nouviaus évesques,
Quant ordené l’ot l’arcevesques[23],

A grant joie s’en repaira.
Maus consaus luès tant le mena[24]
Et tant le pestilla[25] envie,
Théophilum sa seingnorie
Toli, et fist nouvel vidame.
Anemis, qui deçoit mainte âme
Et qui de doel font et remet
Quant voit nului[26] qui s’entremet
De Dieu servir et de bien faire,
Moult grant joie ot de cest afaire.
Li decevanz, qui set maint tor,
Jor et nuit tant tornoie entor[27],
Et tant l’assaut et tant le tente,
Et tant durement le tormente,
Et tant l’esprent d’ardour et d’ire
Ne set que faire ne que dire.
Por un petit Dieu ne renoie[28],
Por un petit qu’il ne se noie,
Por un petit qu’il ne s’estrangle.
« Ha ! las ! fait-il, or sui en l’angle[29] !
Or sui-ge maz, or sui-ge pris.
Hauz clers estoie de grant pris :

Or ai tant fait par moi-méisme
Que chifre sui en angorisme[30].
Bien m’ont déable enpeschié
Quant je ne reçui l’éveschié.

Comme musars bien m’amusai
Quant je tel honor refusai.
Mieux veil m’âme soit essillée
El feu d’enfer et gresilée
Que je hauz hom ne soie encore.
Ahi ! maufez, car aqueur ore !
Et si me di en quel manière
A m’onor revenrai arrière.
Ahi ! maufez, car acourez !
S’à cest besoing me secorez,
Vostre hom et vostre sers serai
Et tous jors mès vos servirai.
Ne servirai mès en ma vie
Ne Dieu ne sa mère Marie :
Apertement puis bien véoir
De moi aidier n’ont nul pooir.

En la vile uns Juis avoit
Qui tant d’engin et d’art savoit,
D’entreget, d’anfantomerie,
De barat et d’enchanterie,
Que devant lui apertement
Faisoit venir à parlement[31]
Les anemis et les déables.
Cil Juis iert si decevables
Et tant savoit barat et guile

Que des plus sages de la vile
Avoit tornez à sa créance.
Tant savoit d’art et d’ingromance
Qu’à l’anemi faire faisoit
Toutes les riens qu’il li plaisoit.
Par son conseil aloi mainte âme
El feu d’enfer et en la flamme.
Théophilus li radotez[32],
Qui engingniez et assotez
Fust, si con vos avez oï,
Et k’anemis ot esblohi
Si qu’en lui n’ot point de raison[33],
Au Juis vint en sa maison
Com cil que li déables porte,
Tout coiement hurte à sa porte[34].

Cil, qui fait ot mainte male oevre,
Mout tost acort et la porte oevre.
Quant il le voit si esperdu,
Bien set qu’il a le sens perdu
Et que déable l’ont soupris.
Théophilus, qu’avoit espris
Vaine gloire trop durement,
As piez li chet isnelement :
« Sire, fait-il, pour Dieu, merci !
Tant ai le cuer taint et noirci
Par un petit ne me part d’ire[35].
Mes évesques, mes noviaus sire,
Que Diex destruie, ensi l’asol !
Boté m’a jus de lassol
Et mis en are, en espace.
Si sui dolans, ne sai que face :
Tolue m’a ma seingnorie,
S’en ai tel duel et tel envie
Por un petit que je ne crief[36].
Se je par vos n’en vieng à chief
Et je par vos ne r’ai m’onor,
Mourir m’estuet à desonor. »
Cil, qui moult set d’art et d’engien,

A ses paroles entent bien
Que soupris l’a li anemis :
« Certes, fait-il, biaus doz amis.
Se vous fussiez uns triboullierres,
Uns useriers, uns amassierres[37],
Uns flatieres, uns serf à gré,
Encor fussiez el haut degré
Dont li vesques vos a jus mis.
Tuit vo prélat, biaus dous amis,
Tant sai-ge bien de lor afaire,
De bones genz n’ont mès que faire.
Lor bénéfices toz emportent
Cil qui les granz borses[38] aportent ;
Nus n’en a rien s’il ne l’achate,
S’il ne losange, s’il ne flate ;
De jor en jour vo lois empire ;
Tous vo prélat, bien le puis dire[39],
Honnour ne portent nul preudome.
Fait vos a-l’en, ce est la some,
Biaus doux amis, grant deshonour ;
Mès plus arez encore d’honour
Qu’ainz n’éustes en nul tempoire
Se mon conseil en volez croire. »
— « Bien vos crerai, fait-il, biau sire ;
Ne roverés faire ne dire
Que je molt volentiers ne face,
Mès aidiez-moi, par vostre grace. »

Li Juis, qui fu plains de fiel,
Qui[40] ot mucié desoz le miel
Au las, le venin si repont,
Simplement li dit et despont :
« Biau doux amis, come senez
Demain au soir chi revenez :
De vostre afaire penserai[41]

Et moult grant conseil i métrai.
Revenez chi sanz compaingnie.
Ne je ne vous, ne devons mie
Voloir c’on sache nostre afere.
Qui sages est il doit bien faire
Ses afaires tout sagement.
Sachiez que moult privéement
Cest afaire vaurai traitier.
Jà si ne se saura gaitier
Vos évesques, ce sachiez bien,
Que ne soiez tot, maugré sien,
Sire de lui et de ses choses ;
Jà ne seront si bien encloses.
Certes, quant revenrez demain,
Je vos menrai tot main à main
Mon roi et mon seingnor véoir :
J’ai à sa cort si grant povoir[42]
Que bien vos cuit faire de lui.
Gardez n’en parler à nului
Devant que vos ci revenrez.
Certes, buer fustes engenrez
S’à lui vos povez acointier.
Je vos i cuit si empointier[43]
Qu’il vos fera encore évesque ;

Ou apostole, ou arcevesque[44]. »

Théophilus li desvoiez,
Li durféuz, li fauvoiez[45],
Congié a pris, si s’en repaire
Tout coiement à son repaire.
Landemain, luès c’anuitié[46] fu[47],
Com cil qui est espris du fu
Qu’avoit souflé li anemis,
Tous seus au chemin se r’est mis ;
Chiés le Juis s’en vient tout droit,
Qui moult grant feste en fait luès droit[48].
Assez le baise, assez l’acole.
Jà le menra à tele escole
Où malement iert escolez :
« Ne soiez tristes n’avolez[49],
Fait li Juis, biax douz amis :
Je me sui jà tant entremis
Et tant pené de vostre afaire
Que monseignor ferai tot faire[50]
Quant qu’oserez de boche dire.
Par moi vos salue mes sire,
Et par chierté vos a mandé,
Et m’a bien dit et commandé
Et si m’en a tenu moult cort,
Que je vos maing véoir sa cort
A la grant feste qu’il demainne. »

Li desloiaux à tant l’enmainne
A mienuit[51] fors de la vile ;
Bien le deçoit et bien le guile :
Li lierres l’i boute en corroie ;
Bouter l’i fait en tele roie

Où il perdra le cors et l’âme
Se Dieu ne l’ fet et Nostre-Dame.

Li Juis plains d’iniquité,
Quant le tient fors de la cité,
Moult le conforte et asséure ;
Mès la nuit est tainte[52] et oscure,
S’en a grant hide et grant poor.
« N’aies dotance ne fréor,
Fait li Juis, pour chose qu’oies
Ne por merveille que tu voies ;
Ne te seingne por nulle rien,
Ce te commant et deffant bien ;
Ne por rien nule qui t’apère[53]
Ne reclaime Dieu ne sa mère. « 
Théophilus sanz contredit
Tout li otroie quanqu’il dit[54],
Li soprenanz[55] qui l’a sorpris
Maintenant l’a par la mein pris
Et si li dit : « Liève la teste ;
Or puez véoir la haute feste
Que je pièça t’avoie dite ;
Bien puez véoir n’est pas petite
La grant joie que cil demainnent
Qui mon seingnor portent et mainnent[56]. »
Théophilus tremble et fremie :
Tel paour a ne set qu’il die.
Avis li est, quant s’en prant garde,
Toz li païs esprangne et arde ;
D’anemis voit plus de cent mile.
Avis li est qu’entor la vile[57]
Procession voisent faisant.
Ne sont pas mu, coi, ne taisant,
Ainz font tel temolte et tel bruit[58]

Touz li païs en croule et bruit :
En noise faire se déportent.
Lor seingnor mainnent et comportent
Et plus qu’orages vont bruiant.
Mout tost s’en fust tornez fuiant
Théophilus, se il osast[59],
Por le Juis qui ne l’ chosast.
Emni euz toz voit un déable
Si grant et si espoentable[60]
Qu’à son semblant bien tel sembler
Terres doie faire trambler :
Des autres est princes et sire.
Théophilus ne set que dire ;
Moult pou s’en faut[61] qu’il n’ist du sens,
Tant voit d’anemis en toz sens,
Nus n’en sauroit dire le nombre.
Bien aura tressailli son ombre
S’il n’ist du sens ainz qu’il s’en tort ;
Mès n’a pooir qu’il s’en destort,
Car li Juis, qui moult s’en peinne,
Entr’aus le trait à quelque paine[62],
Et bien li dist qu’il ne se saint
Ne ne reclaint sainte ne saint.

Quant l’a véu li anemis
Au Juis dist : « Di-moi, amis,
Qui est cis hom ne dont vient-il ? »
— « Sire, fait li lerres, c’est cil
De cui prié tant vos avoie ;
Il est entrez en bone voie
Se vos le volez avoier.
Biau sire, dit li avoie hier
Qu’anuit à vos ci l’amenroie
Et que de lui vos prieroie.
Grant mestier a de vos conseil,

Qu’il face quanque vos vorrés ;
Car de bien faire li porrés
La moitié plus qu’il ne vorroit
Ne que souhaidier ne porroit.
Por ce l’ai-ge ci amené.
Ses évesques l’a mal mené,
S’en a le cuer taint et noirci ;
Conseilliez-l’en, par vo merci. »

Li doubles respont à tant ;
« Por ce que tu m’en pries tant,
S’il renoie sanz demorance
Et son baptesme et sa créance,
Dieu et sa mère et sains et saintes,
Encor li donrai honors maintes.
Cele méisme qu’a perdue
A grant feste li ert rendue,
Et s’iert de l’évesque si sire
Que mander ne vorra ne dire
Que li évesques tot[63] ne face.
Mès il ne puet avoir ma grâce
Ne ne puet estre que je l’oie
Se sa créance ne renoie,
Son Dieu et sa mère Marie
Qui jor et nuit tant me tarie[64]
Et tant me tolt[65] de toz mes droiz
Que je la has en toz endroiz ;
Et si convient, sanz nule aloigne,
Que bobe chartre encor m’en doigne.
Maint crestien m’ont décéu :
Quant du mien ont assez éu,
Et mes honors et mes hauteses,
Mes granz avoirs, mes granz richeses,
Si se confessent et repentent,
Et ensi me guilent et mentent[66].
Mes amors[67] prennent et reçuevent[68],
Et puis après si me deçuevent
Luès droit qu’à confession viennent.

Ne sai où vont ne qu’il devienent ;
Jà puis un seul n’en reverrai.
Jà crestien mès ne crerai
Se n’en ai lestres ou séel ;
Ne me tenront mès por chael. »
Théophilus li desvoiez,
Com cil qui toz est forvoiez,
As piez li chiet isnelement,
Si li bese moult humblement ;
Que qu’il a dit tot li otroie,
Et Dieu et sa mère renoie,
Et sacrement, foi et baptesme.
Por la chose estre ancor plus pesme,
Si com mes cuers le me devine,
La nuit meesme que ç’avint
A l’esvesques tel voloir vint
Que durement se tormenta
Et durement se démenta[69]
Quant ot Téophillus esté[70]
Por nului de sa prevosté.
Moult l’en reprent sa conscience,
Por ce qu’il ert de grant science
Et de sainte vie et d’oneste.
La matinée, à moult grant feste,
Téophillus a moult tost mandé,
Prié li a et commandé
Qu’il repraingne sa seingnorie,
Par couvant qu’en toute sa vie
Jamès ne l’en couroucera,
Ne jamès chose ne fera
D’où li doie mal gré savoir :
De lui et de tout son avoir
Et de l’esveschié soit tout sire.
Tant par est liez, ne set que dire
Téophillus de ces nouvelles :
Moult li plesent et moult li sont beles.
Tant a fet et tant esploitié
Qu’il r’est plus sires la moitié
C’onques devant esté n’avoit.
Li Juis, qui assez savoit

De honte et de malaventure[71],
Privéement, par nuit oscure,
Assez[72] sovant aloit à lui :
« Biau très doz sire, à nului
Ne dire, fet-ii, nostre afere.
A mon seingnors te ferai fere
Plus que n’osseras souhoidier.
Encor te cui-je tant édier,
Se nostre afere très bien çoiles,
Que de Rome ières npostoiles.
Dont ne vois-tu, biau douz amis,
Com mes sire t’a tost remis
Et r’asis en ta seingnorie[73] ?
Tes Dieux, ne sa mère Marie,
S’en féissent tot lor povoir,
Ne te péussent r’aseoir.
Serviz les as moult longuement,
Mès bien sachiez certeinement
Q’ainz d’eus servir bien ne te vint.

« Onques ancoure honnor n’avint
A nul home qui ait servie
Celle Dame, cele Marie
Dont crestien font si grant feste.
Garde, sor les ieux de ta teste,
Se tu velz que nus bien t’aviengne,
Jamais de li ne te soviegne[74].
Sor toute rien de ce te garde
Que neis s’ymage ne regarde[75] :
Ne te pouroit nul bien venir.
Noblement te doiz contenir,
Et cointement d’orennavant.
Ton us[76] que tenoies devant
Te conmanc-je tot à lessîer ;
On se puet bien trop abessier
En trop humilité avoir.
Riches hons est de grant avoir :

Si doiz estres cointes et nobles[77] ;
Tu doiz avoir mingnotes robes,
Biaux palefrois et biax destriers,
Dorez loreinz, dorez estriers,
Sele dorée, esperons d’or ;
Boif et menjue assez et dor,
Et fai tot ce qu’ancors plera ;
Car assez iert qui mal trera.
Tant ai-ge bien du siècle apris
Que par toi est vil et despris,
Et assez treuve mesacointes
Qui ne se tient nobles et cointes :
Qui se tient vil, chacun l’aville ;
Simples hons ne valt une bille.
Trop papelars estre souloies
Quant tu à genoillions lavoies
Les piez la povre ribaudaille.
N’afiert à home qui rien vaille
Qui let les piez à un truant,
Car crapot sont ort et puant[78].
Bien assotez certes estoies
Quant tu du tien[79] les revestoies
Et en esté et en yver.
Fi ! mielz volsisse que li ver
Toz les éussent demangié !
Tu[80] r’estoies si enchargiés[81]
De vermine que tu puoies.
Par la haire que tu vestoies
Tu r’anduroies si grant peinne ;
De géunes, de triolaines
Jaines estoies con pié d’écoufle,
Tot te ne valt une viez mofle.
Boif et mengue, si t’aaisse :
Hom qui trop suefre de maleisse
Ne puent mie longuement vivre.
Je te commant tot à délivre
Que tu t’oisses en toz endroiz.
Tu ies biaux clers bien et adroiz,

Tu doiz ton cors tout chier tenir,
Et si te doiz si contenir
Que joine et viel, petit et grant
De toi servir soient engrant.

Théophillus le infer[82] croit
Qui nulle nuit ne se recroit
Que conseiller ne viengne à lui ;
Théophillus ne croit nului
Fors le larron qui tot l’enchante,
Téophillus ne list ne chante,
Téophillus n’entre en esclisse,
Téophillus ne fet servise
Ne chose nule qui Diex plese ;
Téophillus aime plus aisse,
Richeces, honor et seingnorie
Que ma dame seinte Marie,
Que tant soloit devant amer.
Téophillus pérille en mer,
Téophillus desve et forvoie,
Téophillus afonde et noie,
Téophillus a cuer de fer,
Téophillus droit en anfer
[83]S’enfuit le trot et les granz sauz,
Saint Martin lait et prent le sauz[84].
Théophillus lait Jesu-Crist
Et sa mère por Antecrist ;
Téophillus a tant mesfet,
Se Nostre-Dame ne le fet,
Que nul jor mès n’aura merci.
Bien doit avoir le cuer noirci
Quant pour un pou d’avor terrestre
A renoié le Roi célestre
Et au maufez vendue s’âme.
Ainz n’eurent mès si fier vidame,
Ce dient tuit par la cité ;
Si l’ont le déable escité
Et mis el cuer si grant orgueil
Qu’à peinnes daingne torner l’ueil
Ne regarder vers povre gent.

Il lor soloit doner l’arjant
Et les solers et les costeilles,
Neis au messiaux et aux meseles
Soloit beissier et piez et mainz.
Téophîllus, c’est or du mains,
A si bestorné son afere
Que tallant n’a de nul bien fère ;
Si se demeinne cointement
Qui n’a mès nul acointement,
A nului tant soit fier ne cointes,
Povre genz et povres acointes,
A-il du tout désacointié.
A l’enemi s’est acointiez,
Qui tant le fet musart et cointes
Que de toz biens se désacointe.

Devant estoit humbles et douz,
Or est cointes, fiers et estouz ;
Devant ert franz et débonaire,
Or est cuiverz[85] et de put aire ;
Devant estoit bons crestiens.
Piteuz et doz et pacienz
Et plains de grant relegion :
Or a toute s’antencion
En vanité et en luxure ;
De nulle annouz n’avoit ainz cure,
Mès or i bée assez et pense ;
Devant soloit fère despense
De toz ces biens à povre gent :
Or amoncelle or et argent
Por lui lever et essaucier ;
Povre gent souloit deschaucier,
Or les boute, fiert et ledenge.
De touz biens fere si s’estrange[86]
Et si bestorne tot son estre,
Ce n’est mès cil qui souloit estre ;
Si lédement est décéuz,
Si trebuchiez est et chéuz
El piège de désespérance ;
En Dieu n’a mès nule espérance[87],

N’en sa mère, n’en saint, n’en sainte.
Déable ont si sa lampe estainte
Qu’il ne set mès quel part il torne,
S’il anuite ou s’il ajorne ;
De Dieu et de touz biens s’esloingne ;
La volenté de la charoingne,
Quieux qu’ele soit, asouvit tote :
Avuglez est, ne voit mès gote.

Théophillus est en mal point,
Envers enfer son cheval point[88],
Nesun a ne frain ne bride ;
Grant merveille est si n’a grant hide,
Car li déable li a totes
Son frain et ses resnes derotes[89] ;
Mès madame seinte Marie,
Qui ses amis onques n’oblie,
Ne vot soufrir qu’il fust perduz.
Quant el le vit si esperduz[90]
Que ses chevax, par fin esforz,
Qui mult estoit tirant et fort,
El val d’enfer s’en avaloit,
D’un frain qui bien[91] cent marz valoit
Son cheval si li enfrena
Qu’au droit chemin le ramena ;
Et le sot bien qu’il li convint.
En lieu et en tens li souvint
De ce que tant l’avoit servie
Et anmée toute sa vie.
La Dame, en qui pitiez est toute,
Quant vit que il ne véoit gote,
N’il n’avoit mès sens ne mimoire,
Son pitex Fils, le roi de gloire,
Piteusement en dépria,
Et li douz Dieux, qui tout cria,
Par les prières de sa mère
O[92] tel pitié de sa misère

Qu’il ne volt mie geter puer,
Ainz li rendi les ieux de l’ cuer.

Quant Dieux droit sens li ot rendu,
Et son cheval, col estandu,
Vint vers enfer droit esblessié[93],
Son frain, qu’avoit devant lessié,
As deus mains prist et rampoinga.
Cil qui son frain en son poing a[94],
Légièrement son cheval torne
Et du mal pas bien le destorne[95].
Se l’Escriture ne nos ment,
Nostre cheval, nostre jument
C’est nostre lasse de charoingne.
Sachiez de voir, ne nos besoingne
Que ces aviaus toz li façomes.
S’el cols le frein ne li laçomes
Ele sera si orgueilleuse,
Si regibanz, si reveleuse,
Se Dieu m’aït et Nostre-Dame,
Qu’ele voudra chevauchier l’âme
Et en enfer droit l’anmerra ;
Jà pour nullui n’en remeindra.
Cil frains est bone concience.
N’est nus, tant soit de grant science,
Se cestui frain forment n’enpoingne,
Que folement souvant n’en poingne.
Cui concience ne reprant,
Plus tost au mal qu’au bien se prent ;
Cui conscience ne remort,
Jor et nuit point contre sa mort.
Sachiez pour voir, n’en doutez mie,
Cui concience ne chastie,
A nul bien fère ne s’areste,
Ainz est bestiaux come beste.
Hons qui n’a point de conscience,
S’autant ou plus avoit sience
Com ot Hilaires ou Ambroisses,
Ne li vaut-ele .ij. franboisses.
Qant plus a sens et mains li vaut,

Quant concience li défaut
Toz ses droiz senz li est failli :
Quant il plus set, plus est bailliz ;
Quant il plus set, plus se mesfet,
Se bien n’enseingne et bien n’en fet.
Concience, s’en est la some,
Est li forz frains dont li preudome
Sont refrené et retenu.
Ne voi si vieil ne si chenu,
S’il n’a cest frain, si Dex me saut,
Qui tost n’ait fait un mauvès saut.
Téophillus mal saut sailli,
Quant concience li failli,
Et luès que Diex li renvoia
A droit chemin se ravoia.

Théophillus, quant se porpense
Du grant forfet[96] et de l’offense
Qu’a fet à Dieu et à sa Mère,
De mainte lerme chaude et clère
Esleve et arouse sa face.
Si grant duel a, ne set qu’il face ;
Mult a grant duel, mult a grant ire ;
Sovant plore, sovant soupire ;
Maint sopir giete et mainte lerme.
Ne garde l’eure ne le terme
Que vif déable estranglé l’aient
Ou enfer tout vif l’entraient.
Dont se reprent à Diu proier
Et se remet à Diu ourer[97].
Lors se reprant à jéuner,
Lors se reprent à aüner
Povres gens et povres malades ;
Lors li r’est douz, lors li r’est sades
Mal lessier et bien à fère ;
Lors li est douce l’aspre hère,
Lors li est douce decepline.
De plorer ses péchiez ne fine
Ne jour ne nuit, ne tart ne tempre ;
Saint Espérites li atempre

Si dévote dévotion
Et si poignant compontion
Dedenz son cuer, que sanz séjor
Ses péchiez plore nuit et jour.

« Las ! fet-il, las ! que devendrai ?
Las ! quel conseil de moi prendrai ?
Las ! qu’ai pensé ! las ! qu’ai-je fet !
Las ! par moi seul ai plus mesfet
Que n’ot mefet ne mesferont
Tuit cil qui furent ne seront[98] !
Las ! forvoiez, las ! durféuz,
Las ! engingniez, las ! decéuz,
Las ! mal bailli, las ! redotez[99],
Las ! sor toz autres meschaianz,
Com fui vaincuz et recréanz !
Com je perdi sens et mémoire
Quant por un pou de vaine gloire,
Por covoitise et por jactance,
Guerpi ma foi et ma créance !
Las ! las ! las ! plus de .c. foiz !
Las ! las ! com doi estre destroiz,
Las ! las ! com doi angoisseux estre,
Quant je le poissent Roi célestre
Ai renoié por l’anemi !
Las ! bien me doi le cuer par mi
De fine angoisse et de duel fendre !
Las ! las ! bien me devroie pendre
Et estrangler à mes .ij. meins !
Las ! tant ai fet c’est or du meins.
Jamès nul jor de mon mesfet
N’aurai merci se Dieux ne l’ fet
Par la preère de sa mère,
Qui estoille est luisant et clère,
Qui touz les péchéors avoie
Par sa douçor et met en voie.
Ame chaitive, que feras ?
Or me di que tu respondras
Quant Dieu venra au jugement

Et mosterra apertement
Le vermeil sanc, le glorieux,
Le seintisme, le précieux
Qui de son seint flanc degouta
Quant Longis la lance i bouta[100] ?
Quant te dira ce poissant sire :
« Voiz ci la honte et le martire,
Voiz ci les costés et le flanc,
Voiz ci les plaies et le sanc
Que je pour t’amor respandi ! »
Que diras-tu ? car le me di,
Chétive, adonques que diras ?
Chétive, adonques où iras ?
Las ! las ! que porras dire
Quant courrouciez ert nostre Sire
Et airriez si durement
Que trambleront communément
Angre et archange touz ensemble
Si comme fet la feuille el tramble ?
Chétive, adonques que feras[101] ?
Chétive, adonques où muceras ?
Comment auras adonc pooir
Regarder l’oses et véoir ?
Que diras-tu, chétive, adoncques
Quant trestuit cil qui furent onques,
Bon et mauvès communément,
Verront trestot apertement
Tes renoianz renoieries
Et tes pullantes pullanties ?
Que diras-tu quant Jhésu-Crist
As renoié pour Antécrist ?
Que diras-tu, chétive d’âme,
Quant tu verras la douce Dame
Qui nommée est virge Marie,
Q’as renoiée et déguerpie ?
Di-moi, di-moi, di, forvoiée,
Di-moi, caitive fauloiée[102],
Di-moi, di-moi, di, di, mesele,

Quant verras la seinte Pucele
Dont li Rois du ciel fist sa mère,
Qui plus reluit et plus est clère
Que cler souleil à miedi,
Que diras-tu ? car le me di.
Lasses ! se tu parler séusses[103],
Mult tost conclus certes m’éusses,
C’or pès n’i as c’aie tot fet.
Sor moi en sont tuit li mesfet :
Vendue t’ai, lasse, au déable
Por .i. pou d’onor trespasable.
Se tu pooir sor moi avoies
Traïner certes me devroies
Par tot le mont à une corde.
Por aaisier ma charoigne orde
Et por .i. poi de seingnorie,
Lasse, t’ai-ge tant enhaïe[104]
Qu’el feu d’enfer t’ai ton lit fet !
Ha, las ! dolant ! tant ai mesfet
Ne gart l’eure terre m’engloute !
Ha, las ! tant fu me langue gloute
Quant renoiai pour le déable
Le haut Seignor espéritable
Et sa très douce sade Mère !
Las ! las ! las ! com fu amère
L’eure que je chéi sor terre !
Las ! aucun jor me venront querre
Déable a toz lor cros de fer,
Por traînéer el feu d’enfer. »

Quant li las s’iert tant tormentez,
Tant complainz et tant dementez,
Quant ot ploré si longuement
Et soupiré profondement,
« Ha, las ! fet-il, coi que fet aie,
Ne sai, las ! que metre à ma plaie[105].
Ne sai, lors, que metre i puist cure.
Se cele qui de tos maus cure[106]
I. pou s’en deignoit entremestre,

Tost i sauroit grant conseil mestre.
La sainte Dame haute et digne
Tant est piteuse et si bénigne[107],
Et tant est douce et tant est sade
Que ne dégiete nui malade.
A son saint temple m’en irai,
Toute ma vie i gémirai,
Et nuit et jor d’entier courage
Li prierai devant s’ymage,
En soupirant, à nuz genoz,
Qu’à son chier Fil, qui tant est doz,
Me face ma pès, et m’acorde
Par sa très grant miséricorde.
Je sui à lui si descordez
Que n’i puis estre racordez,
Ne rapesiez, lors par lui seule…
Diex ! qu’as-tu dit, desloiaus geule[108] ?
Dieu ! qu’as-tu dit, gole pulante !
Dieux ! qu’as-tu dit, gole sanglante !
Di-moi comment l’apeleras,
Di-moi comment la nomeras,
Di-moi comment seras tant ose
Qu’oses nomer la seinte rose
Qui tant est fresche, bele et clère
Que Diex en volt fère sa mère ?
Di-moi, di-moi, di, forvoiée,
Quant tantes foiz l’as renoiée
Por le déable et déguerpie,
Comment seras-tu tant hardie
Que nomer oses son saint non,
Qui tant par est de grant renon ?
Du feu d’enfer, lasse ! ardras
Si tost com tu la nomeras !
Ha, las ! péchierres tant ai fet
Et tant péchié et tant mefet
Que cherrai en désespérance !…
Las ! qu’ai-ge dit ! ce fu enfance,
Car assez puet Diex de lasus
Plus pardonner que péchier nus.
En désespoir jà ne cherrai ;

Mès orandroit quanqu’an terre ai.
Sanz retenir riens qui soit née,
Guerpuis sans nule demorée,
En l’onor Dieu, qui tot[109] cria,
Le siècle et tout quanqu’il i a,
Et le déable et l’acointence
Guerpis sanz nule demorance. »
Li bons péchierre à tant se drece ;
Tot en plorant mult tost s’adrece
Vers une église Nostre-Dame :
Si li commande cors et âme.
En l’église entre sanz demore :
Laienz gémist et laienz plore ;
Laienz se bat et laienz veille ;
Laienz fet-il tante merveille
N’est nus qui réciter le sache.
Ses cheveuz tret, ses cheveuz sache.
Son vis despièce et s’esgratine,
Son piz débat[110] et sa poitrine,
Et à terre souvant s’estant.
Théophilus à rien n’entent
Fors à prier la douce Dame
Qu’il daint avoir merci de s’âme.
« Mère, fet-il, au Roi du ciel,
Qui plus ies douce que miel[111],
Qui plus ies douce et savoreuse,
Plus debonaire et plus piteuse,
Et plus souef et plus bénigne,
Et plus très seinte et plus très digne
Que ne porroit langue retrère,
A bone fin me deigne traire,
Ha ! mère au Roy qui tot cria,
Ainz nus de cuer ne te pria
A cui tu féisses le sort[112].
Dame an cui toute doçorz sort,
Sacrée Virge debonère,
Ne sai que dire ne que fère
Se ta douçor ne me regarde.

M’amme et mon cors met en ta garde ;
Garde que déable ne l’aient[113]. »
...............
Théophilus quarrante jors
En abstinances et en plors
Dedans le temple demora.
Adès gémi, adès oura
A nuz genoz et à nuz coutes ;
Mès cele où les douçors sont totes,
Quant voit qu’il a tant traveillié
Et tant jeuné et tant veillié,
Et quant son cuer a tant d’anui,
Vers mienuit s’apert à lui.
Théophillus tremble et tresue
Tout maintenant qu’il l’a véue
La vission de Nostre-Dame,
Avis li est que feu et flamme
Doie saillir de son cler vis,
Si très clère est, ce li est vis.
Et si le despit et desdaingne
Qu’ele regarder ne le daigne[114],
Ainz dit moult desdeingnesement
Que trop est plainz de hardement
Quant il l’apele ne reclaime,
Car lui ne ses prières n’aime.
« Di, va, fet-ele, renoiez !
Comment ies-tu si forvoiez
Que tu le haut Seingnor apeles
Que j’aletai de mes mameles,
Ne moi ne lui pour toi reclainmes,
Quant tu ne l’un ne l’autre n’einmes ?
Ta puenz gole orde et glueuse
Commant est si présumptueuse
Que moi ne lui apeler ose ?
Di-moi, comment serai si ose
Que mon doz Filz dépri por toi,
Quant as guerpi et li et moi[115] ?
Trop as présumptueus courage,
Quant au déable as fet homage.

Se tu cuides qu’aidier te doie !
Cuides-tu doncques que je soie
Si soufrans et si debonaire
Mes annemis doie bien fère ?
Cuides-tu donques que je bien face
Nului qui moi ne mon Fil hace ?
Cuides-tu donques qu’aidier doie
Celui qui le Seingnor renoie
Qui char et sanc prist en mon cors ?
Voirs est qu’il est miséricors,
Mès justes est si justement[116]
Que, quanqu’il fet, fet justement.
Mes bons amis estres souloies,
Quar jour et nuit moult me servoies ;
Mès tu as si mué ton estre
Que li déables est tout péestre.
Péestrement[117] t’enporteront :
Tot prestre te geteront[118]
En lor jaiole et en lour chartre.
Bon escrit ont et bone chartre
Que toz ies leur, et morz et vis.
Tu as tant fet, ce m’est avis,
Que nus ne puet, sans force fère,
Nul conseil mestre en ton afère ! »

Théophillus soupire et pleure ;
La mère Dieu souvant aeure,
La mère Dieu sovant déproie
Qu’ele l’escout et qu’ele l’oie,
Et pitié daint avoir de s’âme,
« Laisse m’ester, fet Nostre-Dame ;
Trop durement m’as courouciée
Quant as mon Fil et moi lessiée
Pour .i. petit d’anor terrestre !
— « Ha ! douce Mère au Roi célestre. »
Ce li respont li las adonques
En souspirant, « il n’avint oncques[119]
Ne n’avandra jà nul fuer
Que nus qui te priast de cuer

Secors n’éust tost et aïe.
Douce Dame seinte Marie,
Douce pucelle débonaire,
Que porrai-ge dire ne faire
Se ta douce miséricorde
A ton douz Fil ne me racorde ?
Que devenrai, ma douce Dame,
Se ne secors ma lasse d’âme ?
Haute Virge, haute pucele,
Haute Reinne, n’ies-tu cele
Dont Dieux daingna sa mère fère
Por pécheors à lui retrère ?
Se ta douçor d’âme refroide
Et tu devienz fiére ne roide,
Que devenra ma lasse d’âme ?
Clère émeraude et clère gemme,
Se ta clartez, qui tant est fine,
Mes granz ténèbres n’enlumine,
Que pourai donques devenir ?
Quel sentier pourai-ge tenir,
Ne quel chemin, ne quele voie,
Se ta clarté ne me r’avoie ?
Clarté du ciel, clarté du mont,
Clarté d’aval, clarté d’amont,
Dame du ciel, Dame de terre,
Porte de paradis et serre,
Dame et Roïne des archanges,
Dame qui siez deseur les angres
A la destre le Roi de gloire[120],
Ainz nus ne t’eut en sa mémoire,
N’ainz nus merci ne te cria,
N’ainz nus de cuer ne te pria,
Tant ies-tu pleine d’amitié,
Que tu n’en éusses pitié[121].
Mère au Seingnor de tot le monde.
Pucelle pure, neste et monde,
C. mile[122] foiz te cri merci !
Tant ai le cuer taint et nerci,
Tant sui dolenz et espris d’ire
Et tant hontex, ne sai que dire.

Douce Dame plaine de grâce,
Tant sui dolenz ne sai que face
De ce que tant t’ai corrouciée !
Se tu vers moi iez aïriée[123],
Douce Dame, tu as grant droit.
Bien sai que bien déust luès droit
Desor mes piez la terre fendre
Et feu d’enfer ma langue esprandre,
Que renoiai ton Fil et toi.
Douce Dame, ce poise-moi ;
Douce Dame, n’en puis plus fère ;
Douce Dame, tout mon afère
Sés bien et voiz, or t’en convien-ge :
Moi n’en chaut que li cors deviengne,
Bele et douce piteuse Dame,
Mès que merci aiez de m’âme.
Douce Dame, que qu’aie fet,
Ge me repent de mon meffet.
Dame, se ne fust repentance,
Jeusne, aumone et pênitance,
A mau port fussent arivé
Cil et celes de Ninivé ;
Raab, qui tant fut pécheresse,
Légière, fole, lécherresse,
Jamès merci ne recouvrast
Se pénitance n’i ouvrast.
Se pénitance m’éust fait
A David pès du grand meffet
Qu’il fist d’Urie por la fame,
Que eust-il fet, ma douce Dame ?
Que r’eust fet, Dame, saint Pierre,
Qui tant fu durement pechière
Et qu’anemis tant forvoia
Que Dieu par .iij. foiz renoia ?
Saint Cypriens, ma douce Dame,
Qui fist à mainte enceinte fame
Trère et sachier l’enfant du cors,
Se Dieu ne fust miséricors
Et pénitance n’i vasist[124],
Où alast ne que devenist ?

Et touz li mondes tot à fait
Chaucun jor, Dame, tant meffait
Que il fondroit el fonz d’abisme,
N’iert pénitance, et tu méisme
Qui le souztiens par ta prière.
Bele très douce Dame chière,
Se n’iert veraie pénitance,
Confession et repantance,
De mal en pis chascun iroit
Et touz li mondes périroit.
Des granz péchiez et des meffez
Que j’ai pensé et diz et fez,
Douce Dame, sui repantanz,
Dolenz, tristes et dementanz
Si durement com j’onques puis.
Fluns de doçor, fontaine et puis,
Mère et norrice au Savéor,
De cest repantant péchéor
Aies pitié, qui tant t’apele !
Tant ai veillié en ta chapele
Et tant jeuné et tant oré,
Et tant gémi et tant ploré,
Et tant me repant durement
Que je sai bien séurement,
S’ausi doce ies com tu seus estre,
Pitié te prengne de mon estre,
Et à ton Fil ma pès querras,
De nule rien ne l’ requerras,
Ce sai-ge bien tot sanz doutance,
Qu’il ne l’ face sanz demorance. »

La haute Dame glorieuse,
L’umble pucelle, la piteuse,
Cele qui de touz biens est mère[125],
La douce Virge sainte et digne,
La debonère, la bénigne,
Cele en qui sort toute pitiez,
Toute douçor, toute amitiez,
Cele qui est la droite adresce
Qui tous les péchéors adresce,

Cele qui est la droite voie[126]
Qui touz les dévoiez r’avoie,
Cele qui est touz li confors
De touz floibes et de toz fors,
Cele qui tant est clère et fine
Que ciel et terre r’enlumine[127],
Cele qui est de si haut estre
Que du ciel est porte et fenestre,
Cele qui est tant débonère
C’on ne l’ puet dire ne retrère,
Cele qui est plus enmieslée
Que noviaux miel en fresche rée,
Quant voit le las qui s’umelie,
Qui tant l’apele et tant la prie,
Qui tant gémist et qui tant plore,
De lui s’aproche sanz demore,
Et si li dist trop doucement :
« Irée m’as trop durement,
Mès tante lerme en as plorée,
Et m’ymage as tant aorée
Que touz li cuers de toi m’apite.
Por ce que tant par est parfite
Et tant vraie ta repentance
Et qu’an moi as tele fiance,
A mon doulz Fiuz ta pès querrai,
Et à ses piez ainz en cherrai
Que tes péchiez ne te pardoingne,
Et que sa grâce ne te doingne[128],
Mès ançois veil sans délaiance
Oïr ta foi et ta créance.

Dont ne croiz-tu sanz nul obstacle
Que cil qui fist son habitacle
En mes costez et en mes flans
Fu Dieux et est et iert toz tens ?
Dont ne croi-tu bien fermement
Que cil qui fist le firmament,
Et de nient le monde cria,
Por home tant s’umilia

Que char et sanc volt en moi prendre,
Et que le cuer par ot si tendre,
Et tant fu douz et tant humains,
Qu’il estandi et piez et meins
En croiz por rachaster le monde ?
Dont ne crois-tu que la sainte onde,
La seinte eue et li saint sans
Qui dégouta de ses seins flans
De mort d’enfer te rachata ? »
Théophilus luès se geta
Tot plorant as piedz Nostre-Dame :
« Je croi, fet-il, de cuer et d’âme,
Douce Dame, quanque vos dites.
Bien croi que li Saint-Espérites
En voz sains flans le Roi conçut
Qui mort en crois por nos reçut.
Bien sai et croi, s’ai grant reson,
Qu’il fu vrais Dieux et verais hon.
Il fu humains, il fu célestres ;
En croiz morut com hon terrestres,
En croiz morut l’umanitez ;
Mès au tiers jor la déitez
L’umanité resçucita,
Et ses amis d’enfer geta.
Bien croi sa ressurrection,
Bien croi sa seinte asscencion,
Bien croi et sai certainement
Qu’il revendra au jugement
Et jugera et morz et vis.
Qui ce ne croist, il m’est avis
Qu’il ne pouroit mie saus estre.
Bien croi en l’haut Seingnor célestre,
Bien croi de vrai cuer et de fin
Qu’il règne et régnera sans fin ;
Bien croi et sai, estoile clère,
Qu’il volt de toi faire sa mère ;
Bien sai et croi, quiex que je soie,
Que ta volanté est la soie
Et que la seue est la teue.
Haute pucele douce et pieue,
Bien croi et sai de cuer et d’âme
Que de l’ ciel iez Royne et Dame[129].

De paradis est clés et serre ;
Dame ies en ciel, Dame ies en terre,
Dame ies d’aval, Dame ies d’amont[130].
Se li déable enginnié m’ont,
Douce Dame, pitié t’en preingne
Et ton douz Fil prier en deingne.
Mes secors ies et ma fiance,
Ma séurtez et m’espérance ;
Mon cuer en toi du tout s’affie.
Douce Dame, seinte Marie,
Douce pucele glorieuse.
Tant ies doce, tant ies piteuse
Que nus de cuer ne te requiert
Que tu ne faces quanqu’il quiert[131].
Je te requier en grant angoisse :
N’est nus qui ma doulor connoise,
N’est nus qui sache ma tritesce,
N’est nus qui sache ma destresce.
Mon destorbier ne mon afère,
Fors tu, pucele debonère,
Et tes dos filz, le Roi de gloire.
Je t’ai éu en grant mémoire.
Je t’ai anmée durement,
Je t’ai servie longuement ;
Mes ainzsine est que li déables,
Li soudianz, li decevables,
Li agaitanz, li envieus,
Li frunz[132], li fel, li annuieux,
Par son barat m’a si soupris
Qu’an son laz m’a lacié et pris.
A l’aim m’a pris et à la lingne :
Ne gart l’ore qu’as meins me tiengne,
Ne gart l’ore si me sorprengne
Qu’ensemble enport et cors et âme ;
Haute pucele, haute Dame,
Douce Dame, seinte Marie,
Mon las de cuer, m’âme et ma vie
D’or en avant met en ta garde.
Se ta douçor ne me regarde
Tout ai perdu, et plus et mains :

M’âme et mon cors met en tes meins. »

La seinte Dame espéritable,
La débonère, l’amiable,
Quant voit le las qui merci crie
Et qui tant doucement la prie,
Respondu l’a mult doucement,
Et si li dist mult lieément :
« Théophilé, Théophilé,
Or ont déable tout filé,
Or ont déable tot perdu,
Or sont-il mat et esperdu
Quant reconnois d’entier corage
Le Roi qui te fist à s’ymage.
Bien as déable decéu
Quant mon Fil as reconnéu
Que renoié por lui avoies.
Tu es entré en bone voies
Quant ton péchié as tant ploré,
Et tant veillié et tant oré.
Tant m’as prié et tant requise
Que grant pitié de toi m’est prise.
Ma douçor m’as tant recordée
Qu’à toi sui toute racordée,
Et si ferai toute t’acorde
Au doux Roi de miséricorde. »
A tant de lui s’est départie
Nostre Dame seinte Marie.

Théophilus, qui mult fu liez,
Iij. jors adez agenoilliez
Dedens le temple demora.
Adès gémi, adès oura ;
Onques n’i manja ne ne but,
N’onques du temple ne se mut.
Tant par ot grant dévocion,
Et tant ot grant contricion,
Et de lermes tele habondance
Qu’anviron lui tout sanz dotance,
Se l’escripture ne me ment,
Arousa tout le pavement.
En chaudes lermes fondi toz,
Et fu toujorz à nuz genoz
Devant l’ymage Nostre-Dame.

De tot son cuer, de toute s’âme
La mère Dieu merci cria,
Et ele pas ne l’oblia.

La tierce nuit revint à li
La douce Dame qui nului
Ne desdeingne ne ne despit
Puis que de cuer l’apiaut et prit.
La douce Dame débonère
La tierce nuit à lui repère.
Chière li fet si délitable,
Si piteuse, si amiable
Que tout le saoule et refet
Du douz samblant qu’ele li fet.
La seinte Virge glorieuse
Li dit à douce voiz piteuse :
« Par mes prières, biaus[133] amis,
Cil qui en crois à tort[134] fu mis
Tes chaudes lermes a véues
Et tes prières recéues :
Bien li soufit ta pénitance,
Se sache-tu bien sanz doutance.
Or gardes bien jusqu’à ta fin
Que tu le serves de cuer fin,
Si que t’âme soit afinée,
Ainz que ta vie soit finée,
Ausin comme en fornesce or fin[135],
Prochiennement venra ta fin :
Or garde qu’ele soit si fine
Que la joie aies qui ne fine. »

Théophillus, qui a grant joie,
As piez la mère Dieu se ploie ;
Asés plore de chaudes goutes.
« Dame, fet-il, en toi sont toutes
Les granz pitiez et les douçors.
Douce Dame, à tous[136] péchéors
Ies-tu confors et soutenance ;
Dame, tu ies lor espérance

Et lor conseil et lor aïe.
Douce Dame sainte Marie,
Encor frémis touz de péur ;
Jamès nul jor n’ière asséur
Devant que je r’oie l’escrit
Qui ma mort tesmoigne et descrit[137].
Las ! c’est là riens qui plus m’acore ;
Las ! li déable l’ont encore ;
Las ! cil escrit est en enfer ;
Mès il n’i a porte de fer,
Tant soit de fer très bien fremée,
Que tost ne l’aies deffremée.
Douce Dame, quan toi serra,
Jà de si loinz ne te verra
Li déables qu’il ne s’enfuie.
Douce Dame, si ne t’anuie ;
Je te requier, je te dépri
Que tant faces par ta merci
Que r’avoir puise cele chartre.
Jà li déable en si fort chartre
N’en si fort leu ne l’auroit mise
Que ne l’aies à ta devise
Toutes les foiz qu’il te serra,
Bien sai que jà Dieux ne verra
Même devant que je la r’aie. »
— « Jà de tout ce rien ne t’esmaie.
Fet Nostre-Dame, biaus amis.
Quant ton afère as sor moi mis,
Jà n’i aurai tant de meschief
Que je n’en viengne bien à chief. »

La mère Dieu à tant s’em part,
Et Théophillus d’autre part
Iij. jors en temple demora,
Ainz jor ne nuit ne s’en torna.
La tierce nuit tant ot veillié,
Tant jeusné et tant traveillié,
Et tant ploré et tant gémi
Que devant l’autel s’endormi.
La mère Dieu, la débonère,
A tout l’escrit à lui repère

Dont il estoit en tel fréor.
Près s’aproche du péchéor
La mère Dieu par sa franchise,
Et si li a la chartre mise
Deseur le piz mult doucement.
Théophilus isnelement
De la joie s’amervillie[138],
Ne plaint çou qu’il l’a travaillie[139].
De la chartre, quant l’a véue,
Dedenz son cuer en a éue
Si grant léesse et si grant joie
Toz li courages l’en effroie.
Si durement s’en esmerveille
Qu’à peines set s’il dort ou veille ;
Si grant joie a, ne set qu’il face.
Envers le ciel liève sa face,
Piteusement plore et sopire.
« Ha, mère Dieu ! que porrai dire ? »
Ce dit li las tot en plorant.
« Tant t’ai trouvée secorant,
Tant bénigne et tant débonère
Que ne l’ sai dire ne retrère.
Douce Dame, bien puis véoir
Ta grant doçor et ton pooir ;
Haute Dame de haut renom,
Luès qu’apelai ton poissant non
Et luès qu’an toi mis m’espérance,
Perdi déable la poissance.

« Si tost com vit li anemis
Que mon afaire eus seur toy mis[140],
Abaubiz fu, maz et confus.
Ha, douce mère Diu ! comme fus[141]
Concéue d’eureuse eure !
Secouruz est bien sanz demeure
Cui ta douçor deingne secore.

A toi servir doit chaucun core,
Haute pucelle, soir et main.
Se vivre puis jusqu’à demain,
Je te ferai si grant henneur
Et l’anemi tel deshenneur
Que tout mon errement dirai
En plainne église et géhirai[142].

Ce fut la nuit du samedi
Que Nostre-Dame li rendi,
La Dame d’umaine nature[143]
Qui tant est douce, nete et pure,
La chartre de perdicion.
Li las par grant dévotion
L’en mercia à tot le mains
Plus de mil foiz à jointes mains.
A lendemein sanz demorée,
Face moilliée et esplorée,
Théophillus sa chartre a prise.
Plorant vient à la mère église,
Où l’esvesque chantoit la messe.
De gent il treuve mult grant presse
Si com au jour du diemeinne.
Saint-Espérites, qui l’enmeine,
Jusqu’à l’autel le meine droit :
As piez l’évesque chiet luès droit.
Quant l’Évangile fu léue
En audience a connéue
Sa destinée[144] et sa purté.
N’est nus, tant éust de durté,
S’il n’entendit, qu’il ne plorast
Et le douz Dieu n’en aourast,
Où tant a de douce douçor
Que mort ne velt du péchéor,
Ainz velt sa glorieuse grâce,
Qu’il se convertisse et bien face.

Théophillus de chief en chief
Sa destinée et son meschief
En soupirant conte et récite

Si com Sainz-Esperiz l’escite,
Qui le r’esprant et fet si haut
Que de sa honte ne li chaut,
Ainz en covoite à boivre assez
Por ce que mielz fust respasez
Du venin dont fu entochiez.
As piez l’évesque s’est couchiez,
Si vomist tost et giete hors
La grant ordure de son cors
Por l’âme faire nete et monde.
A l’évesque et à tout le monde
Apertement dit et descovre
Son meffet et sa vilaine œvre.
Chaucun se seigne et esmerveille
Quant il raconte la merveille
Que li mostra fors de la vile[145]
Li guilierres par sa grant guile.
Tost li éust guillée s’âme
Se Diex ne fust et Nostre-Dame.
Chaucun plora, chaucun gémi
Quant il lor dit qu’à l’ennemi
Ot fet homage et féauté[146].
L’évesque r’a tout effréé
Quant la chartre li a mostrée
Que Nostre-Dame ot raportée
D’enfer, où cil l’avoit reposte
Qui mainte âme grailie et rote.

Toz li pueples plore et soupire
Quant Théophillus oent dire[147]
En quel manière et en quel guise
La mère Dieu par sa franchise
Conseillié l’a et visité.
Voiant tous ceux de la cité
A l’évesques la chartre lite,
Et quant finée fu et dite,
L’évesques, qui fu mult humains,
Envers le ciel tendi ses mains,
A ieuz moilliez glorefia

Le grant Seingnor, qui tot cria,
Et madame seinte Marie ;
A haute voiz plorant, s’escrie :
« Venez avant, et toz et totes ;
A nuz genoz et à nuz cotes
Le douz Seingnor glorefiez,
Qui por nos fu crucefiez
Et qui tant est piteux et doz
Qu’il nos deingna rachater toz
Du cler rosé et du cler sanc
Qui dégouta de son saint flanc ;
Venez avant, seingnor et frère,
Glorefiez la douce mère
Au douz Seingnor qui tot cria,
Qui de nos touz tel merci a
Que par sa grant miséricorde
A son douz Fil toz nos acorde.
Venez avant, venez véoir
La grant douceur et le pooir
De la poissans Dame célestre ;
Venez avant, et clerc et prestre ;
Venez avant, et cler et lai,
Venez avant sans nul délai
La merveillant merveille oïr
Dont touz nos devons resjoïr.
Venez avant, petit et grant,
Venez véoir com est engrant
La mère Dieu, la débonère,
De péchéors de péchié trère[148] ;
Venez loer sanz nul séjor,
A jointes mains et nuit et jor,
La mère au Roi qui tant cria,
Qui à son Fil merci cria
Por racorder cest péchéor.
Venez véoir en quel fréor
La mère Dieu déable a mis ;
Venez véoir com annemis
Est engingniez et decéuz.
En ses las iert cis las chéuz,

Mès cele tost l’en a fors mis
Qui n’oblie onques ses amis.
Venez véoir le riche tret
Que la mère Dieu si a tret :
Au déable a fet tel eschec
Que ce qu’il tenoit en son bec
A-il lessié par fine[149] force.
La mère Dieu, de qui est or ce,
Jeue si bien quant ele deingne,
Par un seul tret le jeu gaaingne.
Maint gieu perdu a gaaingnié,
Et s’a maint bon tret enseingnié
A ceus qui à lor jeu l’atraient.
Mult tost arrière s’en retraient
Li déable quant il la voient.
A cest chétif ici avoient
Par lor guile guilée s’âme ;
Mès, dès qu’au jeu vint Nostre-Dame,
I. si bon tret li ensengna
Quanqu’ot perdu regaaingna.
Dès que son bon corage vit
Si soutivement son jeu porvit
Qu’il retrouva par .i. seul tret
Quanqu’il avoit devant mestret.

« Venez véoir sanz délaiance
Com grant chose est de pénitance
Et comme ele a grant efficace ;
Venez véoir com a grant grâce
Et comme est douce au Sauvéor[150]
Chaude lerme de péchéor ;
Venez véoir la chaude lerme
Com frutefie à l’âme, et germe
Bone semance et bone graine ;
Venez véoir com l’âme a graine
Et comme elle en a grant profit ;
Venez véoir com desconfit
L’âme l’ordure de péchié.
Vos qui souvant avez péchié,
Chaudes lermes plorez souvant,

Car je vos ai bien en couvant,
Lerme est si fort quant ele est chaude
Tot le péchié art et eschaude ;
Lerme est si clère et si très fine
Que tout espurge et tot afine,
Et ralumine[151] et resclarcit
Quanque péchié taint et nercist.

« Petit et grant, venez véoir
Comme oroison r’a grant pooir :
Oroisons est pleine de miel,
Oroison tresperce le ciel,
Oroison est douce et piteuse,
Oroisons est si savoreuse.
Quant des lermes est destemprée,
L’ire Dieu a luès atemprée.

« Venez véoir, tuit péchéor,
Comme est plésant au Sauvéor
Et déliteuse afflictions,
Repentence et contrictions ;
Venez oïr en audience
Que c’est de jeune et d’astinance.
Vos savez bien que Moysès
XL. jorz tout près à près
En la montaingne jéuna,
Quant Dex ses tables li dona
Où escrit ot de son saint doi
Les commandemanz de la loi.
Ci bons péchières qui ci gist
Devant la mère Jhésu-Crist,
A jéuné quarante jors
En granz soupirs et en granz plors,
Et la Roïne glorieuse,
Qui debonère est et piteuse
Et qui douce est plus que nul miel,
Racordé l’a au Roi du ciel
Et sa chartre li a randue,
Qu’ai devant lui dite et léue.
Loons-la tuit à une acorde,
Loons sa grans miséricorde,
Loons sa poissance et sa force ;

Car si fors est qu’enfer efforce ;
Par sa force a proié enfer
Et peçoié les huis de fer.
Enfer est ronz et pecéez[152],
Enfer est maz et effréez,
Enfer tressue, enfer frémit,
Enfer dolose, enfer gémit,
Enfer lamante, enfer sopire,
Enfer ne set qu’il puist mais dire
Quant perdu a la grant goulée
Qu’avoit jà prise et angoulée.
Déable sont tuit desvoié,
Tuit fors de l’ sens et forvoié,
Tuit esgaré, tuit esperdu
De ce qu’il ont celui perdu
Qu’avoient pris et angoulé.
Bien sont honni, bien sont bolé
Li goulafre, li rechingnié.
Assez avoient esquingnié
De ce qu’ensi l’avoient pris,
Mès la pucele de grant pris
Que toz li mons aore et prise
Lors a rescousse ceste prise.

« Loons tuit, et clerc et prestre,
La douce mère au Roi célestre
Qui tant par est de doçour plaine,
Qui nostre frère nos ramaine
Qui perduz iert et adirez.
Il est deschauz et descirez ;
Povres et nuz à nos revient ;
Et revestier le nos covient[153].
Vestons-li la première estole
Dont l’Esvangile nos parole ;
Vestez-le bien sanz nule atante ;
Gardez qu’ès piez ait chaucemente
Et qu’en sa mein ait riche anel ;
Ociez tost le cras véel,
Quar il est droiz, si com moi samble.
Tuit devons hui manger ensamble,
Grant noces fère et grant convive,

Car Dieux nous a à bone rive
Arrivez et mis nostre frère,
Par les prières de sa mère.

« Loons tuit la doce Dame
Qui a ressucitée l’âme
Qui en péchié estoit estainte ;
Loons tuit la Dame seinte,
Loons tuit la Dame pie,
Loons tuit la grant aïe,
Loons tuit son grant conseil,
Loons-la tuit, je l’ vos conseil ;
Car toutes rien loer la doit.
Ele est si fort que de son doit
Bout-ele jus les murs d’enfer ;
Enfer, qui a les denz de fer,
Du sien ne puet rien retenir ;
Ele le fait tost dessevir,
Ele le fet tot fremier.
S’il en devoit toz vessier
De Mautalent, d’ardor et d’ire
Et s’il en devoit toz défrire.
S’en tréra-ele encor mainte âme ;
Car sa mestresse est et sa dame.
Souvent le despoil et desrobe ;
En enfer n’a maufé si gobe,
Tant soit veluz, grant ne patez,
Dès qu’il la voit ne soit matez
Et qui grant voie ne li face.
Ele par a si bele face
Et si cler vis de grant pooir
Qu’ennemis ne l’osent véoir ;
Si grant clarté ist de son vis
Que vraiement lor est avis,
Se devant lui ne s’enfuioient,
Que tuit li heuil lor esduiroient.
Li douz Dex fist sa douce mère
Si plesant, si bele et si clère
Qu’en lui se mirent li archange
Li seint, les seintes et li angre ;
Il méismes souvent s’i mire.
A sa biauté conter ne dire
Nule bouche ne soufiroit.
Où est la langue qui diroit

Douce Virge, douce pucele,
Com tu es douce, sade et bele !
Sour toutes riens es gracieuse,
Sour toutes riens es déliteuse,
Sour toutes riens es bele et sage,
Sor toutes riens as douz courage,
Sour toutes riens es debonère.
Dame, nus ne porroit retrère
Com par est doce et grant t’aïe.
Douce pucele, Verge pie,
Dame sans venin et sans fiel,
De toutes les vertuz du ciel
Hui en ces jor loée soies
De ce que tu à bones voies
Cest péchéor nos a remis
Et retolu as ennemis.
Douce Dame, douce pucele,
Dame sor toutes biautez bele,
Dame sor totes clartés clère,
Prie ton Fil, prie ton Père,
Qui tout le mont a en sa main,
Que tous nos gart et soir et main,
Et tieux œvres fère nos face
Par sa douçor et par sa grâce,
Que partir puissons à sa gloire.
Amen, dient cler et provoire. »

Quant li évesques par dit ot
Ce qu’il lui sist et que lui plot,
Téophillus sans demorée,
Qui la face ot mult esplorée,
A fet drecier et relever.
Pour l’anemi fère crever,
Et pour honir lui et sa guile,
Voiant le commun de la vile
Fet l’évesques la chartre prendre
Et si la fet ardoir en cendre.
Quant ele fu broïe et arse
Et la cendre par tot esparse,
Mult fu Nostre-Dame aorée,
Et mainte lerme i ot plorée.
Assez plorèrent clerc et lai ;
Et l’évesques sans nul délai,
Quant ot la messe défenie,

Théophilius acommenie.
Luès droit qu’an la bouche li mit
Le précieux cors Jhésu-Crist,
Son vis si grant clarté rendit
Qu’ausi com souloil resplandit ;
Si cler devint, c’en est la some,
Face d’angre ot, ne mie d’ome.
Tuit cil qui cest miracle virent
Moult durement s’en esjoïrent,
Et mult forment s’en merveillièrent ;
Dieu et sa mère en mercièrent
Grant et petit communément.
Théophillus isnelement
Repériez est à sa chapele
Devant l’ymage à la pucele,
Où vit les .iij. avisions.
Mult fu en granz afflictions[154],
Mult geta lermes et sopirs
Com cil en cui li Sains-Espirs
Aombrez ert et descenduz.
En crois se git tout estanduz
Devant l’ymage Nostre-Dame.
« Dame, fet-il, ma lasse d’âme
En ta garde met et commant.
Doce Dame, par ton commant
Ton douz Filz prie sanz délaie
Que tost à bone fin me traie.
Puisqu’il est tant miséricors
Qu’il a soufert que sons seint cors
Ai recéu, quel que je soie,
Dedenz mon cuer en ai tel joie
N’est riens el mont que je covoit
Fors tant que bone fin m’envoit. »
La douce Dame glorieuse
La douce Virge[155], la piteuse,
Son péchéor n’oblia pas :
Son finement et son trespas
Qu’il désiroit tant durement

Venir li fist prochiennement.

Théophillus, ce dist l’estoire,
Ainz puis ne pot mangier ne boivre
Qu’ot recéu son Sauvéor.
Moult ot en lui bon[156] péchéor,
Et mout par ama docement
La mère au doz Roi qui ne ment,
Et moult la servi volantiers.
Iij. jors jéuna touz entiers
En oroisson devant s’ymage.
Tant la pria d’entier corage[157],
De chaut cuer, d’entier[158] et d’engrez
Qu’en .iij. jors ne plus que un grès
Ne se croula ne ne se mut.
Droit au .iij. jor, quant finer dut,
Sez compangnons a touz mandez ;
S’ez a à Dieu touz commandez.
Bessiez les a com bien apris,
Et puis à tous a congié pris.
« Seingnor, fet-il, à Dieu le Père
Et à sa douce sade mère,
Qui de moi face lor commant,
D’ore en avant toz vos commant. »
Puis ne lor dit ne plus ne mains ;
Vers l’ymage estant ses mains,
Et si s’errent, à ieuz moilliez,
Piteusement ajenoilliez.
La douce mère Dieu regarde :
« Dame, en tes mains et en ta garde
Commant, fet-il, mon espérite. »
Si tost com la parole ot dite
La boche ovri, si rendi l’âme
Devant l’ymage Nostre-Dame.
Si compaignon, quant mort le virent,
Assez plorèrent et gémirent.
De toutes parz li pueples vint ;
El lieu méisme où ce avint

L’enterrèrent moult hautement,
Et clerc et lai communaument
Dieu et sa mère de cuer fin
Glorefièrent de sa fin ;
Car il vint moult à bone fin[159].
Cis miracles n’est pas de fables,
Ainz est si vrais et si estables
Qu’an sainte Eglise est recéuz
Et en maint haut covant léuz[160].
A oïr est moult déliteus
Et s’est moult doz et moult piteux
Por péchéor réconforter.
Nus ne se doit desconforter
Pour nus péchié dont il se doille,
Pour que servir et amer veille
Nostre-Dame seinte Marie ;
Ne nus qui soit en ceste vie
N’est tant prodon ne de haut estre
Qui asséur doie jà estre.
Foz et fole, sans nule doute,
Cil et cele qui ne se doute.
N’i a si bon qui ne meschiée,
Ne si séur qui tot ne chiée
Ou qu’il ne face aucun fol saut
Quant annemis un poi l’assaut.
Théophilus fu tost chéuz,
Tost engingniez, tot decéuz,
Qui tant estoit de grant renon
C’on ne parloit se de li non.
Anemis a moult grant poissance,
Et tant set de la vieille dance
Que sa dance fet bien baler
Cieus qui plus droit cuident aler ;
Assez souvant guile et mesmainne
Ceux qui plus font la Madalaine[161] ;

Car .i. bevrage lor fet boivre
Qu’il destrempe de vaine-gloire,
Dont toz les enivre et enherbe.
Vaine gloire est si très male herbe,
Si très cuisans et si amère
Qu’il n’est si predons nez de mère,
S’il en englot neis une goute,
Qui la mort à l’âme n’engloute.

Vaine gloire est trop mal bevrage :
Plosors en boivent, s’est domache[162].
Assez puet l’en de ceux véoir
Qui d’eux garder ont grant povoir,
Et qui mout sont rélégieuz ;
Mais il par sont si glorieux[163]
Et si farci de vaine gloire
Qu’il ne daingnent mangier ne boire
Avec lor povres compangnie.
Humilité à compangnie,
Si nos volons aucun bien fère
Qui doie à Dieu servir ne plère.
Humilité, c’en est la some,
Honist vaine glore et asome,
Et ocist orgueil et enherbe[164].
Humelités est si bonne herbe[165]
Que Dieux méismes la planta.
Ainz li douz Dieux ne se vanta
En nul escrit que nus léust
De vertu nule qu’il éust,
Fors seulement d’umelité.
Ele est de tele auctorité
Que li douz Rois de paradis
A ses apostres dit jadis
Pour ce que orgueil getassent puer,

Qu’il ert douz et humbles de cuer.
De cuer ne fu mie parastres[166]:
Bien enseingna li piteus pastres
Qu’il estovoit par estovoir
Humilité du cuer movoir ;
Car tiex fait l’umble par defors
Qui l’orgueil a mucié el cors.
Tieux fet samblant d’umilité
Qui est tout plain d’iniquité ;
Tieux fet samblant c’umbles est touz[167]
Qui moult est fierz, fel et estoz ;
Tieux a la face pâle et maigre
Qui le cuer a felon et aigre ;
Tieux a vestue t’aspre hère
Qui aspres est et deputaire[168] ;
Tieux a vestue bele robe
Qui le cuer n’a mie si gobe
Ne si soupris de vaine gloire
Com tieux afuble chape noire ;
Tieux fet samblant de torterele
Qui par dedens est cresserele ;
Tieux fet le simple et le marmite
En cui orgueil maint et habite ;
Tieux a mult humble et doz le vis
Qui el cuer est déable vis[169] ;
Tieux a l’abit moult régulier
Qui le cuer a moult séculier.

Orgueil assez souvant ce muce
En papelart à grant aumuce ;
Orgueil assez souvant se cole[170]
Desouz voile et desouz cole ;
Orgueil assez sovant repère[171]
Et desoz sac et desouz hère ;
Orgueil partout se muce et glace,
S’umilité fors ne l’en chace.
El monde n’a si vil habit

Où à la foiz orgueil n’abit.
Orgueil se muce en mainte robe,
Orgueil toutes vertuz desrobe,
Orgueil toutes vertus despoille,
Orgueil touz biens conchie et soille
Orgueil maint vaillant hom empire
Orgueil partout veult estre sire,
Orgueil partout est mal aisiez,
Orgueil est aigre comme aisiex,
Orgueil tous jors en venin tempre,
Orgueil par touz put tart et tempre,
Orgueil de tous maux est acointes,
Orgueil est fier, orgueil est cointes,
Orgueil est froiz et envieux,
Orgueil est fel et annuieuz,
Orgueil ne prise fol ne sage,
Orgueil est plains de grant ouït rage,
Orgueil est plains de grant desroi,
Orgueil cuide estre fil de roi,
Orgueil li quens plus quide estre[172],
Orgueil si est d’orgueilleuz estre,
Que soz ses piez veult toz mestre ;
Orgueil fu nez, ce dit la letre,
Et concéuz en paradis ;
Orgueil geta du ciel jadis[173]
Le plus bel angre que Dieux fit,
Qui por orgueil tant se meffit
Que volt samblanz et parenz estre
En paradis au Roi célestre ;
Mès quant vit Dieux l’outrecuidance,
Par sa force, par sa poissance,
El fonz d’enfer le balança.
Onques nus hons ne s’avança
D’estre orgueilleus, bien le sachiez.
Fi ! escopez et décrachiez
Doit estre orgueil de touz prodommes[174]
Fi ! fi ! orgueil tout décrachommes,
Car tant par est d’orde matère

Qu’il put à Dieu et à sa mère.
Orgueil put plus que ne fait sete,
Mès Humilité est si neste,
Si debonère, si bénigne,
Si plésant, si douce, si fine[175],
Si sainte, si pure, si monde,
Qu’à Dieu plest et à tout le monde.
La letre dit, n’en doutez mie :
« Qui s’essauce si[176] s’umélie,
Qui s’umulie Dieux l’essauce. »
Humilitez les humbles hausse,
Humilité les siens esliève ;
Mais orguex qui si fort s’esliève[177],
Qui dusc’au ciel se velt lever,
Les siens ne fet fors que grever.
Orgueil les orgueilleus avale,
Orgueil fet home megre et pâle,
Orgueil fet home nesciant[178],
Orgueil fet home resdiants[179].
Orgueilleus hons a male vie ;
Car tout le cuer li runge envie :
Si près de lui se place et muce
Que tout le sanc li boit et suce.
Orgueil est trop suscent sensue,
Orgueil tout jorz tout son sanc sue
Quant voit nului qui le surmonte ;
Mès humilité si se donte
Que nule foiz n’a nule envie
De nul bien que nus ait en vie.

Totes et tuit, sachiez de voir
Nule vertuz c’om puist avoir,
Rien ne li valt ne li profite
S’umilité en lui n’abite.
Amer ne puet Deu à nul fuer
Homme qui n’est humbles de cuer.
Li Roi du ciel, nostre doux Père,
Ama moult mielz sa douce Mère

Pour sa très grant humilité
Ne fit pour sa virginité.
Humilité, quant ele est fine,
Touz biens esclère et enlumine ;
Nule vertuz n’eime Dieu plus.
Tant com detint Téophillus
Humilité dedenz son cuer
Ne l’ pot déables à nul fuer,
Tant le séust bien espier,
Ne decevoir, ne conchier ;
Mès erramment qu’il la baissa[180]
Tost le vainqui, tot le plessa,
Tost l’ot lassé et amati,
Et en son cuer luès li flati
Orgueil, envie et vaine gloire,
Par coi renoier et mescroire
Li fit Jhésu-Crist et sa mère.
Tant somes de povre matère
Que fox est qui en lui se fie
N’en sa bonté se glorefie.
Tant est nostre matère mate
Qu’anemis tot nos vaint et mate ;
Moult erramment les piez nos glace,
Se Dieux ne nos tient par sa grâce,
Quant annemis .i. poi nos bote ;
Pour çou est faus, ce n’est pas dote,
Et trop a fole entencion
Qui por sa grant relegion
Monte en orgueil n’en vaine glore ;
Car, au tesmoing de saint Gringoire,
N’est nus, tant soit de grant povoir,
S’il n’est chéuz, ne puist chéoir.
I. bien preudon est tost chéuz ;
Pour est-il soz et durféuz
Qui pour bonté qu’il ait en lui
Est fier n’orgueilleux vers nului ;
Car à la foiz est avenu
Que bon mauvès sont devenu,
Et à la foiz par Dieu r’avient
Que li mauvès moult bon devient.
Pour ce est foz qui nului despise,
Car Dieux humble péchéour prise

Mieulz qu’orgueilleux juste ne face,
Et plus tost li done sa grâce.

L’umble Reïne, l’umble ancele,
L’umble Dame, l’umble pucele
En qui Dieux prist humanité
Met en noz cuers humilité,
Et tout orgueil en doinst fors mestre.
Qui se voudra bien ademestre
A lui servir, bien le sachiez,
Jà si n’ert orz ne si tachiez,
Ne d’ort péchiez si débavez
Par lui ne soit tout eslavez.
Qui bien la sert ne puet périr :
Ele est tant large de mérir
Touz les servises c’on li fet
Que tuit sont riche, et ce fet
Cil qui bien son servise font.
Douz Dieux, com tuit cil se refont
Qui ta très douce mère honorent
Et en sa vingne bien laborent[181] !
N’est nus, s’entrer velt en sa vingne,
N’ait son denier, tant tart y viengne.
Touz li mondes la doit servir,
Car nus ne porroit deservir
Le grant loier que cil reçurent
Qui à lui sont et qui l’aeurent ;
Tuit cil sont riche et recovré
Qui un seul jor i ont ovré.
Théophilus bien i ouvra,
Car en son reigne recouvra
Ce qu’il ne péust recouvrer
En ovraingne où seult ovrer.
Riches sodées li paia
Quant à son Fil le rapaia
Qu’avoit guerpi et renoié.
Dervé sont tuit et forvoié
Cil qui à lui servir ne corent
Et en sa vigne ne laborent ;
Car ele paie assez souvant
Mil tanz qu’ele n’a en convant.
De bien paier par est si tendre

Que plus paie c’on n’ose prandre.
Ses paiemenz est si délivres
Que por saus paie mars et livres.
Toute largesce de lui vient ;
Si est bien droiz et bien avient
Qu’ele soit large soir et main,
Car tout le mont a en sa mein.
Ne doit avère estre ne chiche
Si haute dame ne si riche ;
Riche est desor toutes richesces,
Large desour toutes largesces,
Douce desor toutes doçour.
Bien besoingne à nos péchéors
Qu’ele soit douce ; si est-elle.
C’est li cornez, c’est la menmele
Dont Dieux ses orfelins alete ;
La mamele a jour et nuit traite
La douce mère au Savéor,
Por alaitier au péchéor
Si tost come i crie merci.
Bien doit avoir le cuer nerci
Qui jour et nuit ne la reclaime,
Qui ne la sert et qui ne l’aime ;
Quar s’est la norissant norice
Qui alaite et qui est norice,
Qui tout le mont pest et norrist.
Tant est douce c’adès sourist
A ceuls qui de bon cuer la proient
Et lour genouz devant lui ploient.
Ele est tant douce et tant piüe
Qu’escondire n’ose s’aïue,
Ne refuser neis à nul[182] fuer
A celui qui la prist de cuer.
Doce et piteuse doit bien estre,
Quant de ses douz flans daingna nestre
Li très douz Dieux miséricors.
Bénéoit soit tuit li cors
Qui sa douce douçor recordent
Et qui à lui servir s’acordent,
Car par sa grant miséricorde
Maint descordé à Dieu racorde[183].

Nus n’est à Dieu tant descordez
Ne d’ort péchié tant encordez
Sa douce mère ne l’ racort,
Mès qui à lui servir s’acort.
Téophilus i racorda
Qui déables en descorda :
Encordé a mult de cordons[184].
S’à lui servir nos acordons[185]
Ele rompra cordons et cordes,
Et fera toutes les concordes.


Explicit de Théophilus[186].




Voici maintenant sur Théophile une autre pièce tirée du Ms. 428, suppl. français, bibliothèque royale. Elle se retrouve également dans le Ms. 7218, page 191, même bibliothèque, et dans le Ms. 175, belles-lettres françaises, bibliothèque de l’Arsenal. Elle a pour titre :


C’EST LA PRIÈRE DE THÉOPHILUS.


Dame resplendissans, Royne glorieuse,
Porte de paradis, pucele précieuse,
Dame seur toutes autres plaisans et déliteuse,
Daigne oïr ma prière de t’oreille piteuse.

A toi, haute pucele, à toi, haute Royne,
Doivent tuit péchéours secours querre et mécine ;
Car tu es la fontaine et la sainte pécine
Qui tous péchiez esleve par la vertu devine.

Dame, tu es vaissiaus[187] de pais et de concorde,
De pitié, de douçour et de miséricorde.

Dame, ainçois que la mort, qui partout mors, me morde,
Au Roi de paradis me r’apaie et acorde.

Tant a esté ma vie desmesurée et gloute,
Regart[188] l’eure que terre pour mes péchiez m’engloute.
Haute Dame piteuse[189] où m’espérance est toute,
Les iex dou cuer m’esclaire ; grant pieçà ne vi goute,

Anemis en ses las m’a tenu mult grant pièce.
Dame, par ta douçour derrons-les et depièce ;
Ne daigniez consentir jamais tant me meschièce
K’en nule vilonnie qui vous desplaise enchièce.

Douce Dame esmerée[190], qui fenestre es et porte
De gloire pardurable[191], si com raisons l’aporte,
Ce chaitif[192] péchéour qui si se desconforte
Par ta sainte douçour resléece et conforte.

Virge seur toutes autres servie[193] et honnorée,
Dame qui es d’archangres et d’angre encensée[194],
Se pitié n’as de m’âme, sans longue demorée,
En enfer sera toute des sathans[195] dévorée.

Pucele qui sacraires fus dou Saint-Esperite,
Se ta très grans douçours vers ton Fill ne m’aquite[196],
Toute enportera m’âme, ne li ert contredite,
Dyables, qui l’a jà en ses tables escrite.

Si sui viex, si sui frailes, si sui péchierres, Dame ;
Plus péchierres de moi ne nasqui ainc de fame.
Dame de paradis, se pitié n’as de m’âme,
En enfer iert dampnée en pardurable flame.

Royne glorieuse, de son escrit m’efface !
Jointes mains le te pri et à moillie face ;

Et si m’otroie, Dame, que je jamais ne face
Péchié ne vilonnie par quoi tes Fiex me hace[197].

Fontaine de pitié, fluns de miséricorde,
Met conseil en ma vie, qui tant est viex et orde ;
Ne consent jamais, Dame, k’a nul péchié m’acorde[198]
De quoi ma conscience me repraigne et remorde.

Pucele précieuse, en cui flans précieus
Char et sanc daigna prendre li haus Rois glorieus,
Déprie ton chier Fill, qui tant est gracieus[199],
Paradis ne me toille, qui tant est déliteus.

Royne glorieuse qui nommée es Marie,
Par cui toute chose est soustenue et garie,
Deffen-moi[200] dou dyable qui souvent me tarie
Et en tantes manières mon corage varie.

Jointes mains te pri, Dame, par la compassion[201]
Qu’éus de ton chier Fill quant soufri passion,
Que de mon cuer esloignes male temptation[202],
Et met humilité en lieu d’élation.

Virge, qui de ton père fus et mère et norrice,
Deffent-moi dou dyable, qui tant set de malice,
Qui tante fois m’a fet enchéoir en maint vice.
Tel paour ai de m’âme, tous li cors m’en hérice.

Pucele douce et humble, qui par humilité
Temples fus et sacraires de sainte Trinité,
Esloingnes de mon cuer orgueil et vanité,
Convoitise et rancune et toute iniquité.

Pucele glorieuse, pucele nete et pure,
Ne me laisse enchéoir en péchié de luxure.
Dame, trop sui malades : entrer vueil en ta cure,
Car tu es la mécine qui tous péchiez escure.

Sainte Escripture, Dame, si douce vous tesmoigne

Quant je nom vostre non il m’est avis com m’oigne.
Pucele précieuse, ains que la mort me poingne
Au grant Seingnor m’acorde, qui tout le mont enpoigne.

Dame, qui es plus douce à cent doubles que miel,
Dame, qui es en gloire par-desus saint Michiel,
Ostez de mon corage le venin et le fiel
Par quoi Lucifer fu trebuchiez jus dou ciel[203].

Dame, qui es d’archanges et d’angres encensée[204],
Grant fiance a en toi mes cuers et ma pensée.
Dame, qui es plus douce que novel miel en rée,
L’eure soit bénéoite que tu fus onques née.

L’eure soit bénéoite que tu fus concéue,
Car devant tout le siècle[205] t’avoit Diex porvéue[206]
Pour apaisier[207] la guerre que nous avoit méue
Nostre première mère, qui trop fu decéue.

Par toi fûmes-nous trait de la subjection[208]
Où dyables nous mist par sa déception[209].
En plorant[210], douce Dame, par vraie entencion,
Met-je mon cors et m’âme en ta protection[211].

Douce Dame piteuse, qui assise es à destre
De ton Fill Jhésu-Crist en la gloire célestre,
Déprie ton chier Fill qu’il me doingne tex estre
Que toi puisse servir et amender mon estre.

Dame, en cui grant douçour et grant pitiez habonde,
Dame de paradis, en cui tous biens soronde,
Fai-moi tel que toi puisse, tant com sui en ce monde,
Servir et honnorer de net cuer et de monde.

Dou tout en tout à toi me commant et me tense[212] ;

Dame, tes hom devieng, désormais en pense :
Puisque je sui à toi, garder me dois d’offense.
M’oroison finerai ; or soies ma deffense.

Dame où toute pitiez et toute douçours maint,
Pour ce grant espérance i ont maintes et maint,
Déprie ton chier Fill, s’il li plaist, qu’il tant m’aint
Que il par sa pitié à bone fin me maint.


Explicit la Prière Théophilus.


Les deux strophes qui suivent ne sont pas au Ms. 7218, mais on les trouve au Ms. 428, vers la fin de la pièce :

Dames, seur toutes autres vous estes la plus fine.
De toi loer ma bouche n’est pas nete ne digne ;
Mès tant par es piteuse, debonère et bénigne,
Péchéor ne despis qui son péchié relingne.

Dame en toutes douçors enmielée et soucie,
Jointes mains te pri, Dame, que tu por moi déprie ;
Tant sui péchierres d’âme et de mauvèse vie
Se ne pries por moi m’âme sera périe.




Tels sont les fragments français que j’ai pu recueillir sur Théophile. Je cède maintenant, pour le texte grec, la parole à M. de Sinner, qui a bien voulu se charger de l’édition des deux recensions inédites dont nous avons parlé déjà. Voici donc ce que dit le savant helléniste :

Le texte grec de la légende de Théophile ne figurant dans cet ouvrage que comme pièce justificative, je n’ai pas cru devoir me donner la peine de faire des recherches pénibles dans les diverses bibliothèques.

M. Francisque Michel ayant, en 1832, attiré mon attention sur le Ms. Coislin no 283, du 11e siècle, sur vélin, in-folio, j’en fis copier le texte. Fabricius, Bible. Græc., ancienne édition, t. IX, page 149, m’avait appris que Lambécius, livre viii, page 75 (édition Kollar, livre viii, pages 156-171), donnait des détails sur un Ms. de la bibliothèque impériale de Vienne. J’en écrivis à M. de Kopitar, qui eut la bonté de m’en faire faire une copie exacte et diplomatique par M. J. H. Chr. Schubart, aujourd’hui professeur et bibliothécaire à l’Université de Giessen.

Après avoir comparé entre eux les textes du Ms. Coislin et du Ms. de Vienne, j’ai cru qu’il serait inutile de tenter de faire concorder entre elles deux recensions différentes, et j’ai préféré les imprimer chacune séparément. Je n’ai point vu le Ms. de Vienne, que Lambécius qualifie Codex membranaceus pervetustus ; mais c’est là, à peu de chose près, le texte grec dont Surius a donné la traduction latine, texte qui, bien que barbarement interpolé, pourrait, dans sa rédaction primitive, remonter jusqu’à Eutychianus, c’est-à-dire, d’après les calculs des Bollandistes, jusqu’à l’an 538. La recension du Ms. Coislin, à cause des fautes grossières et des nombreuses lacunes qui la déparent, ne me semble pouvoir être rapportée au plus qu’au 10e siècle.

Ne voulant pas faire ici un travail savant sur la légende de Théophile, je me suis borné à corriger les fautes évidentes de l’iotacisme et à proposer entre parenthèses les corrections qui me semblaient nécessaires. Dans la recension du Ms. de Vienne toutes les notes latines appartiennent à M. Schubart ; il ne me revient que le très-petit mérite des corrections précédées de l. (lege).


RECENSION DU MANUSCRIT COISLIN No 283.

Μετάνοια καὶ ἀνάκλησις πρὸς τὸν Κύριον γενομένη ὑπό τινος οἰκονόμου ὀνόματι Θεοφίλου, διὰ τῆς μεσιτείας τῆς ὑπεραγίας Θεοτόκου.
ΕΥ̓ΛΌΓΗΣΟΝ.

Ἐγένετο κατὰ τὸν καιρὸν ἐκεῖνον, πρὶν γενέσθαι τὴν ἐπιδρομὴν τῶν ἀθέων ἀλιτηρίων Περσῶν ἐν τῇ τῶν Ῥωμαίων φιλοχρίστῳ πολιτείᾳ, ἐν μιᾷ τῶν πόλεων ὀνόματι Ἄδανα τῆς τῶν Κιλίκων δευτέρας ἐπαρχίας, οἰκονόμονα γενέσθαι ἐν τῇ ἁγιωτάτῃ τοῦ Χριστοῦ ἐκκλησίᾳ ὀνόματι Θεόφιλον. Ἐπαναπαύεσθαι εἰς αὐτὸν πᾶσαν τὴν διοίκησιν τὴν ἀνήκουσαν τῇ αὐτοῦ ἁγιωτάτῃ ἐκκλησίᾳ, καὶ πάσῃ τῇ φιλοχρίστῳ αὐτοῦ πόλει· καὶ ἁπλῶς εἰπεῖν, ἀπὸ μικροῦ ἕως μεγάλου ηὐχαρίστουν αὐτῷ. Τοῖς γὰρ ὀρφανοῖς καὶ χήραις καὶ πένησιν ἀφθόνως καὶ πλουσίως πᾶσιν ἐχορήγει· καὶ μάλιστα οὕς ἐγίνωσκεν ἀπὸ οὐσιῶν ἐκπεπτωκότας. Τούτων οὕτως ὑπαρχόντων, ἔδοξε κατὰ τὸ τοῦ Θεοῦ θέλημα τὸν ἁγιώτατον ἐπίσκοπον τῆς αὐτῆς πόλεως τέλει τοῦ βίου χρήσασθαι. Ὅθεν εὐθέως οἱ τῆς φιλοχρίστου πόλεως, θερμῶς φερόμενοι πρὸς τὴν γνησίαν αὐτοῦ ἐν Χριστῷ ἀγάπην, ἀλλὰ μὴν καὶ τὴν ἱκανότητα τοῦ ἀνδρὸς ἀποϐλεψάμενοι, κοινῇ βουλῇ ἅπαντες γενόμενοι, ψηφίζονται τὸν αὐτὸν οἰκονόμονα εἰς ἐπίσκοπον, πέμψαντες εὐθέως ἐν τῇ αὐτῶν μητροπόλει τὸ γενόμενον ψήφισμα· ὅπερ δεξάμενος ὁ μητροπολίτης, καὶ τὰ τοῦ ἀνδρὸς ἤδη προγινώσκων, ἦξεν (l. εἶξεν) τῇ παρακλήσει, αὐτὸν ἐπίσκοπον ἐν τῇ ἁγιωτάτῃ αὐτοῦ ἐκκλησίᾳ. Ὁ δὲ θεωφιλέστατος οἰκονόμος, δεξάμενος τὰ παρὰ τοῦ μητροπολίτου γράμματα, κελεύοντα αὐτὸν παραγενέσθαι ἐν τῇ μητροπόλει, οὐκ ἤθελεν ἀπελθεῖν, πάντας παρακαλῶν καὶ δεόμενος μὴ γενέσθαι αὐτὸν ἐπίσκοπον· ἀρκεῖσθαι δὲ μόνον, τοῦ εἶναι αὐτὸν οἰκονόμονα· τούτῳ (l. τοῦτο) ἀπολογούμενος τῷ ὄχλῳ, μὴ εἶναι αὐτὸν ἄξιον τοῦ θρόνου. Τοῦ οὖν ὄχλου κατεπείγοντος, καὶ τῶν δι’ αὐτῶν ἀποσταλέντων, χειρὶ βιαίᾳ τοῦτον ἀνήγαγον ἐν τῇ μητροπόλει. Ὃν δεξάμενος ὁ μητροπολίτης, καὶ πάνυ περιχαρὴς γενόμενος, ἠθέλησεν χειροτονῆσαι ἐπίσκοπον. Ὁ δὲ, ῥίψας ἑαυτὸν εἰς τὸ ἔδαφος, ἐδέετο μηδὲν τοιοῦτον προϐῆναι, κράζων καὶ λέγων, Ἀνάξιός εἰμι τῆς ἐπισκοπῆς, καὶ ἐπίσταμαι τὰς ἐμὰς ἁμαρτίας. Καὶ ὡς ἐγένετο ἐπὶ ἱκανὰς ὥρας κεῖσθαι αὐτὸν εἰς τοὺς πόδας τοῦ μητροπολίτου, ἔδωκεν λόγον σκέψεως ἡμερῶν τριῶν, ὅπως πεισθεὶς χειροτονηθῇ ἐπίσκοπος. Μετὰ γοῦν τὴν τρίτην ἡμέραν, πάλιν προσκαλεῖται αὐτὸν ὁ μητροπολίτης, καὶ ἤρξατο νουθετεῖν αὐτὸν, οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τὴν ἱκανότητα καὶ τὴν ἁγνείαν αὐτοῦ γεραίρων. Ὁ δὲ ἐπέμενεν κράζων καὶ λέγων, μὴ εἶναι αὐτὸν ἄξιον τοῦ θρόνου. Ὡς δὲ εἶδεν ὁ μητροπολίτης τὴν ἔνστασιν αὐτοῦ, ἐάσας αὐτὸν, ἐχειροτόνησεν ἄλλον καὶ τὸν θεοφιλέστατον τοῦτος οἰκονόμονα παρέδωκεν πάλιν οἰκονομεῖν ὡς καὶ πρώην. Καὶ δὴ ἐλθόντων αὐτῶν ἐν τῇ προλεχθείσῃ πόλει, σὺν τῷ προχειρισθέντι ἐπισκόπῳ, τινὲς ἐχθροὶ κακῶς φερόμενοι κατὰ τοῦ οἰκονόμου, ἤρξαντο λοιδορίας τινὰς παρεισφέρειν κατ’ αὐτοῦ εἰς τὰς ἀκοὰς τοῦ ἐπισκόπου· καὶ τοῦτον πείσαντες, διαδέχεται αὐτὸν τῆς οἰκονομίας. Θεωρήσας οὖν ὁ ἀεὶ μηχανοῤῥάφος καὶ δεινὸς διάϐολος τὸν ἄνδρα ἐν πολλῇ ἡσυχίᾳ καὶ σωφροσύνῃ ἐν τῷ ἰδίῳ οἴκῳ διάγοντα, καὶ φθονήσας εἰς τὴν καρδίαν αὐτοῦ, ὑποϐάλλει αὐτῷ λογισμοὺς ἐπὶ τῇ τοιαύτῃ πάλιν κρατήσει τῆς οἰκονομίας ζήλῳ σφοδρῷ, ὡς λοιπὸν καὶ φαρμακῷ καὶ ἐπαοιδῷ προσομιλῆσαι. Ἦν δὲ τις ἐν τῇ πόλει ἐκείνῃ Ἑϐραῖος, ἀκουστὸς πάνυ, τοῦ διαϐόλου ὑπουργός· ὅστις καὶ πολλοὺς ἀπώλεσεν. Ἀπέρχεται οὖν πρὸς αὐτὸν ἐν νυκτὶ ὁ ῥηθεὶς ἀποοικονόμων ἀπὸ οἰκονόμων, καὶ κρούει εἰς τὸν πυλῶνα αὐτοῦ. Ὁ δὲ ἐξελθὼν, καὶ ἰδὼν αὐτὸν, φόϐῳ συσχεθεὶς καὶ ἐκπλαγεὶς, προεγίνωσκεν γὰρ αὐτὸν, καὶ λέγει αὐτῷ· Τίς ἡ αἰτία, δέσποτά μου, δι’ ἥν παραγέγονας ; Ὁ δὲ ἀποοικονόμων εὐθέως καὶ παραχρῆμα ῥίπτει ἑαυτὸν εἰς τοὺς πόδας τοῦ Ἑϐραίου, παρακαλῶν αὐτὸν, καὶ ἐξηγούμενος τὰ συμϐάντα αὐτῷ, καὶ λέγων· Εἴ τι δύνασαι, βοήθει μοι τῷ ἐν πολλῇ θλίψει ὄντι. Εἶπεν οὖν αὐτῷ ὁ ἀποστάτης Ἑϐραῖος· Τῇ ἐπερχομένῃ νυκτὶ τοιαύτῃ ὥρᾳ ἐλθὲ πρός με, καὶ ἀπάγω σε εἰς τὸν πάτρωνά μου, καὶ βοηθήσει σοι πάντως, καὶ μηδὲν ῥᾳθυμήσῃς. Ὁ δὲ ἀκούσας τὸν λόγον, καὶ περιχαρὴς γενόμενος, ἐποίησεν οὕτως. Καὶ δὴ τῇ ἑξῆς νυκτὶ, ἐλθὼν μεσονυκτίῳ, ἔλαϐεν αὐτὸν ἐν τῷ ἱπποδρομίῳ τῆς πόλεως, καὶ λέγει αὐτῷ. Εἴ τι ἐὰν ἴδῃς ἢ ἀκούσῃς, μὴ δειλιάσῃς, μηδὲ τὸν τύπον τοῦ σταυροῦ ποιήσῃς οὐδὲν γὰρ συντελεῖ εἰς βοήθειαν ἀνθρώπων, ἀλλὰ μᾶλλον χλεύη καὶ ἀπάτη ὑπάρχει. Κἀκείνου συνθεμένου, ἐξαίφνης δείκνυσιν αὐτῷ φαντασίας τινάς· χλανιδιφόρους μετὰ πλήθους κανδιλαύρων, φωνὰς βάλλοντας, καὶ ἐν τῷ μέσῳ αὐτῶν τὸν ἄρχοντα αὐτῶν καὶ διάϐολον καθήμενον, καὶ αὐτοὺς παρεστῶτας. Τότε κρατήσας ὁ κακιστος Ἰουδαῖος τὴν χεῖρα τοῦ ἀποοικονόμονος, φέρει αὐτὸν πρὸς τὸ ζῶν· καὶ λέγει ὁ διάϐολος τῷ Ἰουδαίῳ· Τί ἤγαγες ἡμῖν τὸν ἄνθρωπον τοῦτον ; Ἀπεκρίθη αὐτῷ ὁ θεομίσητος Ἑϐραῖος καὶ εἶπεν· Ἤγαγον αὐτὸν, δέσποτά μου, πρὸς σὲ, ἀδικούμενον αὐτὸν παρὰ τοῦ ἐπισκόπου αὐτοῦ, καὶ ζητοῦντα τὴν παρὰ σοῦ βοήθειαν. Λέγει αὐτῷ ὁ διάϐολος· Ποίαν αὐτῷ βοήθειαν ἔχω δοῦναι, δουλεύοντι τῷ θεῷ αὐτοῦ ; Εἰ δὲ θέλει ἐμὸς εἶναι δοῦλος, καὶ ἐν τοῖς ἐμοῖς καταταγῆναι, ἐγὼ αὐτῷ βοηθῶ, ἵνα πλέον τοῦ πρώην δύναται ποιεῖν καὶ ὑποτάσσειν πᾶσιν, οὐ μὴν δὲ, ἀλλὰ καὶ τῷ ἐπισκόπῳ αὐτοῦ. Τούτων οὕτως λεχθέντων, λέγει ὁ Ἑϐραῖος τῷ ἀποοικονόμονι· Ἤκουσας τί εἶπεν ὁ ἄρχων ; Ὁ δὲ εἶπεν· Ναὶ, ἤκουσα, καὶ ποιῶ, εἴ τι εἴπει μοι· μόνον βοηθήσει μοι. Τότε λέγει ὁ διάϐολος τῷ προδότῃ· Ἀρνεῖται τὸν υἱὸν Μαρίας, καὶ ἐκείνην ; Πάνυ γὰρ μυσάττομαι αὐτούς. Ὁ δὲ λέγει· Ποιεῖ πάντα ὅσα κελεύεις, καὶ ἀρνεῖται ἐγγράφως. Ἅμα δὲ τῷ λόγῳ δράσσεται ὁ δόλιος τῶν γενείων τοῦ ἀποοικονόμονος, καὶ ἤρξατο καταφιλεῖν αὐτὸν στόμα πρὸς στόμα, καὶ λέγει αὐτῷ· Χαίροις ἀπὸ τοῦ νῦν, γνήσιέ μου φίλε, καὶ πιστότατε. Καὶ μετὰ ταῦτα εἰσῆλθεν εἰς αὐτὸν τελείως ὁ σατανᾶς· καὶ συνθέμενος ἠρνήσατο τὸν Χριστὸν καὶ τὴν ἁγίαν Θεοτόκον. Καὶ ποιήσας αὐτὰ ἐγγράφως ἐν χάρτῃ, καὶ σφραγίσας κηρῷ, ἐπέδωκεν τῷ ἄρχοντι. Καὶ ἀσπασάμενοι ἀλλήλους, ἀνεχώρησαν ἀμφότεροι ἐκ τοῦ ἄρχοντος, ὅ τε ἀποοικονόμων, καὶ ὁ Ἑϐραῖος, μετὰ πολλῆς τῆς ἐπ’ ἀπωλείᾳ χαρᾶς αὐτοῖς γινομένης, ἐκ τοῦ ἱπποδρομίου. Τῇ οὖν ἐπαίριον μεταστέλλεται ὁ ἐπίσκοπος τὸν ἀποοικονόμονα μετὰ πολλῆς τιμῆς καὶ σπουδῆς, καὶ διαδέχεται ὅνπερ ἐποίησεν οἰκονόμονα μετὰ πολλῆς ἀτιμίας καὶ ὕϐρεως, καὶ προϐάλλεται τὸν ἀποοικονόμονα, καὶ δίδωσιν αὐτῷ πᾶσαν τὴν αὐθεντίαν καὶ διοίκησιν τῆς ἁγιωτάτης ἐκκλησίας, ἀλλὰ μὴν καὶ πάσης τῆς πόλεως· ἐπὶ πάντων ἀπολογουμένου τοῦ ἐπισκόπου, καὶ λέγοντος· Συγχώρησόν μοι, ἀδελφὲ, ὅτι ἥρματον εἰς σὲ, διαδεξάμενος τὴν σὴν ὁσιότητα καὶ ἱκανότητα, καὶ προϐαλόμενος τὸν ἀποίητον τοῦτον. Τούτων οὕτως πραχθέντων, ἤρξατο διοικεῖν ὁ αὐτὸς οἰκονόμος καὶ ἐπαίρεσθαι ἐπὶ πάντων καὶ δοξάζεσθαι· ἀλλὰ μὴν καὶ αὐτὸς ὁ ἐπίσκοπος πτοεῖσθαι αὐτὸν, καὶ ὑποστέλλεσθαι. Ὁ δὲ μισόχριστος Ἑϐραῖος συνεχῶς ἐρχόμενος κρυπτῶς πρὸς τὸν οἰκονόμονα, ἔλεγεν αὐτῷ· Εἶδες, δέσποτά μου, πόσην εὗρες εὐεργεσίαν ἐξ ἐμοῦ, καὶ θεραπείαν ταχίστην παρὰ τοῦ ἐφ’ ὧν ἠτήσω ; Ὁ δὲ λέγει αὐτῷ· Ναὶ, καὶ πάνυ εὐχαριστῶ τῇ ὑμετέρᾳ συνδρομῇ. Ὁ δὲ πλάστης καὶ δημιουργὸς Θεὸς, ὁ μὴ βουλόμενος τὸν θάνατον τοῦ ἁμαρτωλοῦ ὡς τὸ ἐπιστρέψαι καὶ ζῇν αὐτὸν, μνησθεὶς τὴν προτέραν αὐτοῦ διαγωγὴν, καὶ ἔνθεον πολιτείαν, οὐ παρεῖδεν αὐτὸν, ἀλλὰ δίδωσιν αὐτῷ μετανοίας ἐπιστροφήν. Καὶ εἰς ἑαυτὸν ἐλθὼν, καὶ ἀναλογισάμενος ἐν οἷς κακῶς ἔπραξεν, ἤρξατο νηστείαις καὶ ἀγρυπνίαις καὶ εὐχαῖς σχολάζειν· καὶ ἐδυσώπει τὸν Θεὸν διαπαντὸς, συγχωρηθῆναι αὐτῷ ἐφ’ οἷς ἔπραξεν· καὶ ἔλεγεν ἐν ἑαυτῷ· Ὦ ταπεινὲ Θεὸφιλε, ποῦ ἀπέλθῃς ἀρνησάμενος τὸν Χριστόν σου καὶ τὴν πανύμνητον αὐτοῦ μητέρα ἐγγράφως, καὶ ποιήσας ἑαυτὸν δοῦλον τῷ διαϐόλῳ δι’ ἐγγράφου ὁμολογίας ; Τίς ἄρα δυνήσεται τῶν ἀνθρώπων ἀποσπάσαι αὐτὴν ἐκ τῶν χειρῶν τοῦ λυμεῶνος ἐκείνου, καὶ βοηθῆσαί σοι ; Τίς μοι ἦν ἀνάγκη γνωρίσαι τὸν ἀθέμιτον ἐκεῖνον Ἑϐραῖον, τὸν τῷ πυρὶ παραδοθέντα. Ἦν γὰρ κἀκεῖνος πρὸ ὀλίγων ἡμερῶν ὑπὸ τοῦ ἄρχοντος κολασθείς. Οὕτως γὰρ τιμῶνται οἱ Θεὸν ἐγκαταλιμπάνοντες καὶ τῷ διαϐόλῳ προστρέχοντες. Οἴμοι, ἀπωλόμην· οἴμοι τῷ πλανηθέντι· οἴμοι τῷ ἀπολέσαντι τὸ φῶς, καὶ ἐν σκοτίᾳ διάγοντι. Καλῶς διῆγον μετὰ τὸ διωχθῆναί με τῆς οἰκονομίας. Τί ἤθελον διὰ τὴν ματαίαν ὑπόληψιν καὶ κενοδοξίαν, τὴν ταπεινὴν ψυχήν μου ἐν γεέννῃ ; Εἰ γὰρ καὶ τοὺς ἀνθρώπους ἔλαθον, ἀλλὰ Θεὸν λαθεῖν οὐ δύναμαι. Ἐγὼ τοῦ κακοῦ ὁ αἴτιος· ἐγὼ τοῦ φόνου τῆς ψυχῆς μου κύριος. Οἴμοι, τί ἔπαθον ; οἴμοι, πῶς ἐκλάπην, οὐκ ἐπίσταμαι· οἴμοι, τί ποιήσω, οὐκ οἶδα· οἴμοι, πρὸς τίνα ἀπελεύσομαι ; τί ἀπολογήσομαι ἐν ἡμέρᾳ κρίσεως, ὅτε πάντα γυμνὰ καὶ τετραχηλισμένα, ὅτε οἱ δίκαιοι στεφανοῦνται, ἐγὼ δὲ κατακρίνομαι ; Πῶς δὲ παραστῶ τῷ φοϐερῷ βήματι ; Τίνι δεηθῶ, ἢ τίνα παρακαλέσω ἐν τῇ θλίψει ἐκείνῃ ; ἢ τίνα δυσωπήσω ἐν τῇ ἀνάγκῃ ἐκείνῃ, ὅτε πάντες τὰ ἴδια μεριμνῶσιν, καὶ οὐ τὰ ἀλλότρια ; Οἴμοι, τίς με κατελεήσει ἢ κατοικτειρήσει ; Ὄντως, οὐδείς. Οἴμοι, ταπεινὴ ψυχὴ, πῶς ᾐχμαλωτίσθης ; πῶς ἐτρώθης ; ποίῳ πτώματι συνέπεσας ; ποίῳ ναυαγίῳ κατεϐυθίσθης ; Πρὸς ποῖον λιμένα καταφεύξει ; ἢ πρὸς ποίαν καταφυγὴν προσδράμῃς ; Ταῦτα τῇ ἑαυτοῦ ψυχῇ μαχόμενος ἔλεγεν· Ὁ μόνος ἐλεήμων, ὁ μόνος οἰκτίρμων, ὁ μόνος εὔσπλαγχνος Σωτὴρ, ὁ μὴ βδελυσσόμενος τὸ ἴδιον πλάσμα, ἐλέησόν με τὸν ἀνάξιον. Οἶδα ὅτι τὸν ϒἱὸν τοῦ Θεοῦ, τὸν γεννηθέντα ἐκ τῆς ἁγίας Μαρίας τῆς Θεοτόκου, τὸν Κύριον ἡμῶν Ἰησοῦν Χριστὸν ἠρνησάμην διὰ τοῦ κακῶς ἐγνώρισα προδότου. Νῦν οὖν ἀπέρχομαι ἐξ ὅλης ψυχῆς μου, καὶ ἐξ ὅλης καρδίας μου, καὶ ποιῶ δεήσεις καὶ ἐκεσίας καὶ νηστείας ἐν τῷ πανσέπτῳ ναῷ αὐτῆς ἀπαύστως, ἔως οὗ εὕρω δι’ αὐτῆς ἔλεος. Καὶ πάλιν ἔλεγεν· Ποίοις δὲ χείλεσιν τολμησω δυσωπῆσαι τὴν αὐτῆς ἀγαθότητα, οὐκ ἐπίσταμαι. Οἴμοι, ψυχή μου, ἀνάνηψον ἐκ τῆς συνεχούσης σε σκοτομηνίας, καὶ πρόσελθε τῇ μητρὶ τοῦ Χριστοῦ. Ταῦτα σκεψάμενος, καὶ καταλείψας τὸ πολύμοχθον τοῦ βίου πειρατήριον, μετὰ πολλῆς τῆς προθυμίας προσῆλθε τῷ πανσέπτῳ ναῷ τῆς ἁγίας Θεοτόκου καὶ ἀειπαρθένου Μαρίας, δεήσεις καὶ ἱκεσίας προσφέρων νύκτωρ τε καὶ μεθ’ ἡμέραν, ἀνενδότως νηστεύων καὶ ἀγρυπνῶν καὶ δεόμενος προσδεχθῆναι αὐτὸν καὶ ῥυσθῆναι ἐκ τοῦ ἀλλοτρίου δράκοντος. Καὶ ποιήσας τεσσαράκοντα ἡμέρας καὶ τεσσαράκοντα νύκτας, δεόμενος καὶ ἱκετεύων τὴν αὐτῆς προστασίαν, μετὰ τὴν συμπλήρωσιν τῶν τοιούτων ἡμερῶν, μέσῳ νυκτὸς, ὀφθαλμοφανῶς, ὡς ἐν ὁράματι, φαίνεται αὐτῷ ἡ παγκόσμιος σωτηρία καὶ καταφυγὴ, ἡ ἕτοιμος ἐπικουρία τῶν ὀρθριζόντων πρὸς αὐτὴν, ἡ τῶν Χριστιανῶν κραταιὰ ἀντίληψις, καὶ λέγει αὐτῷ· Ὦ ἄνθρωπε, τί οὕτως ἐπιμένεις ἀναιδῶς καὶ προπετῶς ἐνοχλῶν μοι, καὶ δεόμενος ἵνα σοι βοηθήσω, ἀρνησάμενος τὸν ϒἱόν μου καὶ ἐμέ ; Πῶς δὲ καὶ δυνήσομαι, ἄνθρωπε, παρακαλέσαι αὐτὸν συγχωρῆσαί σοι ὧνπερ κακῶς διεπράξω ; Οὐδὲ γὰρ πάλιν ἐγὼ ἀνέχομαι θεωρεῖν τὸν ϒἱόν μου ἀτιμαζόμενον. Σύνθου οὖν, ὦ ἄνθρωπε, τὰ εἰς ἐμὲ ἁμαρτήματα καὶ ἀνομήματα μικράν τινα συγγνώμην ἔχειν, διὰ τὸ ἐμὲ τὴν τεκοῦσαν αὐτὸν οὕτως ἀγαπᾷν τοὺς Χριστιανοὺς, καὶ μάλιστα τοὺς ὀρθῇ πίστει προστρέχοντας καὶ ὀρθρίζοντας ἐν τῷ ναῷ μου. Τούτοις γὰρ καὶ ἐξήπλωμαι, καὶ προστρέχω, καὶ ταῖς ἐμαῖς ἀγκάλαις περιθάλπω, καὶ τὰς δεήσεις ἀκούω. Τὰ δὲ εἰς τὸν ϒἱόν μου ἁμαρτήματα, καὶ ἀσεϐήματα ὑμῶν, οὐδὲ ἀνέχομαι ἀκοῦσαι· πολλῶν γὰρ καὶ μεγάλων ἀγώνων καὶ πόνων ἐστὶν, τὸ ἐξιλεώσασθαι τὴν αὐτοῦ ἀγαθότητα, εἰ καὶ λίαν ἐστὶν φιλάνθρωπος. Ὁ δὲ ἀποκριθεὶς εἶπεν αὐτῇ· Ναὶ, δέσποινα εὐλογημένη, ναὶ, προστασία τοῦ γένους τῶν ἀνθρώπων, ναὶ, λιμὴν καὶ ἀντίληψις τῶν εἰς σὲ καταφευγόντων. Οἶδα γὰρ, οἶδα, δέσποινα εὐλογημένη, ὅτι μεγάλως ἔπταισα εἰς σὲ καὶ εἰς τὸν ἐκ σοῦ σαρκωθέντα Θεὸν ἡμῶν, καὶ οὐκ εἰμὶ ἄξιος ἐλέους τυχεῖν. Ἀλλ’ ἔχω ὑπόδειγμα τῶν πρὸ ἐμοῦ πταισάντων αὐτῷ τῷ ϒἱῷ σου καὶ Θεῷ ἡμῶν, καὶ λαϐόντων συγχώρησιν τῶν πλημμελημάτων αὐτῶν διὰ μετανοίας. Εἰ μὴ γὰρ ἦν μετάνοια, πῶς τοὺς Νινευΐτας διέσωσεν ; Εἰ μὴ γὰρ ἦν μετάνοια, πῶς τὴν πόρνην προσεδέξατο ; Εἰ μὴ μετάνοια ἦν, πῶς Δαϐὶδ μετὰ τὸ τῆς προφητείας χάρισμα, μετὰ βασιλείαν, μετὰ δεσποτικὴν μαρτυρίαν, εἰς τὸ βάραθρον τῆς μοιχείας καὶ τοῦ φόνου ἐμπεσὼν, καὶ ῥήματι τὴν μετάνοιαν ἐπιδειξάμενος, οὐ μόνον τῆς ἀφέσεως τῶν τηλικούτων ἔλαχεν ἁμαρτημάτων, ἀλλὰ καὶ πάλιν προεφήτευσεν ; Εἰ μὴ μετάνοια ἦν, πῶς ὁ μακάριος Πέτρος ὑπάρχων τῶν ἀποστόλων ἀρχηγὸς, ὁ πρῶτος μαθητὴς, ὁ στῦλος τῆς ἐκκλησίας, ὁ τὰς κλεῖς τῶν οὐρανῶν παρὰ Θεοῦ δεξάμενος, τὸν δεσπότην Χριστὸν, οὐχ ἅπαξ, οὐδὲ δὶς, ἀλλὰ πρὶς ἀρνησάμενος, καὶ μετὰ ταῦτα κλαύσας πικρῶς, οὐ μόνον τὴν ἄφεσιν τοῦ τηλικούτου πταίσματος ἔλαϐεν, ἀλλὰ καὶ μείζονος ἠξιώθη τιμῆς, ποιμὴν γενόμενος τῶν τοῦ Χριστοῦ λογικῶν προϐάτων ; Εἰ μὴ μετάνοια ἦν, πῶς τὸν τελώνην εὐαγγελιστὴν ἐποίησεν ; Εἰ μὴ μετάνοια ἦν, πῶς τὸν Ζακχαῖον καὶ αὐτὸν ὄντα ἀρχιτελώνην ἐδέξατο ; Εἰ μὴ μετάνοια ἦν, πῶς ὁ μακάριος Παῦλος ἀπὸ διωκτῶν σκεῦος ἐκλογῆς ἐγένετο ; Εἰ μὴ μετάνοια ἦν, πῶς τὸν παρὰ Κορινθίοις πορνεύσαντα προσληφθῆναι ὁ Ἀπόστολος ἐπέτρεψεν, λέγων· Ἵνα μὴ πλεονεκτηθῶμεν ὑπὸ τοῦ σατανᾶ ; Εἰ μὴ μετάνοια ἦν, πῶς ὁ τοσαῦτα δράσας κακὰ Κυπριανὸς, ὅστις καὶ τὰς ἐν γαστρὶ ἐχούσας ἔτεμεν, καὶ ὅλον τὸν διάϐολον ἦν ἠμφιεσμένος, καὶ διὰ τῆς σεμνοπρεπεστάτης Ἰουστίνης στηριχθεὶς, καὶ ὑπερϐαλλόντως τῇ μετανοίᾳ προσελθὼν, οὐ μόνον τῶν κακῶν τὴν ἄφεσιν ἔλαϐεν, ἀλλὰ καὶ τοῦ κλήρου τῶν μαρτύρων ἠξιώθη, καὶ τὸν στέφανον παρὰ Χριστοῦ ἐκομίσατο ; Ὅθεν κἀγὼ ὁ ἁμαρτωλὸς θαῤῥῶν τῶν τοιούτων καὶ τηλικούτων ὑποδειγμάτων, προσέρχομαι παρακαλῶν τὴν σὴν πάμπλουτον προστασίαν, χεῖρά μοι ὀρέξαι καὶ δοθῆναί μοι συγχώρησιν παρὰ τοῦ ϒἱοῦ σου καὶ Θεοῦ ἡμῶν, ὧνπερ κακῶς ἐπλημμέλησα. Ταῦτα αὐτοῦ ἀπολογουμένου, λέγει αὐτῷ ἡ πάνσεπτος καὶ πανύμνητος Θεοτόκος· Ὁμολόγησόν με, ὦ ἄνθρωπε, ὅτι ὃν ἐγέννησα υἱὸν, ὃν καὶ ἠρνήσω, αὐτὸς ἐστὶν ὁ Χριστὸς ὁ ϒἱὸς τοῦ Θεοῦ τοῦ ζῶντος, ὁ ἐρχόμενος κρῖναι ζῶντας καὶ νεκρούς· καὶ ἐγὼ παρακαλέσω αὐτὸν καὶ δέχεταί σε. Λέγει δὲ ὁ οἰκονόμος· Καὶ πῶς τολμήσω, δέσποινα εὐλογημένη, ἐγὼ ὁ τάλάς καὶ ἀνάξιος, ἀνοῖξαι τὸ ῥυπαρὸν μου στόμα καὶ βεϐορϐορωμένον, τὸ ἀρνησάμενον τὸν υἱόν σου καὶ Θεὸν ἡμῶν, καὶ πλανηθέντα (sic) ταῖς ματαίαις ἐλπίσι τοῦ βίου τούτου ; Ἀλλὰ καὶ ὃ εἶχον τῆς ψυχῆς μου φυλακτήριον, τὸν τίμιον λέγω σταυρὸν καὶ τὸ θεῖον βάπτισμα, ἐμόλυνα, διὰ τῆς ἐγγράφου καὶ πικρᾶς ἀρνήσεως. Καὶ λέγει αὐτῷ ἡ ἀγία Θεοτόκος· Σὺ μόνον πρόσελθε, καὶ ὁμολόγησον αὐτὸν· φιλάνθρωπος γὰρ ἐστιν καὶ προσδέχεται τοὺς εἰλικρινῶς μετανοοῦντας. Τότε ὁ μακάριος Θεόφιλος μετὰ αἰδοῦς καὶ τῆς προσηκούσης αὐτῷ ταπεινώσεως ἤρξατο λέγειν οὕτως· Πιστεύω καὶ προσκυνῶ καὶ δοξάζω τὸν ἕνα τῆς Τριάδος, τὸν Κύριον ἡμῶν Ἰησοῦν Χριστὸν, τὸν ϒἱὸν τοῦ Θεοῦ τοῦ ζῶντος, τὸν πρὸ αἰώνων ἐκ Πατρὸς ἀφράστως γεννηθέντα, ἐπ’ ἐσχάτων δὲ τῶν ἡμερῶν κατελθόντα καὶ σαρκωθέντα, ἐκ Πνεύματος ἁγίου, ἐκ σοῦ τῆς ἁγίας Παρθένου Μαρίας, καὶ προελθόντα εἰς σωτηρίαν τοῦ γένους τῶν ἀνθρώπων· τὸν δι’ ἡμᾶς τοὺς ἁμαρτωλοὺς πάθος καταδεξάμενον, καὶ σταυρωθέντα καὶ ταφέντα, καὶ ἀναστάντα τῇ τρίτῃ ἡμέρᾳ, καὶ ἀνελθόντα εἰς τοὺς οὐρανοὺς μετὰ σαρκὸς τῆς ἁγνῶς προσληφθείσης αὐτῷ, καὶ πάλιν ἐρχόμενος (l. ἐρχόμενον) μετὰ δόξης, κρῖναι ζῶντας καὶ νεκροὺς, καὶ ἀποδοῦναι ἑκαστῳ κατὰ τὰ ἔργα αὐτοῦ. Ταῦτα ὁμολογῶ καρδίᾳ καὶ ψυχῇ καὶ στόματι, καὶ σέϐω, καὶ προσκυνῶ, καὶ ἀσπάζομαι· καὶ μετ’ αὐτῆς τῆς ἐκτενοῦς καὶ ὁλοψύχου μου ὁμολογίας δέομαι, προσάγαγέ με τῷ ἐκ σοῦ τεχθέντι Χριστῷ τῷ Θεῷ ἡμῶν· καὶ μὴ βδελύξῃ με, μηδὲ ὑπερίδης τὴν δέησίν μου τοῦ ἁμαρτωλοῦ, ἀλλ’ ἐλευθέρωσόν με ἐκ τῆς ζάλης τῶν συνεχουσῶν με ἀνομιῶν, ἵνα μετὰ πάντων κἀγὼ εὐχαριστηρίους ὕμνους ἀναπέμπω τῷ ἐκ σοῦ τῆς ἁγίας Παρθένου τεχθέντι Θεῷ. Τούτων οὕτως πραχθέντων, καὶ ὡς πληροφορίαν τινὰ δεξαμένη ἡ ἁγία Θεοτόκος, ἡ μόνη καταφυγὴ τοῦ γένους τῶν ἀνθρώπων, καὶ μεσῖτις Θεοῦ πρὸς ἀνθρώπους, λέγει αὐτῷ· Ἰδοὺ ἐγὼ διὰ τὸ βάπτισμα, ὅ ἔλαϐες, προσέρχομαι καὶ προσπίπτω ὑπὲρ σοῦ τῷ υἱῷ μου καὶ Θεῷ, ὅπως δέξεται σε. Καὶ ταῦτα εἰποῦσα, ἀφανὴς ἐγένετο ἐξ ὀφθαλμῶν αὐτοῦ. Μετὰ δὲ τρίτην ἡμέραν ἐπιπλεῖον αὐτοῦ δεομένου καὶ ἀσίτου μένοντος ἐν τῷ ναῷ τῆς πανυμνήτου Θεοτόκου, καὶ τοῦ ἐδάφους μὴ ἀνισταμένου, ἀλλὰ δάκρυσι τὰς παρειὰς αὐτοῦ καταϐρέχοντος, φαίνεται αὐτῷ ἡ ἁγία Θεοτόκος ἱλαρῷ τῷ προσώπῳ, καὶ πραείᾳ τῇ φωνῇ, λέγουσα αὐτῷ· Ἄνθρωπε τοῦ Θεοῦ, ἀρκετή σου ἐστὶν ἡ μετάνοια, ἣν ἐνεδείξω πρὸς τὸν σωτῆρα πάντων καὶ δημιουργόν. Προσεδέξατο οὖν σου τὰ δάκρυα καὶ τὴν δέησιν δι’ ἐμοῦ, ἐὰν καὶ φυλάξῃς ὀρθήν πίστιν εἰς τὸν υἱόν μου καὶ Θεὸν μέχρι τῆς τελευτῆς σου. Ὁ δὲ λέγει αὐτῇ· Ναὶ, δέσποινά μου εὐλογημένη, φυλάξω. Σὲ γὰρ ἔχω μετὰ Θεὸν σκέπην καὶ προστασίαν· καὶ εἰς τὴν σὴν ἀφορῶν κυϐέρνησιν, οὐ μὴ ἀστοχήσω. Τίς γὰρ, δέσποινα, ἤλπισεν εἰς σὲ καὶ κατῃσχύνθη ; Ὅθεν κἀγὼ παρακαλῶ, ὁ ἁμαρτωλὸς καὶ ἄσωτος, τὴν σὴν εὐσπλαγχνίαν, ὀρέξαι μοι χεῖρα βοηθείας, καὶ κελεύσῃς λαϐεῖν με καὶ τὸν ὀλέθριον χάρτην τῆς ἀρνήσεώς μου ἐσφραγισμένον· ὅτι αὐτό ἐστιν τὸ τῆκον τὴν ἀθλίαν μου ψυχὴν, ἵνα μὴ δι’ ἐκείνου κατακριθῶ. Μετὰ γοῦν ἄλλην τρίτην ἡμέραν φαίνεται πάλιν αὐτῷ, ὡς ἐν ὁράματι, ἡ ἀγία Θεοτόκος, καὶ δίδωσιν αὐτῷ τὸν χάρτην ἐσφραγισμένον, ὡς ἔδωκεν αὐτὸν ὁ οἰκονόμος τῷ διαϐόλῳ. Καὶ ἀναστὰς ἀπὸ τοῦ ὕπνου, καὶ εὑρὼν τὸν χάρτην ἐν τῷ στήθει αὐτοῦ, καὶ περιχαρὴς γενόμενος, ἅμα δὲ καὶ τῷ φόϐῳ συσχεθεὶς, ἐτρόμαξεν. Καὶ τῇ ἐπαύριον, Κυριακῆς οὔσης, μετὰ τὴν ἀνάγνωσιν τοῦ ἁγίου εὐαγγελίου, ῥίπτει ἑαυτὸν ἀθρόως ἐπὶ πάντων εἰς τοὺς πόδας τοῦ ἐπισκόπου, λεπτομερῶς διηγούμενος αὐτῷ πάντα τὰ πραχθέντα εἰς αὐτὸν, ἐπιδοὺς αὐτῷ καὶ τὸν τῆς ἀρνήσεως χάρτην ἐσφραγισμένον, παρακαλῶν αὐτὸν ἐπὶ τοῦ ἄμϐωνος ἀναγνωσθῆναι. Καὶ τούτου ἀναγνωσθέντος, ἤρξατο ὁ ἐπίσκοπος κράζειν καὶ λέγειν· Δεῦτε, πάντες οἱ πιστοὶ, δοξάσωμεν τὸν ἀληθινὸν Θεὸν ἡμῶν. Δεῦτε, φιλόθεοι, θεάσασθε παράδοξα θαυμάσια. Δεῦτε, φιλόχριστοι, ἐπιγνῶμεν τὸν μὴ βουλόμενον τὸν θάνατον τῶν ἁμαρτωλῶν, ἀλλὰ τὴν ἐπιστροφὴν καὶ τὴν ζωήν. Τίς μὴ θαυμάσεν τὴν ἄφατον ἀνεξικακίαν τοῦ Θεοῦ ἡμῶν ; Βαϐαὶ, τεσσαράκοντα ἡμέρας ὁ νομοθέτης Μωσῆς νηστεύσας, τὰς θεοχαράκτους πλάκας ἐδέξατο· καὶ οὗτος ὁ ἀδελφὸς ἡμῶν τεσσαράκοντα ἡμέρας προσπελάσας τῷ πανσέπτῳ ναῷ τῆς πανυμνήτου Θεοτόκου, ἣν προαθετήσας χάριν ἀπώλεσε, ταύτην δι’ αὐτῆς ἀπέλαϐεν πρὸς τὸν ἀληθινὸν Θεὸν ἡμῶν. Δεῦτε, δῶμεν καὶ ἡμεῖς πάντες ἐκτενῶς σὺν αὐτῷ δόξαν καὶ ὕμνον τῷ οὕτως εὐσπλάγχνως ὑπακούσαντι τῆς μετανοίας τοῦ προσελθόντος πρὸς αὐτὸν διὰ μεσιτείας τῆς ἀχράντου Θεοτόκου. Διὸ καὶ ἡμεῖς δεῦτε, προσκυνήσωμεν καὶ προσπέσωμεν τῇ ἁγίᾳ Θεοτόκῳ, τὴν πρὸς τὸν Θεὸν καὶ ἀνθρώποις μεσῖτιν ὑπάρχουσαν, τὴν ἐλπίδα καὶ καταφυγὴν τῶν καταπονουμένων, καὶ πρὸς τὸν ἐξ αὐτῆς τεχθέντα Θεὸν ἡμῶν δεήσεις προσφέρουσαν, καὶ λαμϐάνουσαν τὴν τῶν ἁμαρτημάτων ἡμῶν ἀπολύτρωσιν. Μνείαν ἡμῶν τοιοῦ, παναγία Θεοτόκε, τῶν πρὸς σὲ εἰλικρινῶς ὀρθριζόντων, καὶ πίστει προσφευγόντων, μὴ ἐπιλάθῃ τῆς ποίμνης σου· εἰς σὲ γὰρ ἐλπίζομεν πάντες οἱ Χριστιανοί. Ὄντως καὶ νῦν εὔλογόν ἐστιν εἰπεῖν τὸ τοῦ εὐαγγελίου· Ἐξενέγκατε τὴν στολὴν τὴν πρώτην, καὶ ἐνδύσατε αὐτόν· καὶ δότε δακτύλιον εἰς τὴν χεῖρα αὐτοῦ, καὶ ὑποδήματα εἰς τοὺς πόδας· καὶ ἐνέγκαντες τὸν μόσχον τὸν σιτευτὸν θύσατε· καὶ φαγόντες εὐφρανθῶμεν· ὅτι ὁ ἀδελφὸς ἡμῶν οὗτος νεκρὸς ἦν καὶ ἀνέζησε, καὶ ἀπολωλὼς ἦν καὶ εὑρέθη. Καὶ ἐκτείνας τὰς χεῖρας αὐτοῦ ὁ ἐπίσκοπος, ἀνέστησε τὸν εὐλαϐέστατον ἄνδρα ἐκ τοῦ ἐδάφους. Καὶ μετὰ τὸ ἀναγνωσθῆναι τὸν ἀθέμιτον χάρτην, παρεκάλεσεν ὁ οἰκονόμος τὸν ἐπίσκοπον, πυρὶ κατακαῆναι τὸν χάρτην, ὅπερ καὶ γέγονεν. Τότε ὁ λαὸς ἤρξατο κράζειν τὸ Κύριε ἐλέησον. Καὶ ὁ ἐπίσκοπος κατασείσας τῇ χειρὶ τὸν λαὸν σιγᾷν, καὶ εἰπὼν τὸ Εἰρήνη πᾶσιν, ἤρξατο ἐπιτελεῖν τὴν θείαν λειτουργίαν· καὶ μετέδωκεν αὐτῷ τῶν ἀχράντων τοῦ Χριστοῦ μυστηρίων, καὶ εὐθέως ἔλαμψεν τὸ πρόσωπον αὐτοῦ ὡς ὁ ἥλιος · καὶ θεασάμενοι πάντες τὴν τοῦ ἀνδρὸς ἀθρόαν μεταϐολὴν τοῦ χαρακτῆρος αὐτοῦ, ἐδόξασαν τὸν Θεὸν τὸν ποιοῦντα θαυμάσια τοῖς προστέχουσιν εἰς αὐτὸν. Καὶ παραυτίκα προσδραμὼν ἐν τῷ πανσέπτῳ ναῷ τῆς πανυμνήτου Θεοτόκου, καὶ μικρόν τι ἀπογευσάμενος, καὶ μαλακισθεὶς τῷ σώματι, ἀσθενήσας τε ὀλίγον ἐν τῷ ναῷ τῆς δεσποίνης ἡμῶν Θεοτόκου, ἐν ᾧ καὶ τὴν ὀπτασίαν ἐθεάσατο, ἐφ’ ᾧ καὶ ἐτάφη, καὶ ἀνακλίνας ἑαυτὸν ὡς προσηλωμένος τῷ τόπῳ, καὶ μετὰ τρεῖς ἡμέρας ἀσπασάμενος τοὺς παρόντας ἀδελφοὺς, πάντα δὲ τὰ ὑπάρχοντα αὐτοῦ θεοπρεπῶς καὶ καλῶς διαθέμενος, παρέδωκεν τὴν μακαρίαν καὶ ἁγίαν αὐτοῦ ψυχὴν εἰς χεῖρας τοῦ τεχθέντος ἐκ τῆς παναμώμου καὶ ἀειπαρθένου Μαρίας Θεοῦ ἡμῶν, δοξάζων ἐν πᾶσιν Πατέρα καὶ ϒἱὸν καὶ ἅγιον Πνεῦμα, τὸν ἕνα Θεὸν ἡμῶν, νῦν καὶ ἀεὶ καὶ εἰς τοὺς αἰῶνας. Ἀμήν.




RECENSION DU MANUSCRIT DE LA BIBLIOTHÈQUE
IMPÉRIALE DE VIENNE.

Μετάνοια καὶ ἀνάκλησις πρὸς τὸν Κύριον ἡμῶν Ἰησοῦν Χριστὸν γινομένη παρά τινος οἰκονόμου ὀνόματι Θεοφίλου ἐκκλησίας τῆς ἀνατολῆς χώρας τοὔνομα Ἄδανα, διὰ τῆς μεσιτείας τῆς ἁγίας ὑπερενδόξου Θεοτόκου καὶ ἀεὶ παρθένου Μαρίας.

Ἐγένετο κατὰ τὸν καιρὸν ἐκεῖνον, πρὶν ἢ τὴν ἐπιδρομὴν γενέσθαι τῶν ἀθέων καὶ ἀλιτηρίων Περσῶν, ἐν τῇ τῶν Ῥωμαίων πολιτείᾳ, ἐν μιᾷ τῶν πόλεων, ὀνόματι Ἄδανα, τῆς τῶν Κιλίκων δευτέρας ἐπαρχίας, οἰκονόμον γενέσθαι ἐν τῇ ἀγιωτάτῃ τοῦ Θεοῦ καθολικῇ ἐκκλησίᾳ, ὀνόματι Θεόφιλον. Ὅστις οἰκονόμος, πάνυ καλῶς καὶ θεοπρεπῶς οἰκονομῶν πάντα τὰ διαφέροντα πράγματά τε καὶ χωρία τῆς αὐτῆς ἁγιωτάτης ἐκκλησίας, οὐ μὴν, ἀλλὰ καὶ τὸ ποίμνιον τοῦ Χριστοῦ ἐν πολλῇ ἡσυχίᾳ καὶ σωφροσύνῃ καὶ ὁσιότητι ἴθυνεν, ὡς λοιπὸν καὶ τὸν ἀγιώτατον ἐπίσκοπον τῆς αὐτῆς ἐκκλησίας ἐπαναπαύεσθαι εἰς αὐτὸν πάνυ, εἰς πᾶσαν αὐτῆς διοίκησίν τε καὶ πρᾶξιν καὶ πάσης τῆς φιλοχρίστου αὐτοῦ πόλεως· καὶ ἁπλῶς εἰπεῖν, οὐ μόνον ὁ ἐπίσκοπος, ἀλλὰ καὶ πάντες οἱ λοιποὶ, ἀπὸ μικροῦ αὐτῶν, καὶ ἕως μεγάλου, ηὐχαρίστουν αὐτῷ. Τοῖς γὰρ ὀρφανοῖς καὶ χήραις καὶ πένησι ἀφθόνως καὶ πλουσίως τὰ τῆς χρείας αὐτῶν ἐχωρήγει· καὶ μάλιστα ὅσους ἐγίνωσκεν ἀπὸ οὐσιῶν ἐκπεπτωκότας. Τούτων τοίνυν οὕτως ὑπαρχόντων, ἔδοξεν κατὰ τὸ τοῦ Θεοῦ θέλημα τὸν ἁγιώτατον ἐπίσκοπον τῆς πόλεως ἐκείνης τέλει τοῦ βίου χρήσασθαι. Ὅθεν εὐθέως οἰ τῆς φιλοχρίστου πόλεως κληρικοί τε καὶ κρήτορες, ἅμα τῆς πόλεως πάσης, θερμῷ πόθῳ φερόμενοι πρὸς τὴν γνησίαν αὐτοῦ ἐν Χριστῷ ἀγαπην, ἀλλὰ μὴν καὶ τὴν ἱκανότητα τοῦ ἀνδρὸς ἀποϐλεψάμενοι, καὶ κοινῆς βουλῆς ἅπαντες γενόμενοι, ψηφίζονται τὸν αὐτὸν θεοφιλέστατον οἰκονόμον εἰς ἐπίσκοπον, πέμψαντες εὐθέως ἐν τῇ ἑαυτῶν μητροπόλει τὸν γενόμενον παρ’ αὐτῶν ψηφισμόν. Ὅπερ δεξάμενος ὁ μητροπολίτης, καὶ τὰ περὶ τοῦ ἀνδρὸς ἤδη προγινώσκων, εἶξεν τῇ παρακλήσει αὐτῶν, καὶ πέμψας ἤγαγεν τὸν προειρημένον οἰκονόμον, ὅπως προχειρίσηται αὐτὸν ἐπίσκοπον ἐν τῇ προλεχθείσῃ ἁγίᾳ ἐκκλησίᾳ. Καὶ πρῶτον μὲν, δεξάμενος τὰ παρὰ τοῦ ἁγιωτάτου μητροπολίτου πρὸς αὐτὸν ἀπεσταλμένα γράμματα, κελεύοντα αὐτὸν παραγενέσθαι ἐν τῇ μητροπόλει, οὐκ ἤθελεν ἀπελθεῖν, πάντας παρακαλῶν καὶ δεόμενος μὴ γενέσθαι αὐτὸν ἐπίσκοπον, ἀρκεῖν δὲ μόνον αὐτὸν τοῦ εἶναι οἰκονόμον, τούτῳ (l. τοῦτο) ἀπολογούμενος τῷ ὄχλῳ, μὴ εἶναι ἑαυτὸν ἄξιον τοῦ θρόνου. Τοῦ οὖν ὄχλου κατεπείγοντος καὶ παρακαλοῦντος, καὶ τῶν δι’ αὐτὸν σταλέντων, μὴ πειθόμενος αὐτοῖς, χειρὶ καὶ βίᾳ τοῦτον ἀπήγαγον ἐν τῇ λεχθείσῃ μητροπόλει.Ὃδεξάμενος ὁ τρισμακάριστος μητροπολίτης, καὶ πάνυ περιχαρὴς γενόμενος, ἤθελεν αὐτὸν χειροτονῆσαι ἐπίσκοπον. Ὁ δὲ προδηλωθεὶς οἰκονόμος, ῥίψας ἑαυτὸν εἰς τὸ ἔδαφος, ἐδέετο τοῦ μητροπολίτου, μηδὲν τοιοῦτον ἐν αὐτῷ προϐῆναι, κράζων καὶ λέγων· Ἀνάξιός εἰμι τῆς ἐπισκοπῆς, καὶ ἐπίσταμαι τὰς ἐμὰς ἁμαρτίας. Καὶ ὡς ἐγένετο ἐπὶ ἱκανὰς ὥρας κεῖσθαι αὐτὸν εἰς τοὺς πόδας τοῦ μητροπολίτου, δέδωκεν αὐτῷ λόγῳ σκέψεως προθεσμίαν ἡμερῶν τριῶν, ὅπως πεισθῇ χειροτονηθῆναι ἐπίσκοπος. Μετὰ οὖν τὴν τρίτην ἡμέραν, πάλιν προσκαλεῖται αὐτὸν, καὶ ἤρξατο προτρέπεσθαι αὐτὸν καὶ παρακαλεῖν, ἀναδέξασθαι τὸ τῆς ἐπισκοπῆς ἀξίωμα, οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τὴν ἱκανότητα αὐτοῦ καὶ ἁγνείαν δοξάζων· ἐκεκόμιστο γὰρ (in margine ab aliâ manu: ἐκεκόμητο γὰρ) ὁ ἀνὴρ καὶ περὶ τὴν σωφροσύνην πάνυ· ἀλλ’ οὐδὲν ἤνοιεν (l. ἤνυεν). Ὅθεν ἐπέμενεν ὁ λεχθεὶς οἰκονόμος κράζων καὶ λέγων, μὴ εἶναι ἑαυτὸν ἄξιον τοῦ θρόνου. Ὡς οὖν εἶδεν ὁ ἁγιώτατος μητροπολίτης τὴν τοσαύτην αὐτοῦ ἔνστασιν καὶ ἐπιμονὴν τοῦ μὴ πεισθῆναι γενέσθαι αὐτὸν ἐπίσκοπον, ἔασεν (in margine εἴ-) μὲν ἐκεῖνον, προχειρίζεται δὲ ἄλλον, ὃν ἐγίνωσκεν ἄξιον εἶναι τοῦ θρόνου. Καὶ χειροτονήσας αὐτὸν, δίδωσιν ἐπίσκοπον ἐν τῇ λεχθείσῃ πόλει, παραδώσας αὐτῷ καὶ τὸν τρισμακάριστον οἰκονόμον Θεόφιλον εἰς τὸ ἑαυτοῦ ἔργον τῆς οἰκονομίας. Καὶ ἐλθόντων αὐτῶν ἐν τῇ προειρημένῃ πόλει σὺν τῷ προχειρισθέντι ἐπισκόπῳ, τινὲν ἐχθρωδῶς καὶ κακοθελῶς φερόμενοι ζήλῳ σατανικῷ κατὰ τοῦ πολλάκις ὀνομασθέντος οἰκονόμου, ἤρξαντο λοιδορίας τινὰς ἀνωφελεῖς παρεισφέρειν εἰς τὰς ἀκοὰς τοῦ ἐπισκόπου. Οἵτινες ἐφ’ ἰκανοῦ τοῦτο ποιοῦντες, πείθουσι τὸν ἐπίσκοπον, καὶ διαδέχεται αὐτὸν τῆς οἰκονομίας, ὡς λοιπὸν μηδὲν αὐτὸν πράττειν ἐν τῷ ἐπισκοπείῳ ἢ ἐπιτάττειν τινὶ, ἀλλ’ ἡσυχίως αὐτὸν διάγειν ἐν τῷ οἴκῳ αὐτοῦ· προϐάλλεται δὲ ἕτερον ἀντ’ αὐτοῦ ἐπὶ τῶν πραγμάτων τῆς αὐτῆς οἰκονομίας. Ὅθεν θεωρήσας ὁ ἀεὶ μηχανοράφος καὶ δόλιος καὶ τῷ ἀνθρωπίνῳ γένει πάντοτε ζήλῳ φερόμενος καὶ ἀντίπαλος ὑπάρχων διάϐολος τὸν ἄνδρα σωφρόνως καὶ ἡσυχίως διάγοντα, καὶ φθονήσας αὐτὸν πάνυ, ὑπεισέρχεται εἰς τὴν καρδίαν αὐτοῦ, καὶ ὑποϐάλλει αὐτῷ λογισμοὺς καὶ ζῆλον ἐπὶ τῇ τοιαύτῃ τῆς οἰκονομίας ὑπουργίᾳ, ὡς λοιπὸν ἐλθεῖν αὐτὸν καὶ φαρμακοῖς προσομιλῆσαι. Ἦν δέ τις ἄνθρωπος ἐν τῇ πόλει ἐκείνῃ μάγος Ἑϐραῖος, ἀκουστὸς πάνυ, τοῦ διαϐόλου ὑπάρχων, καὶ πολλοὺς ἀπολέσας. Ἀπέρχεται οὖν ἐν νυκτὶ πρὸς τοῦτον τὸν φαρμακὸν ὁ ἀπὸ οἰκονόμων γενόμενος, καὶ κρούει εἰς τὸν πυλῶνα αὐτοῦ. Ὁ δὲ ὑπακούσας ἐξέρχεται, θέλων θέασασθαι τίς ὁ κρούσας. Καὶ ἰδὼν τὸν ἄνδρα, φόϐῳ συσχεθεὶς ἐξεπλάγη, καὶ ἐννεὸς γενόμενος, προσεγίνωσκεν γὰρ αὐτὸν, προσκαλεῖται ἔνδον ἐν τῷ οἴκῳ αὐτοῦ, καὶ λέγει αὐτῷ· Τίς ἡ αἰτία, δέσποτά μου, δι’ ἧς παραγέγονας πρός με τὸν εὐτελῆ καὶ ἀνάξιον ; Ὁ δὲ ἀπὸ οἰκονόμων Θεόφιλος εὐθέως καὶ παρ’ αὐτὰ ῥίπτει ἑαυτὸν εἰς τοὺς πόδας τοῦ μάγου, παρακαλῶν αὐτὸν, καὶ ἐξηγούμενος λεπτομερῶς τὰ συμϐάντα αὐτῷ, καὶ λέγων, ὅτι, Εἰ δύνασαι, βοήθει μοι, καὶ μὴ παρίδῃς με τὸν ἐν πολλῇ θλίψει ὑπάρχοντα, ὅτι ὁ ἐπίσκοπός μου ὄνειδός με πεποίηκεν ἐν τῇ πόλει, καὶ τὰ καὶ τὰ διεπράξατο εἰς ἐμέ, συνταξάμενος αὐτῷ καὶ θεραπείαν δοῦναι ἱκανήν· καὶ μάγος Ἑϐραῖος· Κύριέ μου, μηδὲν ῥᾳθυμήσῃς περὶ τούτου· ἀλλὰ ἄπελθε ἐν τῷ οἴκῳ σου χαίρων, καὶ τῇ ἐπερχομένῃ νυκτὶ ὥρᾳ τοιαύτῃ ἐλθὲ πρός με· καὶ ἀπαγάγω σε πρὸς τὸν πάτρωνά μου, καὶ πάντως βοηθεῖ ἡμῖν. Ὁ δὲ ῥᾴθυμος καὶ ταπεινὸς Θέοφιλος ὁ ἀπὸ οἰκονόμων, τῶν λόγων τοῦ μάγου, καὶ περιχαρὴς γενόμενος, ἐποίησεν οὕτως. Καὶ τῇ ἐπιούσῃ νυκτὶ ἐλθὼν κατὰ τὴν σύνταξιν αὐτοῦ πρὸς τὸν Ἰουδαῖον μεσονκτίῳ, ἔλαϐεν αὐτὸν ὁ μάγος ἐν τῷ ἱπποδρομίῳ τῆς πόλεως, καὶ λέγει αὐτῷ· Εἴ τι δ’ ἂν ἴδῃς τέρας, ἢ ἀκούσῃς κτύπους, μὴ δειλανδρίσῃς· μηδὲ τὸν τοῦ σταυροῦ τύπον ποιήσῃς· οὐδὲν γάρ ἐστιν εἰς βοήθειαν ἀνθρώπων ὁ σταυρὸς, ἀλλὰ μᾶλλον χλεύη καὶ ἀπάτη τῶν Χριστιανῶν ὑπάρχει. Κἀκείνου τοῦ τάλανος συνθεμένου ταῦτα ποιεῖν, ἐξαίφνης δείκνυσιν αὐτὸ… (litera erasa est ; in margine manu rec. τῷ) φαντασίας, ἄνδρας τινὰς πλείστους, καὶ χλανιδιφόρους, μετὰ πλῆθος κανδηλάϐρων καὶ δορυφορίας, φωνὰς βάλλοντας καὶ εὐφημοῦντας· καὶ ἐν τῷ μέσῳ αὐτῶν τὸν ἄρχοντα τοῦ σκότους καθήμενον· φημὶ δὲ τὸν διάϐολον καὶ τοὺς περὶ αὐτὸν. Τότε κρατήσας ὁ πανάθλιος Ἰουδαῖος τῆς χειρὸς τοῦ ἀπὸ οἰκονόμων Θεοφίλου, φέρει αὐτον ἐπὶ τὸ σένζον ἑκεῖνο τὸ ὀλέθριον καὶ τὸν ἐν αὐτῷ προκαθεζόμενον. Καὶ λέγει ὁ διάϐολος πρὸς τὸν Ἰουδαῖον· Τοῦτον τὸν ἄνθρωπον τί ἡμῖν ἤγαγες ἐνταῦθα ; Ἀπεκρίθη ὁ θεομίσητος Ἰουδαῖος καὶ λέγει· Ἤγαγον αὐτὸν, δέσποτά μου, πρὸς σὲ, ἀδικούμενον ὑπὸ τοῦ ἐπισκόπου αὐτοῦ· καὶ ζητεῖ τὴν παρὰ σοῦ ἀντίληψιν καὶ βοήθειαν. Λέγει αὐτῷ ὁ ἄρχων ἐκεῖνος· Ποίαν βοήθειαν ἔχω αὐτῷ δοῦναι, δουλεύοντι τῷ Θεῷ (in margine αὐτοῦ). Εἰ δὲ ὄντως θέλει ἐμὸς εἶναι δοῦλος, καὶ ἐν τοῖς ἐμοῖς καταταγῆναι, ἐγὼ αὐτὸν βοηθῶ, ἵνα πλεῖον τοῦ πρώην ποιεῖν, καὶ κελεύειν πᾶσιν, οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τοῦ ἐπισκόπου αὐτοῦ. Τούτων οὕτως λεχθέντων, λέγει ὁ Ἰουδαῖος τῷ ἀπὸ οἰκονόμων Θεοφίλῳ· Ἤκουσας τί εἶπεν ὁ ἄρχων ; Λέγει αὐτῷ ὁ Θέοφιλος· Ναὶ, ἤκουσα, καὶ ποιήσω, εἴ τι κελεύσει με. Καὶ εὐθέως ἤρξατο προσπίπτειν καὶ καταφιλεῖν τοὺς πόδας τοῦ ἄρχοντος ἐκείνου. Τότε ὁ διάϐολος λέγει τῷ προδότῃ· Ἵνα ἀρνήσηται Θεόφιλος ὁ ἀπὸ οἰκονόμων τὸν υἱὸν τῆς λεγομένης Μαρίας, καὶ ἐκείνην αὐτὴν· πάνυ γὰρ μυσάττομαι αὐτούς. Καὶ ὅσα θέλει καὶ βούλεται, ἀνύει παρ’ ἐμοῦ, μόνον ἀπαρνήσηται αὐτούς. Ὁ δὲ Θεόφιλος ἀκούσας ταῦτα, εἶπεν πρὸς αὐτόν· Ποιῶ πάντα ὅσα ἂν κελεύῃ μοι, μόνον τύχω τοῦ ποθουμένου. Ἅμα δὲ τῷ λόγῳ τούτῳ δράσσεται ὁ δόλιος τοῦ γένους τῶν ἀνθρώπων διάϐολος τοῦ πώγωνος τοῦ ἀπὸ οἰκονόμων Θεοφίλου χαριέντως, καὶ ἤρξατο καταφιλεῖν αὐτὸν στόμα πρὸς στόμα, καὶ λέγει αὐτῷ· Χαῖρε ἀπὸ τοῦ νῦν, γνήσιέ μου φίλε καὶ πιστότατε. Τότε εἰσῆλθεν εὐθέως εἰς αὐτὸν ὁ σατανᾶς· καὶ συνέμενος τῷ διαϐόλῳ, ἠρνήσατο τὸν Χριστὸν καὶ τὴν ὑπεραγίαν Θεοτόκον, καὶ ποιήσας ἐγγράφως τὴν ἄρνησιν αὐτοῦ ἐν χάρτῃ, ἐσφράγισεν κηρῷ, καὶ ἐπιδέδωκεν τῷ ἄρχοντι. Καὶ ἀσπασάμενοι ἀλλήλους, ἀνεχώρησαν ἀμφότεροι ἀπὸ τοῦ ἄρχοντος, ὅ τε ἀπὸ οἰκονόμων Θεόφιλος, καὶ ὁ προδότης, μετὰ πολλῆς τῆς ἐπ’ ἀπωλείας χαρᾶς αὐτοῖς γινομένης, ἐκ τοῦ ἱπποδρόμου. Τῇ οὖκ ἐπαύριον, ὡς οἶμαι, ἐκ θείας οἰκονομίας κινηθεὶς ὁ ἐπίσκοπος μεταμεμέληται, καὶ μηνύσας τὸν ἀπὸ οἰκονόμων Θεόφιλον, ἤγαγεν αὐτὸν ἐν τῷ ἐπισκοπείῳ μετὰ πάσης τιμῆς καὶ σπουδῆς. Καὶ διαδεξάμενος ὅνπερ αὐτὸς ἐποίησεν οἰκονόμον, κατὰ παρουσίαν τοῦ κλήρου καὶ πάντων τῶν πολιτῶν, δίδωσιν αὐτῷ πᾶσαν αὐθεντείαν καὶ διοίκησιν τῆς ἁγιωτάτης ἐκκλησίας καὶ τῶν ὑπ’ αὐτῆς κτίσεων (l. κτήσεων), ἀλλὰ μὴν καὶ τῆς πόλεως, περί τε τοὺς ἀγοραίους καὶ κτήτορας κατὰ τὸ διπλοῦν τῆς πρώην τιμῆς, ἐπὶ πάντων ἀπολογουμένου τοῦ ἁγιωτάτου ἐπισκόπου τῷ Θεοφίλῳ, καὶ λέγοντος· Συγχώρησόν μοι, ἀδελφὲ, ὅτι ἥμαρτόν σοι, διαδεξάμενος τὴν σὴν ὁσιότητα καὶ ἱκανότητα, προϐαλόμενος τὸν ἀνίκανον τοῦτον καὶ ἀποίητον· ἅμα δὲ τῷ λόγῳ καὶ βάλλων αὐτῷ μετάνοιαν, καὶ πάλιν λέγων, ὅτι Συγχώρησόν μοι διὰ τὸν Κύριον, εἴ τι δ’ ἂν πέπραχα εἰς σέ. Καὶ τούτων πάντων οὕτως προϐεϐηκότων, ἤρξατο διοικεῖν ὁ αὐτὸς οἰκονόμος ὡς καὶ πρώην, καὶ ἐπαίρεσθαι ἐπὶ πάντας. Ὅθεν ἅπαντες μετὰ φόϐου καὶ τρόμου ὑπήκουον αὐτῷ καὶ ὑπούργον (l. ὑπούργουν)· ἀλλὰ μὴν καὶ αὐτὸν τὸν ἐπίσκοπον πτοεῖσθαι αὐτὸν καὶ ὑποστέλλεσθαι ἕως χρόνου τινός. Ὁ δὲ ἄχρηστος καὶ πανάθλιος Ἰουδαῖος, ὁ καὶ μάγος, συνεχῶς ἀπερχόμενος κρυπτῶς πρὸς τὸν οἰκονόμον Θεόφιλον, ἔλεγεν αὐτῷ· Εἶδες, δέσποτά μου, πῶς εὗρες εὐεργεσίαν μεγίστην ἐξ ἡμῶν καὶ τοῦ πάτρωνος ἡμῶν, καὶ ταχίστην θεραπείαν παρ’ αὐτοῦ ἐφ’ οἷς αἰτήσω (in margine ἠτή-) αὐτὸν ; Ὁ δὲ οἰκονόμος Θεόφιλος ἔλεγεν αὐτῷ· Ναὶ, ὄντως εὗρον, καὶ πάνυ εὐχαριστῶ τῇ ὑμετέρᾳ συνδρομῇ. Ὁ δὲ πάντων πλάστης καὶ δημιουργὸς ἡμῶν Θεὸς, ὁ μὴ βουλόμενος τὸν θάνατον ἡμῶν τῶν ἁμαρτωλῶν, ἀλλὰ τὴν ἐπιστροφὴν καὶ τὴν μετάνοιαν ἡμῶν πάντοτε ἐκζητῶν, μνησθεὶς τῆς πρώην αὐτοῦ διαγωγῆς καὶ ἐνθέου πολιτείας, ἐν οἷς διηκόνησεν τῇ ἁγιωτάτῃ αὐτοῦ ἐκκλησίᾳ, οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ χήραις καὶ ὀρφανοῖς καὶ πένησι ἀφθόνως καὶ χρηστῶς διακονήσας, οὐ παρεῖδεν αὐτὸν, ἀλλὰ δίδωσιν αὐτὸν (in margine -τῷ) μετάνοιαν, τὴν ἔνθεον ἐπιστροφήν. Καὶ εἰς ἑαυτὸν ἐλθὼν ἐκ τῆς ποσαύτης ἐπάρσεως καὶ ἀρνήσεως, καὶ ἀνανίψας (in margine est correctura, sed atramento tam pallido scripta, ut legi nequeat ; haud dubiè ἀνανήψας), ἤρξατο ταπεινοῦν τὸν ἑαυτοῦ λογισμὸν, καὶ θλίϐεσθαι, καὶ ἀδολεσχεῖν, ἐφ’ οἷς κακῶς πέπραχεν· καὶ λοιπὸν ἐν νηστείαις καὶ εὐχαῖς καὶ δάκρυσιν ἐσχόλαζεν, καὶ ἐδυσώπει διὰ παντὸς τὸν φιλάνθρωπον Θεὸν, συγχωρεθῆναι (correctura in margine omnino evanuit) αὐτῷ τὴν ἀνομίαν καὶ ἁμαρτίαν, ἐφ’ οἷς κακῶς διεπράξατο. Ἔλεγεν δὲ καὶ ἐν ἑαυτῷ καθ’ ἑκάστην ταῦτα· Οἴμοι τῷ ἀθλίῳ· φεῦ μοι τῷ ταλαιπώρῳ. Ποῦ ἀπέλθω ἐγὼ ὁ ἄσωτος, ἵνα τὴν ψυχήν μου σώσω ; Ποῦ ἀπέλθω ὁ ἄθλιος, ἵνα τύχω ἐλέους ; Ποῦ ἀπέλθω ὁ τάλας ἐγὼ καὶ ἁμαρτωλὸς, ὁ ἀρνησάμενος τὸν Χριστόν μου καὶ τὴν πανύμνητον αὐτοῦ μητέρα ἐγγράφως, καὶ ποιήσας ἐμαυτὸν τῷ σατανᾷ δοῦλον δι’ ἐγγράφου ὁμολογίας ; Τίς ἄρα δυνήσεται τῶν ἀνθρώπων ἀποσπάσαι αὐτὴν ἐκ τῶν χειρῶν τοῦ λυμεῶνος ἐκείνου, καὶ βοηθῆσαί μοι ; Τίς μου ἡ ἀνάγκη γνωρίσαι τὸν ἀθέμιτον καὶ ἐναγῆ Ἑϐραῖον, καὶ παραδοθῆναι τῷ αἰωνίῳ πυρί ; Ἦν γὰρ κἀκεῖνος ὁ Ἑϐραῖος πρὸ ὀλίγου ὑπὸ τοῦ ἄρχοντος καὶ τοῦ νόμου κολασθεὶς διὰ τὰ μαγικὰ αὐτοῦ. Οὕτως γὰρ τιμῶνται οἱ Θεὸν καταλιμπάνοντες, καὶ τῷ διαϐόλῳ προστρέχοντες. Τίς δὲ ἡ γενομένη μοι πρόσκαιρος ὠφέλεια ; Τίς ἡ ὑπεροψία καὶ φυσίωσις τοῦ κόσμου τούτου τοῦ ματαίου ; Οἴμοι τῷ ἀθλίῳ. Ἀπωλόμην. Οἴμοι τῷ πλανηθέντι. Οἴμοι τῷ ἀπολέσαντι τὸ αἰώνιον φῶς καὶ ἐν σκοτίᾳ διάγοντι. Καλῶς διῆγον μετὰ τὸ διαδεχθῆναί με τῆς οἰκονομίας. Τί ἤθελον διὰ τὴν πρόσκαιρον καὶ ματαίαν ὑπόλψιν καὶ κενοδοξίαν (in marg. καινο-) τὼν ἀνθρώπων τὴν ταπεινήν μου ψυχὴν ἀπολέσαι ἐν γεέννῃ ; Εἰ γὰρ καὶ τοὺς ἀνθρώπους ἔλαθον τῷ νοΐ μου, Θεὸν λαθεῖν οὐκ ἴσχυσα. Ἐγὼ τοῦ κακοῦ ὁ αἴτιος. Ἐγὼ τοῦ φόνου τῆς ψυχῆς μου ὁ κύριος. Ἐγὼ τῆς ἀθλίας μου ψυχῆς ὁ ἐπίϐουλος. Οἴμοι, τί ἔπαθον ; Οἴμοι. Πῶς ἐκλάπην, οὐκ ἐπίσταμαι. Οἴμοι. Τί ποιήσω ; Οἴμοι. Πρὸς τίνας ἀπελεύσομαι ; Οἴμοι. Τί ἀπολογήσομαι τῷ Θεῷ ἐν ἡμέρᾳ κρίσεως ; ὅτε πάντα γυμνὰ καὶ τετραχηλισμένα, ὅτε οἱ δίκαιοι στεφανοῦνται, ἐγὼ δὲ ὁ ἄθλιος κατακρίνομαι. Πῶς παραστήσομαι τότε τῷ βασιλικῷ βήματι. Τίνι (in marg. τίνος) δεηθῶ ; τίνα παρακαλέσω εἰς τὴν θλίψιν ἐκείνην ; ἢ τίνας δυσωπήσω ἐν τῇ ἀνάγκῃ ἐκείνῃ, ὅτε πάντες τὰ ἴδια μεριμνῶσιν καὶ οὐ τὰ ἀλλότρια ; Τίς με κατελεήσει τότε ; Ὄντως οὐδείς. Οἴμοι ταπεινή μου ψυχή. Πῶς αἰχμαλωτίσθης (in marg. ἠχμ.) ; Πῶς ἐτρώθης ; Πῶς ὀλίσθησας (in marg. ὠλί.) ; Ποίῳ πτώματι συνέπεσας ; Ποίῳ ναυαγίῳ κατεϐυθίσθης ; Πρὸς ποῖον λιμένα λοιπὸν καταφεύξῃ ; ἢ πρὸς ποίαν καταφυγὴν προσδράμεις (in marg. -μεῖς) ; Οἴμοι ψυχή. Οἴμοι, τί ἔπαθες ; Ταῦτα καὶ τούτων πλείονα ἐν ἑαυτῷ, τῇ ψυχῇ αὐτοῦ μαχόμενος, πάλιν εἰς μέτρον λογισμοῦ ἀγαθοῦ. Ὁ μόνος οἰκτίρμων, ὁ μόνος φιλάνθρωπος, ὁ μόνος ἐλεήμων, ὁ μόνος εὔσπλαγχνος πατὴρ, ὁ μηδέποτε βουλόμενος τὸ ἴδιον πλάσμα ἀπολέσθαι, δίδωσιν αὐτῷ ἔννοιαν ἀγαθὴν καὶ νοῦν χρηστόν. Καὶ εἶπεν ἐν ἑαυτῷ· Ἅπαξ οἶδα, ὅτι τὸν ϒἱὸν τοῦ Θεοῦ, τὸν γεννηθέντα ἐκ τῆς ἁγίας Θεοτόκου καὶ ἀεὶ παρθένου Μαρίας, τὸν Κύριον ἡμῶν Ἰησοῦν Χριστὸν ἡρνησάμην, καὶ αὐτὴν, διὰ τοῦ κακῶς (correctura in margine omnino ferè evanuit ; quantùm e vestigiis colligo, δι’ οὗ κα. fuisse videtur) ἐγνώρισα προδότου. Νῦν οὖν ἀπέρχομαι πρὸς τὴν μητέρα αὐτοῦ, τὴν ὑπεραγίαν Θεοτόκον, καὶ αὐτῇ μόνῃ προσέρχομαι ἐξ ὅλης ψυχῆς μου καὶ ἐξ ὅλης τῆς καρδίας μου, καὶ ποιῶ δέησιν καὶ νηστείας ἐν τῷ τιμίῳ καὶ πανσέπτῳ αὐτῆς ναῷ ἀπαύστως, ἕως οὗ εὕρω δι’ αὐτῆς ἔλεος ἐν τῇ μελλούσῃ αἰωνίᾳ κρίσει. Καὶ πάλιν ἔλεγεν· Ποίοις χείλεσιν τολμήσω δυσωπῆσαι τὴν αὐτοῦ ἀγαθότητα, οὐκ ἐπίσταμαι. Οἶδα γὰρ ὅτι παρέϐην καὶ ἡρνησάμην αὐτούς. Ποίαν δὲ καὶ ἀρχὴν εὕροιμι τῆς ἐξομολογήσεως, οὐκ οἶδα. Ποίᾳ δὲ καρδίᾳ, ἢ ποίῳ συνειδότι θαῤῥήσας, γλῶσσαν ἀσεϐῆ καὶ χείλη, μολυσμοῦ πλήρης, κινῆσαι πειράσομαι ; Πρῶτον δὲ, περί ποίων ἁμαρτημάτων ἄφεσιν αἰτῆσαι κατατολμήσω, τοῦτο πρᾶξαι (l. πράξας) ; Εὐθέως γὰρ πῦρ ἐκ τοῦ οὐρανοῦ κατέρχεται καὶ καταφλέγει με τὸν ἄθλιον. Ὅμως, ψυχή μου, ἀνάνηψον ἐκ τῆς συνεχούσης σε σκοτοδινίας, καὶ πρόσελθε τῇ μητρὶ τοῦ Χριστοῦ, καὶ οὐ μὴ καταισχυνθῇς. Καὶ ταῦτα καθ’ ἑαυτὸν σκεψάμενος, καὶ κρατήσας θερμῶς ἐν τῇ καρδίᾳ αὐτοῦ ταῦτα πάντα, καὶ καταλείψας παραχρῆμα τὸ πολύμοχθον τοῦ βίου τούτου πειρατήριον, μετὰ ζεούσης καρδίας καὶ πολλῆς τῆς προθυμίας προσῆλθεν τῷ πανσέπτῳ καὶ πανυμνήτῳ ναῷ τῆς ἁγίας Θεοτόκου καὶ ἀεὶ παρθένου Μαρίας, δεήσεις αὐτῇ καὶ ἱκεσίας προσφέρων νύκτα καὶ ἡμέραν, καὶ ἀνενδότως, καὶ ἀγρυπνῶν, καὶ δεόμενος προδεχθῆναι (l. προσδ.) αὐτὸν, ὑποστρέφοντα ἐκ τῆς πλάνης τοῦ παγκάκου δράκοντος, καὶ ἐκ τῆς χαλεπῆς ἐκείνης καὶ ἀτόπου ἧς ἔπραξεν ἀρνήσεως περὶ αὐτῶν. Καὶ ποιήσας ὁ εἰρημένος οἰκονόμος τεσσαράκοντα ἡμέρας καὶ τεσσαράκοντα νύκτας, δεόμενος καὶ ἱκετεύων τὴν αὐτῆς σκέπην καὶ προστασίαν, μετὰ τὴν συμπλήρωσιν τῶν τεσσαράκοντα ἡμερῶν ἐν μέσῳ τῆς νυκτὸς ὀφθαλμοφανῶς, ὡς ἐν ὁράματι, φαίνεται αὐτῷ ἡ παγκόσμιος σωτηρία καὶ καταφυγὴ τοῦ γένους τῶν ἀνθρώπων, ἡ κυρίως καὶ ἀληθῶς μητὴρ τοῦ Σωτῆρος ἡμῶν Ἰησοῦ Χριστοῦ, λέγουσα αὐτῷ· Ὦ ἄνθρωπε, τί οὕτω ἐπιμένεις ἀναιδῶς καὶ προπετῶς καὶ ἀποτόμως ἐνοχλῶν μοι καὶ δεόμενος, ἵνα σοι βοηθήσω, ἀνθρώπῳ ἀρνησαμένῳ τὸν ϒἱόν μου καὶ ἐμέ ; Πῶς δὲ καὶ δυνήσομαι παρακαλέσαι αὐτῷ συγχωρῆσαί σοι, ἅπερ κακῶς διεπράξω ; Ποίοις δὲ καὶ ὄμμασιν ἀτενίσω εἰς τὸν χαρακτῆρα τοῦ ϒἱοῦ μου ὃν σὺ ἠρνήσω, καὶ τολμήσω παρακαλέσαι αὐτὸν περὶ σοῦ ; Ὅμως οὐδὲ ἐγὼ πάλιν ἀνέχομαι θεωρεῖν τὸν ϒἱόν μου καὶ Θεὸν ἀτιμαζόμενον. Σύνθου οὖν, ὦ ἄνθρωπε, τὰ εἰς ἐμὲ ἁμαρτήματα καὶ ἀνομήματα ὑμῶν μικράν τινα συγγνώμην ἔχειν· διὰ τὸ ἐμὲ, τὴν τεκοῦσαν αὐτὸν, οὕτως ἀγαπᾷν τὸ γένος τῶν Χριστιανῶν, καὶ μάλιστα τοῖς ὀρθῇ γνώμῃ καὶ πίστει προστρέχουσιν καὶ ὀρθρίζουσιν (in margine accusativi) ἐν τῷ ναῷ μου. Τούτοις γὰρ καὶ ἐξήπλωμαι, καὶ προστρέχω, καὶ ταῖς ἐμαῖς ἀγκάλαις περιθάλπω, καὶ τῆς δεήσεως αὐτῶν ἀκούω. Τὰ δὲ εἰς τὸν ϒἱόν μου καὶ Θεὸν παροργίσματα καὶ ἀσεϐήματα ἀκοῦσαι ὑμῶν, πολλῶν καὶ μεγάλων ἀγώνων ἐστὶν καὶ πόνων, τὸ ἐξιλεώσασθαι τὴν αὐτοῦ ἀγαθότητα, εἰ καὶ λίαν ἐστὶν φιλάνθρωπος. Ὁ δὲ οἰκονόμος Θεόφιλος ἀποκριθεὶς εἶπεν αὐτῇ· Ναὶ, δέσποινά μου εὐλογημένη, ναὶ, προστασία τοῦ γένους τῶν ἀνθρώπων, ναὶ, λιμὴν καὶ ἀντίληψις τῶν εἰς σὲ καταφευγόντων. Οἶδα γὰρ, οἶδα, δέσποινά μου Θεοτόκε, ὅτι μεγάλως ἔπταισα εἰς σὲ, καὶ εἰς τὸν ἐκ σοῦ τεχθέντα Θεὸν ἡμῶν, καὶ οὐκ εἰμὶ ἄξιος ἐλέους τυχεῖν. Ἀλλὰ ἔχω πολλὰ ὑποδείγματα τῶν πρὸ ἐμοῦ πταισάντων τῷ ϒἱῷ σου καὶ Θεῷ ἡμῶν, καὶ λαϐόντων συγχώρησιν τῶν πλημμελημάτων αὐτῶν διὰ μετανονοίας καὶ ἐξομολογήσεως. Εἰ μὴ γὰρ ἦν μετάνοια, δέσποινά μου Θεοτόκε, πῶς τοὺς Νινευΐτας διέσωσεν ὁ ϒἱός σου ; Εἰ μὴ μετάνοια ἦν, πῶς Ῥαὰμ τὴν πόρνην ἐφύλαξεν ; Εἰ μὴ μετάνοια ἦν, πῶς Δαουὶδ τὸν τοῦ Ἰσσαὶ, μετὰ προφητείας χάρισμα, μετὰ δεσποτικὴν μαρτυρίαν, εἰς τὸ βάραθρον τῆς μοιχείας καὶ τοῦ φόνου πεσόντα (in marg. -σὼν), οὐ μόνον τῆς ἀφέσεως τῶν τηλικούτων ἔτυχεν ἁμαρτημάτων, ἀλλὰ καὶ πάλιν προεφήτευσεν ; Εἰ μὴ μετάνοια ἦν, πῶς ὁ μακάριος Πέτρος, ὁ τῶν ἀποστόλων ἀρχηγὸς, ὁ πρῶτος μαθητὴς, ὁ στῦλος τῆς ἐκκλησίας, ὁ τὰς κλεῖς τῶν οὐρανῶν παρὰ τοῦ Θεοῦ δεξάμενος, ὁ τὸν Δεσπότην οὐχ ἅπαξ, οὐδὲ δὶς ἀρνησάμενος, ἀλλὰ τρίτον, μετὰ δὲ ταῦτα κλαύσας πικρῶς, οὐ μόνον τῆς ἀφέσεως τοῦ τηλικούτου πταίσματος ἔτυχεν, ἀλλὰ γὰρ καὶ μείζονος ἠξιώθη τιμῆς, ποιμὴν γενόμενος τῶν τοῦ δεσπότου Χριστοῦ λογικῶν προϐάτων ; Εἰ μὴ μετάνοια ἦν, πῶς ὁ μακάριος Παῦλος ἀπὸ διωκτῶν σκεῦος ἐκλογῆς ἐγένετο ; Εἰ μὴ μετάνοια ἦν, πῶς τὸν Ζακχαῖον καὶ αὐτὸν ἀρχιτελώνην ὄντα καὶ συκοφάντην ἐδέξατο ; Εἰ μὴ μετάνοια ἦν, πῶς τὸν παρανομήσαντα παρὰ Κορινθίοις προσληφθῆναι ὁ Ἀπόστολος ἐπέτρεψεν λέγων, προσλάϐεσθαι (l. -σθε) αὐτοῦ, Ἵνα μὴ πλεονεκτηθῶμεν ὑπὸ τοῦ σατανᾶ. Εἰ μὴ μετάνοια ἦν, πῶς ὁ τοσαῦτα καὶ τηλικαῦτα δράσας κακὰ ἐν τῷ βίῳ τούτῳ Κυπριανὸς, ὅστις καὶ τὰς ἐν γαστρὶ ἐχούσας ἔτεμνεν, καὶ ὅλον τὸν διάϐολον ἦν ἠμφιεσμένος, καὶ διὰ τῆς τιμίας καὶ σεμνοπρεποῦς Ἰουστίνης στηριχθεὶς, καὶ τῇ μετανοίᾳ ὑπερϐαλόντως προσελθὼν, οὐ μόνον τῶν τοσούτων καὶ τηλικούτων κακῶν τὴν ἄφεσιν ἔλαϐεν, ἀλλὰ καὶ τοῦ κλήρου τῶν μαρτύρων κατηξιώθη, καὶ τὸν στέφανον τῆς ἀφθαρσίας παρὰ Χριστοῦ ἀνεδήσατο ; Ὅθεν κἀγὼ ὁ ταλαίπωρος καὶ ἁμαρτωλὸς θαῤῥῶν τῶν τοσούτων καὶ τηλικούτων ὑποδειγμάτων, προσέρχομαι παρακαλῶν τὴν σὴν πάμπλουτον προστασίαν καὶ πανάγαθον εὐσπλαγχνίαν, χεῖρά μοι ὀρέξαι, καὶ δοθῆναί μοι συγχώρησιν παρὰ τοῦ ϒἱοῦ σου καὶ Θεοῦ ἡμῶν, ὧνπες κακῶν ἐπλημμέλησα. Καὶ ταῦτα ἀπολογουμένου αὐτοῦ, λέγει αὐτῷ ἡ ἁγία πάνσεμνος καὶ πανύμνητος Θεοτόκος, ἡ μόνη ἁγνὴ καὶ καθαρὰ, ἡ μόνη ἁγία ψυχῇ κε καὶ σώματι, ἡ μόνη παῤῥησίαν ἔχουσα πρὸς τὸν τεχθέντα ἐξ αὐτῆς, ἡ τῶν θλιϐομένων παραμυθία, ἡ τῶν καταπονουμένων ἐκδίκησις, ἡ περιϐλὴ τῶν γυμνητευόντων, ἡ τοῦ γήρως βακτηρία, ἡ τῶν ὀρθριζόντων πρὸς αὐτὴν βεϐαία ἀντίληψις, ἡ ἀεὶ ταῖς ἰδίαις ἀγκάλαις καταθάλπουσα τοὺς Χριστιανούς· Ὁμολόγησον, ὧ ἄνθρωπε, ὅτι τὸν (marg. ὃν) ἐγέννησα υἱὸν, ὃν καὶ ἠρνήσω, ὅτι αὐτὸς ἐστὶν ὁ Χριστὸς ὁ ϒἱὸς τοῦ Θεοῦ τοῦ ζῶντος, ὁ ἐρχόμενος κρῖναι ζῶντας καὶ νεκρούς· κἀγὼ παρακαλῶ αὐτὸν, καὶ δέχεταί σε μετανοοῦντα. Λέγει αὐτῇ ὁ οἰκονόμος Θεόφιλος· Καὶ πῶς τολμήσω, δέσποινά μου εὐλογημένη, ἐγὼ ὁ ἀνάξιος καὶ ταλαίπωρος ἀνοῖξαι χείλη, στόμα ἔχων ῥυπαρὸν καὶ βεϐορϐορωμένον (- in marg. οἴμμοι), τῷ ἀρνησαμένῳ τὸν υἱόν σου καὶ Θεὸν ἡμῶν, καὶ πλανηθέντι ταῖς ματαίαις ἐλπίσι τοῦ βίου τούτου ; Οὐ μόνον δὲ τοῦτο, ἀλλὰ καὶ αὐτὸ ὅπερ εἶχον φυλακτήριον τῆς ψυχῆς μου, τὸν τίμιον λέγω σταυρὸν, καὶ τὸ θεῖον βάπτισμα, ὃ ἔλαϐον, ἐμόλυνα διὰ τῆς ἐγγράφου καὶ πικρᾶς ἀρνήσεως. Λέγει αὐτῷ ἡ ὑπεράμωμος καὶ ἁγία Θεοτόκος· Σὺ μόνον πρόσελθε, καὶ ὁμολόγησον αὐτόν· καὶ μή σοι μελέτω περὶ τούτου· φιλάνθρωπος γάρ ἐστιν, καὶ προσδέχεται δάκρυα μετανοίας, τοῖς καθαρῶς καὶ εἰλικρινῶς προσιόντας (sic) αὐτῷ. Τότε ὁ μακάριος ὄντως ἐκεῖνος καὶ θεσπέσιος ἀνὴρ Θεόφιλος μετὰ αἰδοῦς καὶ τῆς προσηκούσης αὐτῷ ταπεινώσεως, κατηφείας τε καὶ οἰμωγῆς, ὡμολόγησεν καὶ εἶπεν· Πιστεύω καὶ προσκυνῶ καὶ δοξάζω τὸν ἕνα τῆς ἁγίας Τριάδος, τὸν Κύριον ἡμῶν Ἰησοῦν Χριστὸν, τὸν ϒἱὸν τοῦ Θεοῦ τοῦ ζῶντος, τὸν πρὸ αἰώνων ἐκ τοῦ Παρέρος ἀφράστως γεννηθέντα, ἐπ’ ἐσχάτων δὲ τῶν ἡμερῶν κατελθόντα Θεὸν Λόγον ἐκ τὸν οὐρανὸν (correctum in margine), καὶ σαρκωθέντα, ἐν Πνεύματος ἁγίου καὶ ἐκ σοῦ τῆς ἁγίας παρθένου Μαρίας, καὶ προελθόντα εἰς σωτηρίαν τοῦ γένους τῶν ἀνθρώπων, αὐτὸν εἶναι τέλειον Θεὸν καὶ τέλειον ἄνθρωπον, τὸν δι’ ἡμᾶς τοὺς ἁμαρτωλοὺς πάθος καταδεξάμενον καὶ ἐμπτύσματα, καὶ ἐν τῷ ζωοποιῷ ξύλῳ τοῦ σταυροῦ τὰς χεῖρας διαπετάσαντα· ὁ ποιμὴν ὁ καλός· ὁ θεὶς τὴν ψυχὴν ὑπὲρ τῶν προϐάτων· καὶ ταφέντα καὶ ἀναστάντα, καὶ ἀνελθόντα εἰς τοὺς οὐρανοὺς μετὰ σαρκὸς τῆς ἐκ σοῦ τῆς ἁγνῆς προσληφθείσης, καὶ ἐρχόμενον μετὰ δόξης κρῖναι ζῶντας καὶ νεκροὺς, καὶ ἀποδοῦναι ἑκάστῳ κατὰ τὰ ἔργα αὐτοῦ. Ταῦτα ὁμολογῶ, καρδίᾳ καὶ ψυχῇ καὶ στόματι, καὶ σέϐω καὶ προσκυνῶ καὶ ἀσπάζομαι. Καὶ μετὰ ταύτης τῆς ἐκτενοῦς καὶ ὁλοψύχου μου ὁμολογίας δέομαι, προσάγαγέ με, δέσποινα, τῷ ἐκ σοῦ τῆς ἁγίας καὶ κοσμοποθήτου Θεοτόκου τεχθέντι Σωτῆρι Χριστῷ· καὶ μὴ βδελύξῃ με τὸν ταλαίπωρον, μηδὲ παρίδῃς τὴν δέησίν μου τοῦ ἁμαρτωλοῦ καὶ συναρπασθέντος ὑπὸ τοῦ πονηροῦ ἐχθροῦ, ἀλλὰ ἐλευθέρωσόν με ἐκ τῶν συνεχουσῶν με ἀνομημάτων καὶ θλίψεων, ἵνα μετὰ πάντων κἀγὼ εὐχαριστηρίους ὕμνους ἀναπέμψω τῶν (l. τῷ) ἐκ σοῦ τῆς ἁγίας καὶ παμμακαρίστου τεχθέντι Θεῷ ἡμῶν. Καὶ τούτων οὕτως προϐάντων, καὶ ὡς πληροφορίαν τινὰ παρ’ αὐτοῦ δεξαμένη ἡ ὑπεραγία Θεοτόκος, ἡ καταφυγὴ τῶν θλιϐομένων, ἡ ἐλπὶς καὶ προστασία τοῦ γένους τῶν Χριστιανῶν, ἡ πρεσϐεύουσα πάντοτε ὑπὲρ τῶν ἁμαρτωλῶν, λέγει αὐτῷ· Ἰδοὺ ἐγὼ διὰ τὸ βάπτισμα, ὅ ἔλαϐες διὰ τοῦ υἱοῦ μου καὶ Θεοῦ Ἰησοῦ Χριστοῦ, καὶ διὰ τὴν πολλήν μου καὶ ἄφατον στοργὴν, ἣν πρὸς ὑμᾶς τοὺς Χριστιανοὺς κέκτημαι, πιστεύουσά σοι προσέρχομαι, καὶ παρακαλῶ αὐτὸν ὑπὲρ σοῦ, ὅπως προσδέξηταί σε (correctura in margine omnino evanuit). Καὶ ταῦτα (fortasse huc referenda illa correctura) οὕτως συμφωνηθέντων, καὶ ἡμέρας γεγενημένης, ἡ φανεῖσα αὐτῷ πορφυροφόρος ἁγία ἄφαντος ἐγένετο ἀπ’ αὐτοῦ. Μετὰ δὲ τὴν αὐτὴν ἡμέραν, ἐπὶ πλεῖον τοῦ οἰκονόμου δεομένου εἰλικρινῶς, καὶ τὸ πρόσωπον αὐτοῦ τύπτοντος ἐπὶ τῆς γῆς· καὶ ἐν τῷ πανσέπτῳ ναῷ τῆς ἁγίας πανυμνήτου Θεοτόκου ἄσιτος διατελῶν, καὶ μήτε ὕπνῳ ἀναπαυόμενος, μήτα τοῦ ἐδάφους ἀνιστάμενος, ἀλλὰ καὶ δάκρυσι τὸν τόπον πλημμυρίζων, οὐκ ἀφίστατο, ἀτενίζων εἰς τὸν τίμιον καὶ ἅγιον χαρακτῆρα τῆς πανευδόξου δεσποίνης ἡμῶν Θεοτόκου καὶ ἀεὶ παρθένου Μαρίας, τὴν ἐλπίδα τῆς σωτηρίας αὐτοῦ ἀπεκδεχόμενος. Ὅθεν καὶ πάλιν ἐν νυκτὶ ἡ μόνη ἀληθῶς καὶ κυρίως Θεοτόκος, ἡ προστασία ἡμῶν, καὶ ἀνάκτησις τῶν εἰς αὐτὴν προστρεχόντων, ἡ μόνη φωτοφόρος νεφέλη, ἡ ἀνατραφεῖσα εἰς τὰ ἅγια τῶν ἁγίων, φαίνεται αὐτῷ ἱλαρῷ τῷ προσώπῳ καὶ χαροποιοῖς τοῖς ὄμμασιν, λέγουσα αὐτῷ πραείᾳ τῇ φωνῇ· Ἄνθρωπε τοῦ Θεοῦ, ἀρκετή σοι ἐστὶν ἡ μετάνοια, ἣν ἐνεδείξω πρὸς τὸν Σωτῆρα πάντων καὶ δημιουργὸν τῶν αἰώνων. Προσεδέξατο γὰρ κύριος ὁ Θεὸς τὰ δάκρυά σου καὶ τὴν δέησιν δ’ ἐμὲ, ἐὰν καὶ σὺ φυλάξῃς ἐν τῇ καρδίᾳ σου τὴν εἰς Χριστὸν τὸν ϒἱὸν τοῦ Θεοῦ καὶ ἐμοῦ ὀρθὴν πίστιν ἕως τῆς ἡμέρας τῆς τελευτῆς σου. Ὁ δὲ λέγει αὐτῇ· Ναὶ, δέσποινά μου εὐλογημένη, φυλάξω, καὶ οὐ μὴ ἀθετήσω τοὺς λόγους μου. Σὲ γὰρ ἔχω μετὰ Θεὸν σκέπην καὶ προστασίαν. Καὶ εἰς τὴν σὴν ἀφορῶν βοήθειαν καὶ κυϐέρνησιν, οὐ μὴ ἀθετήσω τὰ ὁμολογηθέντα σοι παρ’ ἐμοῦ. Οἶδα γὰρ, οἶδα, εὐλογημένη, ὅτι προστασία τῶν ἀνθρώπων ἄλλη οὐκ ἔστιν, εἰ μὴ σὺ μόνη, Θεοτόκε. Τίς γὰρ, δέσποινά μου, ἤλπισεν ἐπὶ σοὶ, καὶ κατῃσχύνθη ; ἢ τίς τῶν ἀνθρώπων ἐδεήθη πιστῶς τῆς σῆς παντοδυνάμου βοηθείας, καὶ ἐνεκατελείφθη ποτέ ; Ὄντως οὐδεὶς οὐδαμοῦ. Ὅθεν κἀγὼ παρακαλῶ, ὁ ἁμαρτωλὸς καὶ ἄσωτος, τὴν σὴν παναένναον πηγὴν, τὴν τὰ ἰάματα βρύουσαν ταῖς ψυχαῖς ἡμῶν, σπλάγχνα οἰκτιρμῶν ὀρέξαι μοι τῷ πλανηθέντι καὶ ἐν τῷ πελάγει τοῦ βορϐόρου ἐξοκείλαντι· καὶ κέλευσον τοῦ λαϐεῖν με καὶ μόνον τοῦτο τὸ πονηρὸν καὶ ὀλέθριον τῆς ἀρνήσεως χαρτίον ἐσφραγισμένον, παρὰ τοῦ ἀπατήσαντός με διαϐόλου· ὅτι αὐτὸ καὶ μόνον ἐστὶν τὸ τίκοντα (marg. τῆ- ; delere τα oblitus est corrector) τὴν ἀθλίαν μου ψυχήν, ἵνα μὴ δι’ ἐκείνου ἐν τῇ μελλούσῃ αἰωνίᾳ κρίσει ἀπολέσω μου τὴν ψυχήν. Πάλιν οὖν πολλὰ κλαίων καὶ ὀδυρόμενος ὁ ἀεὶ μνημονευτὸς οὗτος ἀνὴρ, καὶ δυσωπῶν τὴν παγκόσμιον ἐλπίδα καὶ σωτηρίαν τῶν ψυχῶν ἡμῶν περὶ τούτου, εὐθέως καὶ περὶ τοῦ χάρτου· ἡ ἀεὶ ἔτοιμος ἐπικουρία τῶν θλιϐομένων, μετὰ τρίτην ἄλλην ἡμέραν, ὡς ἐν ὁράμασι δέδωκεν αὐτῷ τὸν χάρτην, ἔχοντα καὶ τὴν βούλλαν ἀπὸ κηροῦ, ἤγουν τὴν ὀλέθριον καὶ ἀποστατικὴν ὁμολογίαν. Καὶ ἀναστὰς ἀπὸ τοῦ ὕπνου ὁ πολλάκις μνημονευθεὶς οἰκονόμος Θεόφιλος εὗρεν τὸν χάρτην βεϐουλλωμένος ἐν τῷ στήθει αὐτοῦ. Καὶ περιχαρὴς γενόμενος, καὶ φόϐῳ συσχεθείς ὅλως, ἐτρόμασεν, καὶ αἱ ἁρμονίαι τῶν μελῶν αὐτοῦ διελύοντο. Καὶ τῇ ἐπαύριον, Κυριακῆς οὔσης, ἀπελθὼν ἐν τῇ ἁγίᾳ καὶ καθολικῇ ἐκκλησίᾳ, μετὰ τὴν ἀνάγνωσιν τοῦ ἁγίου εὐαγγελίου ῥίπτει ἑαυτὸν ἀθρόως εἰς τοὺς πόδας τοῦ ἁγιωτάτου αὐτοῦ ἐπισκόπου, καὶ λεπτομερῶς πάντα διηγησάμενος τὰ παρ’ αὐτοῦ πραχθέντα, καὶ τὸν χάρτην ἐπιδοὺς ἐν ταῖς χερσὶν αὐτοῦ ἐσφραγισμένον, καὶ πάντων θαυμαζόντων τῶν τε κληρικῶν καὶ λαϊκῶν καὶ παιδίων, αἰτεῖται ἀναγνωσλῆναι ἐπὶ ἄμϐωνος τὸν παμμίαρον χάρτην. Καὶ τούτου γενομένου, ἔγνω πᾶς ὁ λαὸς τὰ ἐπ’ αὐτῷ συμϐησόμενα, καὶ τὸ πῶς ἠνέχθη ὁ προλεχθεὶς χάρτης, ὥστε τὸν ἁγιώτατον ἐπίσκοπον κράζειν καὶ λέγειν· Δεῦτε πάντες οἱ πιστοὶ, δοξάσωμεν τὸν φιλάνθρωπον καὶ ἀληθινὸν ἡμῶν Θεόν. Δεῦτε φιλόθεοι, θεάσασθε παράδοξα θαυμάσια. Δεῦτε φιλόχριστοι, ἐπίγνωτε τὸν μὴ βουλόμενον τὸν θάνατον ἡμῶν τῶν ἁμαρτωλῶν, ἀλλὰ τὴν ἐπιστροφὴν ἐκδεχόμενον καὶ τὴν αἰώνιον ζωήν. Δεῦτε, ἴδετε, φιλόθεοι, πόσα δύναται ὁ στεναγμὸς τῆς ψυχῆς, καὶ τῆς καρδίας ὁ συντριμμὸς, καὶ τῶν δακρύων ἡ ἔκπλυσις. Τίς μὴ θαυμάσῃ, ἀδελφοί μου καὶ πατέρες, τὴν πολλὴν καὶ ἄφατον ἀνεξικακίαν τοῦ φιλανθρώπου καὶ εὐσπλάγχνου Θεοῦ ; Τίς μὴ ἐκπλαγῇς, φιλόθεοι καὶ φιλόχριστοι, τὸν πολὺ (l. -ὺν) καὶ ἄμετρον πλοῦτον, καὶ τὴν συγκατάϐασιν καὶ ἀγάπην τοῦ Θεοῦ πρὸς ἡμᾶς τοὺς ἁμαρτωλούς ; Βαϐαί· τεσσαράκοντα ἡμέρας ὁ νομοθέτης Μωϋσῆς νηστεύσας, τὰς θεοχαράκτους πλάκας ἐδέξατο· καὶ οὗτος ὁ ἀδελφὸς ἡμῶν Θεόφιλος, τεσσαράκοντα ἡμέρας προσπελάσας τῷ πανσέπτῳ ναῷ τῆς πανυμνήτου Θεοτόκου, τὸν χάρτην, ὃ πρώην ἀθετήσας ἀπώλεσεν, τοῦτον δι’ αὐτῆς ἀνέλαϐεν, κινηθεὶς εἰς πρεσϐείαν πρὸς τὸν ἀληθινὸν ἡμῶν Θεόν. Ἄισωμεν οὖν καὶ ἡμεῖς, ἀγαπητοὶ, σὺν αὐτῷ πάντες ἐκτενῶς ὕμνον, τὸν οὕτως εὐσπλάγχνως ὑπακούσαντα τῆς μετανοίας τοῦ προσελθόντος πρὸς αὐτὸν, διὰ τῆς μεσιτείας τῆς ἀχράντου Θεοτόκου, τὴν πρὸς Θεὸν καὶ ἀνθρώποις γέφυραν, τὴν ἐλπίδα τῶν ἀπεγνωσμένων, τὴν καταφυγὴν τῶν καταπονουμένων, τὴν τὴν κατάραν τῆς ἀνθρωπίνης φύσεος ἐλευθερώσαντα (in marg. -ρώσουσαν), τὴν ἀληθινὴν πύλην, εἰς ἣν οἱ ἁμαρτολοὶ κρούομεν, καὶ ἀφθόνως ἀνοίγουσαν, καὶ πρὸς τὸν ἐξ αὐτῆς τεχθέντα Θεὸν ἡμῶν δεήσεις προσφέρουσαν, καὶ λαμϐάνουσαν τῶν ἁμαρτημάτων ἡμῶν τὴν ἄφεσιν. Καὶ τί ἔτι εἴπω ; ἢ τί λαλήσω ; ἢ ποῖον ὕμνον πρὸς δοξολογίαν αὐτῆς τε καὶ τοῦ ἐξ αὐτῆς τεχθέντος φθέγξομαι ; Ὄντως, ἀληθῶς θαυμαστὰ τὰ ἔργα σου, Κύριε, καὶ οὐκ ἐξαρκέσει γλῶσσα πρὸς ὕμνον τῶν θαυμασίων σου. Ὄντως, ὡς ἐμεγαλύνθη τὰ ἔργα σου, Κύριε· πάντα γὰρ ἐν συνέσει καὶ σοφίᾳ ἐποίησας. Ὄντως, εὔλογόν ἐστίν εἰπεῖν τὸ εὐαγγελικὸν ῥητὸν, τὸ Ἐξενέγκατε τὴν πρώτην στολήν· καὶ ἐνδύσατε αὐτὸν, καὶ δότε δακτύλιον εἰς τὴν χεῖρα αὐτοῦ, καὶ ὑποδήματα εἰς τοὺς πόδας, καὶ ἐνέγκαντες τὸν μόσχον τὸν σιτευτὸν, θύσαντες καὶ φαγόντες, εὐφρανθῶμεν ὅτι ὁ ἀδελφὸς οὗτος νεκρὸς ἦν, καὶ ἀνέζησεν, ἀπολωλὼς, καὶ εὑρέθη. Τότε ἐκτείνας τὴν χεῖρα αὐτοῦ ὁ ἐπίσκοπος, ἀνέστησεν ἐκ τοῦ ἐδάφους τὸν εὐλαϐέστατον ἄνδρα Θεόφιλον. Καὶ μετὰ τὸ ἀναστῆναι αὐτὸς παρεκάλεσεν τὸν ἐπίσκοπον πυρὶ κατακαῦσαι τὸν ἀθέμιτον καὶ πονηρὸν χάρτην. Ὅπερ καὶ γέγονεν τῇ τοῦ Κυρίου χάριτι. Θεασάμενος δὲ ὁ λαὸς κατακαέντα τὸν ἀθέμιτον καὶ κίϐδηλον χάρτην, ἤγου τὴν παράνομον καὶ ἀποστατικὴν ὁμολογίαν τοῦ οἰκονόμου Θεοφίλου, ἤρξαντο μετὰ πλήθους δακρύων ἐπὶ πλείστας ὥρας κράζειν τὸ, Κύριε, ἐλέησον. Μετὰ δὲ τὸ ἱκανῶς αὐτοὺς ὑμνῆσαι καὶ δοξάσαι τὸν φιλάνθρωπον Θεὸν, ὁ ἁγιώτατος ἐπίσκοπος κατασείσας τῇ χειρὶ τὸν λαὸν σιγᾷν, καὶ προσειπὼν αὐτοῖς τὸ, Εἰρήνη πᾶσιν, ἤρξατο ἐπιτελεῖν τὴν συνήθη εὐχαριστίαν τῆς ἁγίας προσκομιδῆς. Καὶ μετὰ τὸν ἀπαρτισμὸν τῶν θείων δώρων, μετέδωκεν αὐτῷ τῶν ἀχράντων καὶ ζωοποιῶν τοῦ Χριστοῦ μυστηρίων. Καὶ εὐθέως ἐξέλαμψεν τὸ πρόσωπον αὐτοῦ ὡς ὁ ἥλιος. Καὶ θεασάμενοι πάντες τὴν τοῦ ἀνδρὸς ἀθρόαν μεταϐολὴν τοῦ χαρακτῆρος αὐτοῦ, πλειόνως ἐδόξαζον τὸν φιλάνθρωπον Θεὸν, τὸν ποιοῦντα μεγάλά θαυμάσια τοῖς προστρέχουσιν εἰς αὐτὸν. Παρ’ αὐτὰ οὖν προσδραμὼν τῷ τιμίῳ καὶ πανσέπτῳ ναῷ τῆς πανυμνήτου Θεοτόκου, καὶ μικρὸν διαναπαυσάμενος ἐν αὐτῷ, καταμαλακισθεὶς τῷ σώματι καὶ ἀσθενήσας ἐν αὐτῷ τῷ τόπῳ, ἐν ᾗ (l. ᾧ) καὶ τὴν μακαρίαν ὀπτασίαν ἐθεάσατο, ἔνθα καὶ ἐτάφη, ἀνακλίνας ἑαυτὸν, ὡς δίκην προσηλούμενος τῷ τόπῳ, μετὰ τρεῖς ἡμέρας, ἀσπασάμενος τοὺς παρόντας ἀδελφοὺς ἅπαντας, παρέδωκεν τὴν μακαρίαν καὶ ἁγίαν αὐτοῦ ψυχὴν εἰς χεῖρας τοῦ τεχθέντος ἐκ τῆς ἀεὶ παρθένου καὶ παναμώμου Μητρὸς τοῦ Κυρίου ἡμῶν, πάντα τὰ ὑπάρχοντα αὐτοῦ καλῶς καὶ θεοπρεπῶς διαθέμενος, δοξάζων καὶ ὁμολογῶν ἐν ἅπασιν τὸν Πατέρα, τὸν ϒἱὸν, καὶ τὸ ἅγιον Πνεῦμα, καὶ τὴν εὔσπλαγχνον καὶ πανύμνητον Θεοτόκον καὶ μητέρα τοῦ Κυρίου ἡμῶν Ἰησοῦ Χριστοῦ· ᾧ ἡ δόξα καὶ τὸ κράτος, νῦν καὶ ἀεὶ, καὶ εἰς τοὺς αἰῶνας τῶν αἰώνων. Ἀμήν.

Ἐγὼ δὲ Εὐτυχιανὸς, ταπεινὸς καὶ ἁμαρτωλὸς, οἰκογενὴς γενόμενος τοῦ τρισμακαρίστου τούτου ἀνδρὸς Θεοφίλου, λοιπὸν δὲ καὶ κληρικὸς τῆς αὐτῆς καθολικῆς ἐκκλησίας, παρακολουθήσας τῷ ἐμῷ δεσπότῃ, καὶ ὑπουργήσας αὐτῷ ἐν τῇ θλίψει αὐτοῦ, ἅπερ ἑώρακα τοῖς ὀφθαλμοῖς μου, καὶ ἀκήκοα ἀπὸ τῆς μακαρίας αὐτοῦ γλώσσης, τὰ εἰς αὐτὸν συμϐάντα βεϐαίως ἀνεγραψάμην, καὶ πιστοῖς φίλοις καὶ εὐλαϐέσιν ἀνδράσιν ἐξεθέμην, εἰς δόξαν Θεοῦ παντοκράτορος καὶ Κυρίου ἡμῶν Ἰησοῦ Χριστοῦ τοῦ δοξαζομένον ἐν τοῖς ἁγίοις αὐτοῦ.


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  1. On lit aussi dans l’introduction mise par M. de Reiffenberg en tête de son édition de la Chronique de Philippe de Mouskes, tome II, page 80 :

    « M. Blomaert, connu par ses succès dans la poésie flamande, a mis le même soin à éditer un poëme flamand du 14e siècle, imité du français, intitulé Théophilus, et l’un des types de Faust, de ces natures ambitieuses qui, fatiguées de la terre et ne pouvant atteindre le ciel, se livrent au génie des enfers. »

  2. Un de nos jeunes archéologues les plus zélés, M. Didron, m’apprend qu’il a vu la légende de Théophile peinte sur verre dans les cathédrales de Laon, du Mans et de Troyes.
  3. Ce vers ne se trouve pas dans le Ms. du fonds de Saint-Germain.
  4. Ce vers ne se trouve pas dans le Ms. 6987.
  5. Ce vers n’est pas dans le Ms. du fonds de Saint-Germain.
  6. Le Ms. 6987 porte : Sesile. C’est probablement ce qui a trompé Legrand d’Aussy.
  7. Ce vers ainsi que le suivant ne sont pas dans le Ms. 7583.
  8. Ce vers ainsi que les trois suivants ne sont pas dans le Ms. de l’Arsenal.
  9. Les Mss. 7987 et 2710 La V. portent : « Le fist regart de se vesquie.
  10. Ms. 7987. Var. Bone.
  11. Ce vers ne se trouve pas dans le Ms. du fonds de Saint-Germain.
  12. Ce vers n’est pas non plus dans le Ms. cité plus haut.
  13. Le Ms. 7987 porte : Esléu ont ; etc.
  14. Le Ms. 7987 porte : Secré.
  15. Les rimes de ce vers et du suivant, dans le Ms. 6987, sont lace et enlacier.
  16. Le Ms. 7987 porte : « Que il lor vausist otroier. »
  17. Le Ms. 7987 porte : « Tant fisent à lor arcevesque. »
  18. Ce vers n’est pas dans le Ms. du fonds de Saint-Germain.
  19. À l’archevêque.
  20. Ms. 7987. Var. Liement.
  21. Le gronde, le blâme. — Le Ms. 2710 La V. porte : Le chose.
  22. Ms. 7987. Var. D’atente.
  23. Après ce vers on trouve dans le Ms. 6987 les deux suivants, qui manquent au Ms. 2710 La V. :
    De sa dignité fist grant feste,
    Si s’en repaira à son estre.
  24. Ms. 2710. Var. Malvais consaus luès le maina.
  25. Ms. 2710. Var. Taria.
  26. Ms. 7987. Var. Celui.
  27. Ms. 7987. Var. Et jor et nuit va tant entor.
  28. Ce vers ainsi que le suivant ne sont pas dans le Ms. de l’Arsenal.
  29. C’est-à-dire : dans l’angle de l’échiquier, par allusion au jeu des échecs. On le voit par ces vers du prologue de Gautier de Coinsi (Ms. de Saint-Germain, déjà cité, fol. 118, ro, col. ii, v. 19), qui dit en parlant de la Vierge :
    Qui bien la sert d’entier courage
    En toz jeus a tel avantage
    Que li déables, qui tout guile,
    Guiler ne l’ puet par nule guile.
    Tant set de bole li bollierres
    Et tant par est forz triboulierres,
    Se nos n’avons qui nos jeu face,
    Jà ne verrons Dieu en la face.
    Tant set de torz, tant set de trez,
    Tost nos aura en l’angle trez,
    Où serons pris et mat, ce cuit,
    Se nos ne somes moult recuit, etc.

    En voici un autre exemple :

    Et por ce vous devez pener
    Que en bien puissiez definer
    Ainz que la mort, qui tout estrangle,
    Vous die eschec et mat en l’angle.
    (De l’Ermite qui se désespéra pour le larron qui ala en paradis avant que lui. Vers 43 du Nouveau Recueil de Fabliaux et Contes inédits, publié par Méon, tome II, page 203.)
  30. Ms. 7987. Var.
    Or ai tant fait par angorime
    Que cifre ai fait de moi-méisme.
  31. Ms. 7987. Var.
    De barat et d’encanterie,
    De trait et d’enfantomerie,
    Trestot à son commandement
    Faisoit venir apertement.
  32. Ms. 7987. Var. Redoutés.
  33. Mss. 7987, 2710. Var. Sens.
  34. Ms. 7987. Var. Privéement vint à le porte,
  35. Le Ms. 2710 porte : Por .i. petit je ne part d’ire. »
  36. Ms. 2710. Var. D’ire ne crief.
  37. Ms. 7987. Var. Malvès lère.
  38. Ms. 7987. Var. Bourdes.
  39. Ms. 7987. Var.
    De jor en jor, bien le puis dire,
    Tot vo prélat sont de l’enpire.
  40. Mss. 7987, 2710. Var. Au caitif par-desouz le miel muce, etc.
  41. Ce vers ainsi que le suivant ne se trouvent ni dans le Ms. 7583, ni dans le Ms. 7306, ni dans celui du fonds de La Vallière, no 85. — On lit les variantes suivantes dans ce dernier :
    Demain à soir ci revenez
    Touz seus sanz nule compeignie.
    Qui sages est il ne doit mie
    Reveler partout son afère.
    Qui puet il doit molt d’amis fère ;
    Mès de mil doit .i. sol eslire
    Li sage pour son segré dire.
    Qui son conseil à chascun conte
    Sovent en a anui et honte.
    Ovrer devez si sainement,
    Sachiez, etc.
  42. Ms. 6987. Var.
    « J’ai à se court si grant pooir
    Que bien vous quier faire véoir
    Ce par coi porés tot r’avoir
    Qui tolu par mal vous estoit. »
    Li Juis molt li atestoit :
    « Bien vous cuic si faire, etc.
  43. Mettre en bon état.
  44. Il faut remarquer que ce sont ici presque textuellement les paroles de Rutebeuf dans son Miracle.
  45. Homme qui marche dans de fausses voies, fourvoyé.
  46. Ms. 7987. Var. C’ajorné.
  47. Ce vers manque dans le Ms. du fonds de Saint-Germain.
  48. Ms. 7987. Var. Qui lors mout grant joie faisoit.
  49. Ms. 2710. Var. Ne dolez.
  50. Ms. 2710. Var. Vous ferai faire.
  51. Le Ms. 2710 du fonds de La Vallière et le Ms. 7306 portent : « Au théâtre fors de la ville, » et celui de l’Arsenal : « As cans trestout fors, etc. »
  52. Ms. 7987. Var. Orbe.
  53. Ms. 7987. Var. T’apele. Pour rimer avec ce mot il y a : S’ancele.
  54. Ce vers n’est pas dans le Ms. du fonds de Saint-Germain.
  55. Ms. 7987. Var. Satanas.
  56. Ms. 7687. Var. Servent et aiment.
  57. À la place de ce vers et du suivant le Ms. du fonds de Saint-Germain et le Ms. 6987 contiennent ceux-ci :
    Grant feste font fors de la vile
    Et vont prosession fessant.
  58. Ms. 7987. Var. Et tel moise. — Le Ms. 2710 porte : Murmure.
  59. Mss. 2710, 7306 du fonds de La Vallière et de l’Arsenal. Var.
    Lor maistre et lor signor comportent,
    Chandelabres et cierges portent
    Et blans mantiaus ont affublez.
    Lors fust volentiers reculez
    Dans Théophilus, s’il osast, etc.
  60. Ms. 7987. Var. Resplendissable.
  61. Ms. 2710. Var. Moult s’en va près.
  62. Ce vers n’est pas dans le Ms. du fonds de Saint-Germain.
  63. Ms. 2710. Var. Luez droit.
  64. M’attaque, me presse, me provoque.
  65. Ms. 2710. Var. M’esqueut.
  66. Ms. 7987. Var. Encantent.
  67. Ms. 7987, 2710. Var. Honors.
  68. Ce vers, non plus que le précédent, n’est pas dans le Ms. de l’Arsenal.
  69. Se chagrina, se repentit.
  70. Sic., pour : osté. — Les Mss. 2710 et 7987 portent cette dernière leçon.
  71. Ms. 7987. Var. De la dolereuse aventure.
  72. Ms. 7987. Var. Secréement.
  73. Ms. 7987. Var. Arrière ens en la signorie.
  74. Ce vers est passé au Ms. 7987.
  75. Ms. 7987. Var. Que tu jamais ne le regarde.
  76. Ms. Us, usage.
  77. Ms. 2710. Var. Gobes.
  78. Ms. 7987. Var. Car il sont ort, vil et puant.
  79. Ms. 7987. Var. De rien.
  80. Ms. 7987. Var. Fi ! com estoies avilliés !
  81. Ms. 2710. Var. Raengiez.
  82. Ms. 2710. Var. Giu, le juif.
  83. Mss. 7987, 2710. Var. El fu d’infer.
  84. Ms. 7987. Var. Et laist ce dont il fust tous saus.
  85. Ms. 7987. Var. Avers.
  86. Ms. 7987. Var. Sofrenge.
  87. Les Mss. 2710 et 7987 portent : Fiance.
  88. Ms. 7210. Var. Vers enfers droit son cheval point.
  89. Ms. 6987. Var. Trestotes.
  90. Ce vers n’est pas au Ms. 1672 du fonds de Saint-Germain.
  91. Ms. 6987. Var. Cinq cens.
  92. O pour ot, eut. — On le trouve aussi souvent, et quelquefois accompagné d’un d (od), pour la préposition avec, cum. Dans ce dernier cas je ne vois pas son origine.
  93. Ms. 6987. Var. Eslaissié.
  94. Ce vers n’est point dans le Ms. du fonds Saint-Germain.
  95. Manque au Ms. 1672.
  96. Ms. 6987. Var. Orgoel.
  97. Ces deux vers ne se trouvent que dans les Mss. 6987 et 2710.
  98. Ms. 6987. Var. Tuit cil qui en cest siècle sont.
  99. Le vers qui correspond à celui-ci pour la rime manque dans l’original.
  100. Ces six derniers vers offrent un assez frappant rapport avec le commencement de la Complainte d’outre-mer.
  101. Ce vers n’est pas au Ms. du fonds de Saint-Germain.
  102. Ce vers n’est pas dans le Ms. 1672.
  103. Ms. 2710. Var. Péusses.
  104. Ms. 6987. Var. Descolorie.
  105. Ms. 2710. Var. Querre m’estuet-il à ma plie.
  106. Ce vers n’est pas dans le Ms, 1672.
  107. Ce vers n’est pas dans le Ms. 1672.
  108. Ce vers manque au Ms. 1672.
  109. Ms. 2710. Var. Me.
  110. Ms. 6987. Var. Sa coupe bat.
  111. Ms. 2710. Var. De nul miel.
  112. Ms. 2710. Var. Cui ta douceurs féist le sort.
  113. Le Ms. 1672 ne contient pas le vers qui devrait rimer avec celui-ci ; et le Ms. 6987 n’en contient aucun des deux, non plus que le Ms. 2710.
  114. Ce vers n’est pas au Ms. 1672.
  115. Ms. 6987. Var. Diu et sa loi.
  116. Mss. 6987, 2710. Var. Si durement.
  117. Ms. 6987. Var. Procainement.
  118. Ms. 6987. Var. Et esraument t’estranleront.
  119. Ce vers manque au Ms. 1672.
  120. Ces deux vers ne sont pas dans le Ms. 6987.
  121. Ms. 2710. Var. Que n’en éusses luès pitié.
  122. Ms. 6987. Var. Plus de .m.
  123. Ce vers manque au Ms. 1672.
  124. Ms. 2710. Var. Venist.
  125. Le Ms. 1672 Saint-Germain ne contient pas le vers qui rime avec celui-ci ; les Mss. 6987 et 2710 ne donnent même pas le premier.
  126. Ces deux vers manquent au Ms. 2710.
  127. Ms. 2710. Var. Que tout le monde r’enlumine.
  128. Ce vers manque au Ms. 1672.
  129. Ce vers manque au Ms. 1672
  130. Ms. 6987. Var. Dame es du val, Dame es du mont.
  131. Le Ms. 2710 porte : « Luès droit ne faces quanqu’il quiert. »
  132. Ms. 2710. Var. Frois.
  133. Ms. 2710. Var. Biaus dous.
  134. Ms. 2710. Var. Por toi.
  135. Ms. 6987. Var. Si com est afinés or fin.
  136. Ms. 2710. Var. As grans.
  137. Ce vers n’est pas au Ms. 1672.
  138. Ms. 2710. Var.
    De la joie s’est esvilliés :
    Durement s’est esmervilliés.
  139. Ce vers manque au Ms. 1672.
  140. Ce vers manque au Ms. 1672.
  141. Ce vers manque au Ms. 1672, et le suivant au Ms. 6987.
  142. Ms. 7987. Var. Que jà d’un mot n’en mentirai.
  143. Ce vers et le suivant manquent aux Mss. 1672, 2710 La Vallière.
  144. Ms. 7987. Var. Sa conscience.
  145. Ce vers et le suivant ne sont point au Ms. 6987.
  146. Ms. 2710 La Vallière. Var. Ligée.
  147. Ms. 2710 La Vallière. Var. Prent à dire.
  148. Ms. 6987. Var.
    Venés la mère Diu loant,
    Qui sait par amour debonère,
    Le péchéor, etc.
  149. Ms. 6987. Var. Vive.
  150. Les quatre vers suivants manquent au Ms. 6987.
  151. Ms. 6987. Var. Et tout escure.
  152. Ms. 2710 La Vallière. Var. Brisiez et préez.
  153. Ce vers manque au Ms. 2710 La Vallière.
  154. Ms. 7987. Var.
    U fist les grans aflictions ;
    Mult fu en grans dévotions.
  155. Ms. 6987. Var. La précieuse.
  156. Ms. 2710. Var. Doz.
  157. Ces deux vers sont ainsi au Ms. 6987 :
    En orison de fin corage,
    De très fin cuer sotil et sage.
  158. Ms. 2710. Var. D’ardant.
  159. Le quatrième vers qui devrait rimer avec celui-ci manque au Ms. 1672, et le troisième n’est même pas au Ms. 2710.
  160. Le Ms. 7987 porte : Séus.
  161. Ms. 2710. Var. Masalaine. — Dans La Chartre aus Englois, petite bouffonnerie politique que j’ai donnée dans mon Recueil de Chants de Jongleurs et de Trouvères (Paris, Merklein, 1835), on trouve, comme au Ms. 2710, Marri Masalaine pour Marie Madeleine. L’auteur anonyme de cette jonglerie pousse même jusqu’au calembourg la décomposition du mot secondaire ; il dit : Marri Mauvaise alaine, pour Marri Masalaine.
  162. Ces deux vers manquent au Ms. 6987.
  163. Ce vers manque au Ms. 1672.
  164. Ms. 2710. Var.
    Humilitez, c’en est la voire,
    Estrangle et murdrist vainne gloire.
  165. Ce vers manque au Ms. 1672.
  166. Ms. 2710. Var. Li cuers n’i fu mie palaistres.
  167. Ce vers et le suivant manquent au Ms. 6987.
  168. Ms. 2710. Var. De mal aire.
  169. Ms. 2710. Var. Qu’ou cuer li est dyables mis.
  170. Ms. 2710. Goule.
  171. Ce vers et le suivant manquent au Ms. 6987.
  172. Les deux vers suivants ne sont pas au Ms. 6987, et celui-ci est ainsi au Ms. 7210 :
    Orguelz li cuens perres cuide estre.
  173. Ms. 6987. Var. Dechéus en fu et laidis.
  174. Ce vers et le suivant manquent au Ms. 2710.
  175. Ms. 6987. Var. Digne.
  176. Mss. 2710, 7987. Var. Dix.
  177. Ce vers manque au Ms. 1672.
  178. Mss. 7987, 2710. Var. Soussiant, susiant.
  179. Ms. 7987. Var. Mendiant.
  180. Ms. 2710. Var. Laissa.
  181. Ms. 6987. Var. Se norent.
  182. Ms. 2710. Var. A nesun.
  183. Ce vers n’est pas dans le Ms. 1692.
  184. Le Ms. 2710 porte : « En corde a mult cordez cordonz. »
  185. Ms. 7210. Concordons.
  186. Le Ms. 6987 porte : Chi fine de Théophilus. Bénis soit qui l’escrit.
  187. Ms. 7218. Var. La dois es, douce Dame.
  188. Ms. 7218. Var. Ne gart.
  189. Ms. 7218. Var. Dame de paradis.
  190. Ms. 7218. Var. Dame rose esmerée.
  191. Ms. 7218. Var. De vie pardurable.
  192. Ms. 7218. Var. Cest dolent.
  193. Ms. 7218. Var. Proisie.
  194. Ms. 7218. Var. Alosée.
  195. Ms. 7218. Var. Des dragons.
  196. Ms. 7218. Var. Envers moi ne s’abite.
  197. Ms. 7218. Var. Dont je vers vous mesface.
  198. Ms. 7218. Var. Ne daigne consentir qui nul péchié m’amorde.
  199. Ms. 7218. Var. Par est pitex.
  200. Ms. 7218. Var. Ostes-moi.
  201. Ms. 7218. Var. Redempcion.
  202. Note Wikisource : Le fac-similé comporte le même numéro d’appel de note que celle ci-dessus pour ce mot, toutefois ce vers ne peut pas comporter aussi Redempcion car son sens en serait complètement différent.
  203. Ce vers manque au Ms. 7218.
  204. Manque au Ms. 7218.
  205. Ms. 7218. Var. Pardevant tout le mont.
  206. Ms. 7218. Var. Esléue.
  207. Ms. 7218. Var. Abessier.
  208. Ms. 7218. Var. Hors mis de la destruction.
  209. Ms. 7218. Var. Subjection.
  210. Ms. 7218. Var. Priant.
  211. Ms. 7218. Var. Possession.
  212. Manque au Ms. 7218.