Soleils d’Hiver/11

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A. Lemerre (p. 37-39).

LA CHANSON DU MISTRAL


I



Pitchounette, entends-tu pas
Le vent qui souffle là-bas ?
— Ami, je l’entends sans peine ;
C’est le mistral dans la plaine !
— Pitchounette, as-tu pas peur ?
Le mistral est un voleur
Qui prend tout sur son passage.
Gare à la rose de mai
Qui te vient du bien-aimé
Et fleurit à ton corsage !

— Du mistral je n’ai pas peur ;
La rose tient à mon cœur,
Et le mistral passera
Et point ne l’emportera !


II


Pitchounette, entends-tu pas
Le vent qui souffle là-bas ?
— Oui… sur les toits du village
C’est le mistral qui fait rage.
— Pitchounette, as-tu pas peur ?
Le mistral est un voleur
Qui des fillettes se joue :
Gare à son baiser glaçant
Qui peut flétrir, en passant,
La jeunesse de ta joue !

— Du mistral je n’ai pas peur ;
Ma jeunesse est dans mon cœur,
Et le mistral passera
Et point ne l’emportera !


III


Pitchounette, entends-tu pas
Le vent qui souffle là-bas ?
— Oui… sur la mer toute claire
C’est le mistral en colère !

— Pitchounette, as-tu pas peur ?
Le mistral est un voleur
Rapide comme la flamme.
Veille bien sur ton amour…
Il est assez méchant pour
Te le prendre au fond de l’âme !

— Du mistral je n’ai pas peur ;
Mon amour tient bien au cœur,
Et le mistral passera
Et point ne l’emportera !